— Paul Otchakovsky-Laurens

transatlantique#2

18 septembre 2014, 18h47 par Louise Desbrusses

ajuster tout ce qui a pénétré (malgré une consommation modérée) par mes yeux mes oreilles par le moyen du grand écran, du petit écran, de la presse aussi et de livres certainement, l'ajuster à la réalité de l'endroit précis où je me trouve et qui n'est pas précisément lamérique, cet agrégat de bouts de fictions et d'informations avec violence dedans beaucoup souvent. l'ajuster : soit parvenir à extraire de mon corps toute cette charge fictive qui n'est pas expérience d'une réalité, pas de la mienne, en tout cas, ici, aujourd'hui, l'extraire de mes sens pour faire l'expérience non pas de lamérique-idée, lamérique-cliché, lamérique-produit mais de ce lieu où je vais vivre quelque mois et qui, bien que partageant des éléments de décor nombreux avec lamérique ci-dessus énumérée, doit bien pouvoir exister pour et par lui-même dans le temps présent. non ? l'ajuster : réagir à ce qui est en discernant ce qui en moi à mon insu s'est gravé/gavé de par exemple cette culture de peur que lamérique-idée/cliché/produit parvient à infuser dans nos/mes veines et dont l'inanité éclate dans cette rue réelle dont je fais l'expérience réelle de ne pas fermer la porte réelle à clef ni de jour ni de nuit. l'ajuster : soit du cortex visuel décoller la pellicule des images-scénarios qui ne cessent de se superposer surimposer à ce qui du réel vient impressionner les cellules photos-réceptrices de mes rétines. ajuster prend deux jours, trois peut-être, pas plus : est à ré-ajuster. sans cesse. la vie aussi. lamérique n'existe pas. la vie je ne sais. tout juste se ressemble. un peu. lamérique, la vie aussi. autrement denses sous l'émulsion du pensé.

 

 

 

 

 Dupont Circle, Washington DC. Oct. 2000.
 

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