— Paul Otchakovsky-Laurens

Comme un cormoran

15 décembre 2014, 08h50 par Édith Msika

dans l'amplitude de son dos, développé charpenté, le battement reste homogène, vouh, vouh, vouh, elle écarte les bras et les ramène, géants, son ventre sous l'eau tendu, le haut du torse jaillit, ses ailes se rabattent touchant aux bords du bassin ; elle est un animal lisse au dos creusé, nage

y compris pour la question du cormoran qu'est-ce qui est à dire ? c'est la seule bonne question, parce qu'elle voit l'amplitude des ailes, des bras qui sont des ailes et qui nagent, le torse entrant et sortant de l'eau, lisse couvert d'eau, lisse et brillant comme le corps d'un dauphin : c'est un cormoran-dauphin, c'est un oiseau-poisson-femme,
elle développe ses muscles des bras, avec les noms des muscles, les plusieurs noms

il y a plus d'un nom pour les ailes les bras du moulin, pour les nageoires brillantes très écartées qu'elle déploie dans l'eau non pas pour avancer (elle avance avec le torse, les vouh, vouh, vouh qu'elle fait avec la tête et le torse dedans et dehors l'eau), non, pour le plaisir de déployer ses ailes, de sentir les muscles des bras en un mouvement qui ramasse (bien sûr on pense à la brasse-papillon)

elle doit très précisément oublier ce qu'elle dit décrire, il y a des choses beaucoup plus importantes et elles sont à détecter, ces choses, elles sont aussi grandes que les bras lisses d'un cormoran, ces choses peuvent tenir d'un bord à l'autre du bassin et elles tiennent cet écart
 

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