— Paul Otchakovsky-Laurens

Cher Paul

14 janvier 2018, 15h50 par Sébastien Brebel

Je viens de relire votre dernier message. Il date du 12 juin 2017. Je vous ai répondu le lendemain.

J'éprouve aujourd'hui le besoin de vous écrire une dernière fois.

Pour vous remercier de votre bienveillance et de votre soutien au long des années.

Vous remercier de m'avoir une fois accueilli dans votre maison d'édition et de n'avoir cessé depuis de me suivre, en me donnant toujours le sentiment d'être unique.

Vous remercier de votre franchise et de la fermeté de votre jugement lorsque je vous ai présenté des textes qui n'étaient pas à la hauteur.

Vous remercier de chaque rencontre, à Paris ou à Nantes, dont je me souviens avec une grande précision, dont je me souviens physiquement comme si c'était hier.

Vous remercier de m'avoir sorti de mon trou, de m'avoir permis d'exister là où je pensais avoir ma place.

Vous remercier des qualificatifs que vous avez employés au téléphone pour me parler de deux de mes livres. Vous remercier du bien que m'a fait de savoir qu'un homme comme vous pensait du bien de moi et de mon travail.

Vous promettre de retrouver la conviction dans l'écriture qui m'a sans doute fait défaut ces dernières années. Vous promettre d'écrire ce livre dont je vous ai parlé voici plus de cinq ans.

Notre relation a été compliquée par mon désir qui était important de vous séduire ou de vous plaire, d'exister pour vous par mes livres possibles – plutôt que par ceux que j'avais écrits.

Un jour, en 2009, nous étions trois, avec Jean-Paul et vous-même, confinés dans cet espace réservé au service de presse, je vous ai dit que j'effectuais un remplacement au lycée de Sablé-sur-Sarthe et que je pensais à vous chaque fois que le train arrivait en gare. Comment pouvait-il en être autrement ? C'était peu après le tournage de Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, le film que vous avez consacré à votre enfance et où vous apparaissiez sous la forme d'une poupée. Ce jour-là, vous m'avez répondu qu'un auteur devait penser à son éditeur chaque jour.

J'ai eu à certains moments l'envie de me détacher de vous. C'était une folie...

Votre nom sera toujours associé à l'élégance, à l'exigence, à la délicatesse de votre présence et à la sûreté de votre goût. Les photos qui vous représentent, dans la presse ou sur Internet, sont d'une grande beauté.

Je suis et je resterai, avec tous ceux qui vous aiment et vous respectent, fidèle à votre souvenir.

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