— Paul Otchakovsky-Laurens

LOVE STORY

26 avril 2016, 15h12 par Claude Lucas

L’âge venant, cet âge qui nous incline à la gravité (et je ne parle pas seulement de celle qui nous pousse vers le centre de la Terre), je me risque à tenter de répondre ici à une interrogation qui me hante depuis toujours, et à laquelle longtemps je me suis dérobé de bonheur. Voici donc cette question lancinante, ainsi que, si j’ose dire, sa réponse :

 

LOVE  STORY

 

 

   « Vous êtes prêt ? Bien. Allons-y », fit Amilcar Meister ainsi qu’il commençait toujours son cours. « Ce soir, vous allez imaginer une conversation dans un wagon de chemin de fer entre un pasteur calviniste et un berger cévenol. Un de ces anciens wagons de chemin de fer du temps où l’on pouvait encore converser avec ses semblables entre Roanne et Saint-Flour dans les odeurs mêlées du saucisson à l’ail et de la fourme d’Ambert, voyez ? »

   Bebel opina mollement du chef en exhalant un soupir de détresse. Il voyait surtout que ce vieux professeur qui le tourmentait n’avait qu’à fourgonner dans la chaudière de sa mémoire à vapeur pour y raviver ces souvenirs ferroviaires d’un autre âge. Tandis que lui, Bebel, était forcé d’imaginer.

   Après avoir fait signe que oui, il secoua donc la tête avec véhémence de gauche à droite :

   « En fait, non, je ne vois pas du tout, monsieur Meister. Je peux seulement essayer d’imaginer.

   - C’est la même chose, fit, péremptoire, le vieux professeur. Il s’agit justement de faire comme si vous voyiez, avec l’autorité de l’écrivain. L’autorité, jeune homme ! Je vous l’ai dit cent fois. »

   Bebel baisa la tête.

   Jamais il n’avait eu l’idée loufoque de devenir écrivain, et il était incapable d’autorité. Voir, en revanche, il ne demandait pas mieux. Mais pas des wagons de chemin  de fer obsolescents hantés de pasteurs calvinistes et de bergers cévenols mastiquant d’infâmes casse-croûte au saucisson entre deux considérations vertigineuses sur la prédestination et la transhumance. Ce qu’il voulait voir, c’était Mlle Meister. Depuis qu’il venait prendre des cours particuliers de composition narrative – de composition narrative, lui, Bebel ! – trois fois par semaine, sa journée de travail terminée, il n’avait toujours pas pu parler à la fille du vieux professeur ni eu l’occasion de se trouver seul avec elle. Il ne connaissait même pas son prénom ! Il ne faisait que la voir apparaître, très régulièrement du reste, dans l’encadrement de la porte de la salle à manger où Amilcar Meister lui dispensait son cours : silhouette brune, mince, élancée, visage austère, teint pâle, immenses yeux de biche au regard voilé d’une mystérieuse mélancolie…

   Quand Bebel l’avait croisée dans la rue trois mois plus tôt, il était resté foudroyé sur le trottoir, tandis qu’un long et pathétique gémissement l’avait parcouru des pieds à la tête. Quelque chose comme : Je l’aime ! Il me la faut !

   Revenu le lendemain à la même heure au même endroit, il aperçut de nouveau la jeune fille au moment où elle entrait dans un immeuble. Se précipitant à sa suite, Bebel la vit disparaître dans l’escalier. N’osant  monter derrière elle, il ressortit dans la rue et, quelques instants plus tard, le nez en l’air, il put voir la jeune fille tirer les rideaux d’une fenêtre du troisième étage. Bebel s’en fut alors examiner les boîtes aux lettres de l’immeuble. Au troisième ne figurait qu’un nom :

AMILCAR  MEISTER

Cours de composition narrative

  

   Rien sur la jeune fille.

   Le cœur battant, Bebel monta à l’étage et sonna.

  

   Amilcar Meister était un petit vieux alerte et rondelet, au menton  garni d’une barbichette grisâtre et au regard aigu qui vous décortiquait derrière de petites lunettes rondes cerclées d’acier. Il était vêtu de cette même robe de chambre de soie amarante que Bebel le vit porter par la suite à chacune de ses visites, une robe de chambre très chic ornée d’une pochette à pois parfumée à la lavande. Ayant fait entrer Bebel, il l’avait conduit à la salle à manger qui s’ouvrait à gauche au fond d’un long couloir. Trajet au cours duquel Bebel ne releva aucune trace de la jeune fille entraperçue quelques minutes auparavant derrière la fenêtre.

   Le vieux professeur avait ensuite invité le jeune homme à s’asseoir, puis l’avait observé en silence à travers ses petites lunettes rondes. Au bout d’un moment, il s’était enquis d’une voix sèche : « Ainsi, jeune homme, vous voulez écrire ?

