— Paul Otchakovsky-Laurens

Vienne avant la nuit

Robert Bober

Dans les premières années du siècle dernier, l’arrière-grand-père de Robert Bober,  Wolf Leïb Fränkel, tenta d’émigrer aux Etats-Unis, en avant-garde de sa famille restée en Pologne. Refoulé à Ellis Island, il décida de s’installer en Autriche, à Vienne, où la vie était pour les Juifs plus facile qu’en Pologne, et il y fit venir sa femme et ses enfants.  Wolf Leïb Fränkel est mort en 1929, avant que la nuit nazie ne tombe sur l’Europe. A l’époque, Vienne était une ville cosmopolite, ouverte, une capitale intellectuelle et artistique, effervescente. Modeste ferblantier, il est peu probable que Wolf Leïb...

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La presse

Robert Bober, au coeur des ténèbres


A la recherche de son arrière-grand-père, le cinéaste remonte aux sources du nazisme en Autriche et signe un chef d’oeuvre de délicatesse pour évoquer un passé terrible.


« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament », écrit René Char, dans Feuillets d’Hypnos. Quelle place accorder aux souvenirs que nous n’avons pas vécus, pourtant présents en nous? Comment faire vivre la mémoire des origines quand tout a été effacé ?
Robert Bober, écrivain et réalisateur, est né à Berlin en novembre 1931. Ses parents ont fui l’Allemagne, deux ans plus tard, pour se réfugier en France. De sa famille, originaire de Pologne, filant vers l’Autriche, ne reste que des cendres, des fantômes sans sépulture, des postures figées sur des photographies, ombres portées d’une tragédie collective. Robert Bober part à la recherche de Wolf Leib Fränkel (1853-1929), son arrière-grand-père, refoulé d’Ellis Island, ferblantier à Leopoldstadt, quartier de Vienne ou un habitant sur deux était juif. Il arpente les rues, observe les façades, erre dans le cimetière de Zentralfriedhof pour trouver, parmi les herbes folles et les biches, la tombe de cet aïeul. « Je ne l’ai pas connu. Pourtant, j’ai le sentiment que quelque chose de lui m’a été transmis », dit-il dans ce très beau film.
Par sa connaissance du yiddish, il déchiffre les archives, pénètre cet univers englouti, s’imagine en petit-fils demandant à ce grand-père bienveillant pourquoi Dieu a créé les ténèbres. Sa lecture familière de Stefan Zweig, Joseph Roth, Arthur Schnitzler, écrivains de la lucidité, guident ses pas.
Dès la Libération, l’Autriche a réussi à s’octroyer le statut de « victime du nazisme » alors qu’elle avait acclamé Hitler et offert le plus fort contingent de personnel dans les camps de concentration. A Vienne, si présentable, si cultivée, trône toujours la statue de son ancien maire, Karl Lueger, inspirateur du Führer, dans une ville où Arthur Schnitzler n’est honoré nulle part... « Le passé, dit Robert Bober, ce passé-là surtout, a besoin de notre mémoire et les morts de notre fidélité. »
Depuis longtemps, Robert Bober, ami de Georges Perec, signant les magnifiques documentaires littéraires de Pierre Dumayet, homme de grande sensibilité, écrivain délicat et précis, chemine au coeur de ces tourments sans réponse. Sa voix très douce nimbe ce film intime, introspection tragique, méditation poétique, d’où sortent de terribles vérités. Sans lui apporter de consolation...


Jean-Claude Raspiengeas, La Croix, octobre 2017



« Vienne avant la nuit » : La mémoire douloureuse de Robert Bober


Le documentariste et écrivain Robert Bober retrace les souvenirs de sa famille juive polonaise venue s’installer à Vienne quelques années avant le désastre. Un livre à la fois précis et bouleversant.


