— Paul Otchakovsky-Laurens

C'est qu'on te regarde

13 juin 2011, 21h30 par Édith Msika

C'est qu'on te regarde. On te regarde et on pense des choses en te regardant. Peut-être. Ils se regardent sur le quai et chacun pense. Pensifs, ils regardent dans le vague. Ils ne pensent plus, alors. Ils regardent dans le vide. On ne sait pas ce qu'ils regardent.
Regarde, on te regarde. Mais non.

Ca dépend comment tu te regardes. Regarde…Si tu regardes comme si ou comme ça, ou bien si tu passes sans te regarder, ça dépend. Regarde comme c'est, comme ça fait, regarde bien comment je fais, moi je fais comme ça, t'es pas obligé de faire pareil, mais regarde quand même, tu vois ? Tu vois ou tu vois pas ? Si tu regardes bien, peut-être que tu pourras voir, regarde, ça mange pas de pain…

C'est toi qu'il regarde, toi.

Ca te regarde pas. Pas du tout. Tu comprends ou pas ? Pas du tout ça te regarde, pas du tout. Ca ne te regarde pas, ce qu'il a fait, ce qu'il a compris, rien de tout ça te regarde. Si tu regardes encore une fois, tu reçois une tape, oui, une tape, pas la peine de me regarder comme ça, tu te prends une claque, une tape, une gifle, une fessée.
Mais regarde-les, ces crétins comme ils regardent tous ces cons regarder les éléphants, regarde-moi ça.

Pensez-vous qu'il a regardé, mais pas du tout, il n'a pas regardé, s'il avait regardé, on n'en serait pas là, on n'aurait pas tout à refaire. S'il avait regardé en traversant, il ne serait pas mort, c'est dingue de mourir en traversant mais pourquoi n'a-t-il pas regardé, pourquoi ? Maintenant, il y a tout à refaire sans lui, c'est ennuyeux.

Il faut regarder tout ce qui a été fait, tout reprendre de A à Z.
 

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