   - Oui, monsieur.

   - Et vous voulez écrire quoi ?

   - Heu… Des choses, quoi, des histoires », avait bafouillé Bebel.

   Amilcar Meister avait aussitôt porté la main à sa fesse droite en grimaçant de douleur, d’où Bebel avait conclu que le vieux monsieur souffrait d’une sciatique. De fait, Amilcar Meister avait gémi : « Aïe, aïe, aïe ! » avant de poursuivre : « Bon. Des histoires. Et quel genre d’histoires envisagez-vous de raconter, jeune homme ?… »

   À cet instant, la porte entrebâillée de la salle à manger – non pas celle qui donnait sur le couloir et qu’Amilcar avait refermée derrière eux en entrant, mais une autre qui ouvrait sur une pièce contiguë – avait été poussée, et la jeune fille aux yeux de biche voilés de mélancolie était apparue et avait demandé :

   « Papa, chum tegalo tagala magic boum ? »

   À quoi le vieux professeur avait répondu qu’il valait mieux s’en occuper tout de suite, en effet, ma petite chérie, bien qu’au fond rien ne pressât.

   Sur un vague salut adressé à Bebel, ou plus exactement à l’endroit où se fût trouvé Bebel si celui-ci lui avait semblé exister, la jeune fille avait alors disparu en tirant à demi la porte derrière elle.

   Bebel était resté bouche bée, frappé d’une stupeur d’où le vieux professeur l’avait sorti en reposant sa question d’un ton grinçant : « Hein, jeune homme, quel genre d’histoires ?

   - Euh… des histoires de… d’amour, monsieur, comme les écrivains, quoi ! »

   Cette fois, Amilcar Meister n’avait pas gémi « aïe, aïe, aïe ! » en se frottant la fesse ; il s’était renversé sur sa chaise et avait chassé d’un geste excédé un insecte imaginaire virevoltant autour de lui.

   « Des histoires d’amour. Bon. D’accord. Soit. Je dois vous avertir toutefois qu’apprendre à rédiger une notice technique de moulin à café vous reviendrait moins cher qu’apprendre à mener une histoire d’amour jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’à l’apothéose finale du divorce, voyez ? Aussi vous demanderai-je, et vous me pardonnerez la brutalité de ma question : pensez-vous avoir les moyens de vous engager dans pareille aventure ?

   - Les moyens, monsieur ? »

   Amilcar Meister avait chassé de nouveau l’insecte virevoltant.

   « Je ne fais évidemment pas allusion, jeune homme, à une improbable quoique toujours possible impuissance devant la page blanche, mais à vos moyens financiers. Apprendre à mener de bout en bout une histoire d’amour, dans les règles et avec toute l’autorité requise, n’est pas forcément à la portée de toutes les bourses, voyez ?

   - Euh… ma foi, je gagne assez correctement ma vie, fit Bebel.

   - Bien, jeune homme. C’est déjà quelque chose. Un apprenti écrivain affamé sombre souvent dans l’aigreur. Or, il n’aurait pas fallu compter sur moi pour vous apprendre à rédiger pamphlets, libelles et philippiques. Je suis un professeur agréé, voyez ?

   - Oui, oui.

   - Parfait. Et maintenant, une ultime question pour me faire une idée de votre maturité littéraire et estimer la durée probable de votre apprentissage. Voici. Supposé que vous ayez croisé une jeune fille inconnue dans la rue, et que sa beauté, sa grâce, son mystère vous aient commotionné… »

   À cet instant, la porte de la salle à manger avait été poussée de nouveau, et la jeune fille avait demandé à son père :

   « Papa, chouf pitoutim pitoutam magic paf ?

   - Pas pour le moment, ma petite chérie – mais vous, peut-être, jeune homme… ? » avait proposé le vieux professeur à Bebel en l’observant par-dessus ses petites lunettes rondes cerclées d’acier.

   Bebel avait fait non de la tête. Un non aussi irrationnel que véhément traduisant son désespoir d’avoir si peu de vocabulaire.

   La jeune fille disparue, Amilcar Meister avait poursuivi : « Supposé donc, disais-je, que la vue de cette jeune fille vous ait commotionné, et que je vous aie demandé de la décrire, là, tout à trac, sous l’emprise de son charme. En quels termes l’eussiez-vous fait ? Je vous écoute.

   - Heu… En quels termes ? Eh bien… heu… silhouette brune, mince, élancée, visage austère, teint pâle, immenses yeux de biche au regard voilé d’une mystérieuse mélancolie… »

   Et Bebel avait interrompu net sa description, craignant d’en avoir trop dit.