Longtemps, Robert Bober a exploré d’autres mémoires que la sienne. Celle des écrivains. Celle des réfugiés et des exilés. Celle des lieux. Sur le tard, il s’est décidé à explorer sa propre mémoire, de film en livre (« On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux », 2010). Vienne avant la nuit tire le fil de son histoire familiale à partir de la figure de son arrière-grand-père Wolf Leïb Fränkel, né en Pologne en 1853. Choisissant l’exil et les Etats-Unis, cet aïeul est refoulé à Ellis Island parce que malade. Retour en Europe. Il s’installe à Vienne.
Commence alors le récit intime de cette génération de juifs viennois vivant les dernières années avant le désastre. L’aïeul de Robert Bober appartenait à ce petit peuple d’une ville cosmopolite, où les antisémites patentés côtoyaient les artistes et intellectuels juifs que toute l’Europe fêtait. Au Zentralfriedhof, l’auteur cherche la tombe de son arrière-grand-père. Il trouve celle de Schnitzler. Mais les grands exilés - Roth, Zweig - sont absents. Le spectre de l’Anschluss et de la guerre hante ce récit. Sur la photo de famille réunissant le patriarche, ses enfants, ses petits-enfants, un halo sépia nimbe le visage de ceux qui périrent dans les camps de la mort. Peu à peu les mémoires se superposent et se répondent. Celle de la Pologne et de l’Autriche d’hier, celle de l’exil et de la Vienne d’aujourd’hui, celle de la tradition juive et de qui en survit.



Perpétuer le « faisceau de la vie »


Le livre de Bober est le contrepoint d’un film documentaire. La riche iconographie tirée du film matérialise visuellement cet enchevêtrement des mémoires. Aux photos anciennes se joignent celles d’objets rescapés du désastre - rouleaux de Torah encore roussis par les flammes, pierres tombales couvertes de lierre, chandeliers rituels.
Oser la mémoire, c’est perpétuer le « faisceau de la vie » : « Le passé a besoin de notre mémoire et les morts de notre fidélité », écrit Bober, dérouté par ce cousin retrouvé à Vienne qui lui refusa toute rencontre parce qu’il avait, lui, choisi l’oubli. L’imagination se nourrit de la précision historienne des noms, des dates, des lieux. Surgissent les fantômes d’une famille dont l’histoire est aussi la nôtre, mais qui est celle aussi de cette Europe « aux anciens parapets » dont le génie ne s’effacera pas, et que Robert Bober, malgré la douleur du souvenir, chérit avec une infinie piété.


Sylvain Fort, Conseiller discours et mémoire d’Emmanuel Macron, Les Échos, octobre 2017



A propos du film



« Ce magnifique documentaire est ainsi consacré à cette quête familiale... Et dire que certains se demandent si le cinéma existe encore... »


A/R Magazine Voyageur

« L’un des plus beaux dédiés à l’idée de cinéma. »


Positif

« Une délicate recherche du temps perdu façon autrichienne. »


Transfuge

« Les références littéraires et cinématographiques sont lumineuses, la musique magnifique. »


Le Canard Enchaîné

« Un essai intime et original. »


Les Fiches du Cinéma

« Un splendide écheveau d’images passées et présentes. »


Les Inrockuptibles

« Une jolie promenade dans le passé viennois. »


LESINROCKS.COM

« Une quête fascinante... Vienne avant la nuit, titre à double signification, est beau, simplement. »


L’Obs

« Ce carnet de voyage distille un mélange de douce nostalgie et d’inquiétude. »


Télérama

« Un chef-d’oeuvre de délicatesse pour évoquer le passé terrible. »


La Croix

« Le passé ressuscité. Ce film est une prière. »


Témoignage Chrétien

« Sa facture modeste n’enlève rien à sa sensibilité mélancolique. »


Le Monde

« Tonalité intime et mélancolique. »


LEMONDE.FR

« Vienne avant la nuit est aussi un grand film sur l’histoire européenne. »


Les Échos

« Un film intime et somptueux. »


LESECHOS.FR

« Une magnifique évocation de la tragédie des juifs autrichiens. »


Le Figaro

Vidéolecture


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Son

Robert Bober, Vienne avant la nuit , Robert Bober invitée de Laure Adler 3/10/2017 France Inter Heure bleue