   Amilcar Meister avait porté vivement la main à sa fesse, aïe, aïe, aïe, et, ayant frictionné le siège de sa douleur, il avait déclaré avec une grimace de souffrance :

   « Je vois. Style de gardien de la paix vivant chez sa maman. Beaucoup de travail en perspective, jeune homme. Tout à reprendre, en fait. Raser les bases et repartir de zéro. Restaurer la vision, surtout, qui s’est dégradée, avachie, poncifiée sur le marché de l’emploi.

   - J’ai tout mon temps, monsieur, je suis jeune ! avait lancé Bebel dans un élan d’enthousiasme effectivement très juvénile.

   - C’est vrai, vous avez ce don. Aussi l’exploiterons-nous. Voici mes tarifs : cent cinquante francs le cours d’une heure et demie, trois fois par semaine – mais pas le week-end ! pas le week-end ! – pendant, mettons, voyons, voyons (et tout en réfléchissant, le vieux professeur se massait la fesse droite), six mois, voilà. Qu’en pensez-vous ?

   - Bien. Ça me paraît tout à fait bien. Une heure et demie, trois fois par semaine, pendant six mois. C’est parfait. Et vous m’assurez qu’après… ?

   - Après, jeune homme, l’amour prendra son envol au premier madrigal que vous trousserez ! »

 

   Et Bebel était venu chaque soir apprendre à trousser. Mais la méthode du vieux professeur s’était révélée des plus singulières. Sitôt prononcée la formule rituelle : « Vous êtes prêt ? Bien. Alors allons-y », Bebel s’était vu astreint à traiter de situations plus démentielles les unes que les autres, dont le point commun était qu’aucune d’elles ne présentait jamais le moindre rapport avec l’amour, et qui toutes eussent plongé dans un abîme de perplexité le madrigaliste le plus chevronné : un facteur de campagne se jetait avec la sacoche du courrier dans une fosse à purin pour éviter la charge d’un taureau furieux ; un retraité furonculeux venait faire examiner ses anthrax chez un dermatologue qui s’avérait être le détective privé homonyme de l’étage au-dessus (et Amilcar Meister, en lisant le texte de Bebel, n’avait cessé de se frotter la fesse en gémissant « aïe, aïe, aïe ! ») ; la rencontre d’Einstein et du roi Dagobert chez le dentiste (« ouille, ouille, ouille ! ») – et ainsi jusqu’à ce soir, cette conversation dans un wagon de chemin de fer antédiluvien entre un pasteur calviniste et un berger cévenol…

   « Et l’amour, dans tout ça, avait risqué un jour un Bebel au bord de la crise de nerfs. Quand me ferez-vous faire l’amour, monsieur Meister ?

   - Les préliminaires d’abord, jeune homme ! Toujours les préliminaires ! » avait répondu Amilcar Meister d’un ton sans réplique.

   Par bonheur, à chaque cours, la fille du vieux professeur apparaissait au moins une fois par la porte entrebâillée de la salle à manger pour soumettre à son père quelque délicat problème domestique (ou littéraire, ce qui dans cette maison semblait revenir au même), auquel Bebel, à ce stade de son apprentissage, ne comprenait goutte, mais qui lui laissait entrevoir d’ineffables et sublimes perspectives :

   « Papa, fol estigoudim estigoudam magic crac ?

   - Oui, ma petite chérie, mais à condition de bien te couvrir. »

   Et, après l’une de ces apparitions qui mettaient Bebel dans tous ses états, Amilcar Meister avait confié un jour à son élève hébété :

   « C’est une enfant terriblement grave pour son âge. Elle a le sens inné du tragique de notre condition. »

   Malgré sa pratique consommée des préliminaires à cent cinquante francs la séance, Bebel n’avait su quoi répondre. Et trois longs mois de ce calvaire littéraire avaient passé ainsi. Jusqu’à ce soir.

 

   Ce soir-là en effet, soudain révolté à la perspective de rester enfermé une heure et demie dans ce wagon brinquebalant puant la fourme et le saucisson, Bebel se jeta à l’eau sans crier gare :

   « Bien. Et vous, vous êtes prêt ? Alors allons-y : Monsieur Meister, j’ai l’honneur de vous demander la main de votre fille. »

   Crac.

   La digression dans toute sa splendeur. Ce qui s’appelle sauter du train en marche.

   Interloqué, Amilcar Meister ouvrit des yeux de hibou effaré derrière ses petites lunettes rondes, puis il ôta celles-ci, se renversa sur sa chaise et gémit en portant la main à sa fesse : « Aïe, aïe, aïe !

   - J’aime votre fille, monsieur Meister. Je l’aime depuis le jour où je l’ai croisée par hasard dans votre rue. C’est un ange.

   - Je sais, fit sèchement Amilcar Meister qui s’était déjà remis du choc esthétique. Et je vous prierai de bien vouloir m’épargner la suite du portrait anthropométrique : silhouette brune, élancée, teint pâle, yeux de biche, etc.

   - Mais je l’aime, monsieur !

   - Qu’en savez-vous ? Comment pouvez-vous le savoir ? Avez-vous déjà écrit une seule fichue ligne de cette malheureuse histoire d’amour ?

   - Mais vous m’en avez toujours empêché ! Vous ne me faites écrire que des… des inepties trois fois par semaine depuis trois mois ! J’en crève, moi, de devoir raconter ces histoires de fous. Mon amour comprimé déborde ! »

   Amilcar Meister leva les bras au ciel.

   « Mon amour comprimé déborde !… Aïe, aïe, aïe ! Et vous osez proférer cela sans rire. Mon amour comprimé déborde ! Mais vous rendez-vous compte au moins, jeune homme, que vous n’en êtes qu’au b.a.-ba de la composition narrative, et que pour l’instant ma fille, ma fille unique bien-aimée, vous est LITTÉRAIREMENT INACCESSIBLE ? En êtes-vous conscient ?

   - Littérairement inaccessible ! Mais qu’est-ce que cela veut dire, bon Dieu, monsieur Meister, que votre fille est littérairement inaccessible ? C’est justement cela qui la ronge, oui. Je le vois bien à cette mystérieuse mélancolie qui voile le regard de ses yeux de biche. Mystérieuse, mon œil. Votre fille se consume d’inaccessibilité littéraire, oui ! Le voilà le mystère de sa mélancolie. »

   Amilcar Meister se leva, drapé dans la dignité outragée de sa robe de chambre en soie amarante ornée d’une pochette à pois parfumée à la lavande.

   « Ah oui ! Monsieur veut se lancer. Monsieur veut sauter les préliminaires, briser les règles, faire péter les conventions romanesques sous prétexte que son amour comprimé déborde. Et son amour pour qui, d’abord ? Hein ? Parlez-moi donc un peu de ce personnage que vous aimez ?

   - Mais… mais je vous parle de votre fille, nom d’un chien, monsieur Meister !

   - Et comment s’appelle-t-elle ?

   - Vous le savez mieux que moi !

   - Certes, j’en suis l’auteur. Mais pour vous, qui donc est-elle ? Vous n’en savez rien. Elle n’est qu’un personnage sommairement esquissé, c’est-à-dire croisé par hasard dans la rue, puis entraperçu dans l’encadrement d’une porte de salle à manger. La belle histoire d’amour, en vérité ! Eh bien, vous allez voir. Je vais vous mettre en face de vos responsabilités, moi. Vous allez nous les montrer, votre autorité et votre brio romanesques. Adélaïde ! »

   Et Adélaïde parut, silhouette brune, visage austère, teint pâle, etc.

   « Oui, papa ? fit-elle avec une modestie touchante, paupières baissées sur ses immenses yeux de biche.

   - Ma fille, ce jeune homme que voici prétend qu’il t’aime. Ce doit être ce qu’on entend par « prétendant ». Il t’aime et il vient me demander ta main. »

   Adélaïde releva les paupières et considéra Bebel avec aplomb, toute trace de mélancolie évanouie de son regard. S’y était substituée une froideur d’iceberg.

   « Schtonk évohé balbutim magic toumf ? » demanda-t-elle à Bebel en articulant avec soin chaque syllabe d’une voix glaciale.

   Bebel rougit, baissa la tête, la releva, sortit un mouchoir de sa poche, toussota, fit hum, hum, et épongea son front en sueur.

   « Je… je vous aime, mademoiselle Adélaïde », bredouilla-t-il enfin au comble du désespoir.

   Adélaïde Meister se tourna vers son père.

   « Je ne comprends rien à ce que ce monsieur dit, papa. Je te supplie de mettre immédiatement fin à cette histoire atroce. L’incommunicabilité entre les êtres est quelque chose qui me rend malade, tu le sais.

   - Va, va, ma petite chérie. Cela ne se reproduira plus, je te le promets. Cet élève est si… si impulsif, si difficilement maîtrisable, si… »

   Et Adélaïde Meister disparut.

 

   Et Bebel aussi. Il disparut, Bebel. On n’entendit plus jamais parler de lui, sauf une fois, une vingtaine d’années plus tard, où un petit roman qu’il avait commis figura par erreur dans la première sélection du prix Femina. Puis le roman disparut à son tour, dès la deuxième sélection. La présidente du jury, Adélaïde Meister, l’avait expédié machinalement dans le vide-ordures, sans le lire. Elle n’y aurait du reste rien compris. Il y était question, aïe, aïe, aïe, des amours ferroviaires entre un pasteur calviniste et un berger cévenol, quelque part entre Roanne et Saint-Flour. Bref, une histoire de saucisson, voyez ?

   La littérature, Dieu merci, c’est quand même autre chose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Billet précédent | Tous les billets | Billet suivant |

Les billets récents

Auteurs