— Paul Otchakovsky-Laurens

Duo

25 septembre 2019, 15h10 par Liliane Giraudon

Lui

Mon cœur est à vous, je n’ai jamais cessé de vous aimer…

Elle

Ha bon ?... Je n’ai rien vu.

Lui

C’est que votre vue baisse. Ou alors c’est pire.

Elle

Puisque c’est ça, sortez le ce cœur et mettez-le sur la table. Qu’on y voit clair.

Lui

Parfait. Vous l’aurez voulu. Passez-moi ce couteau.

Elle

Tenez. Ce n’est qu’un canif. Mais il fera l’affaire.

Lui

Voilà. J’ouvre. Mais il faudrait maintenant une scie pour les côtes.

Elle

Attention ! Vous salissez le plancher ! Mais quelle horreur ! C’est une infection ! Il faut ouvrir les fenêtres ! Votre cœur pue !

Lui

Non Madame. Ce sont les poumons. Ils sont noirs. J’ai trop fumé.

Elle

Et trop bu. On me l’a dit. Vous êtes un alcoolique !

Lui

C’est vrai que je continue à fumer. Pour ce qui est de l’alcool, j’ai considérablement réduit, je vous assure !

Elle

Il va falloir arrêter. A-rrê-ter ! Vous entendez !

Lui

Ce n’est pas moi qui peut décider. C’est le poème. Sans tabac ni alcool le poème n’avance pas.

Elle

Foutaises ! si vous voulez obtenir quelque chose de moi il va falloir vous mettre au thé vert !

Lui

Tenez ! Le voilà. Au centre de votre assiette, là.

Elle

Cette saleté ? Cette infection ? Mais vous plaisantez ? Que voulez-vous que je fasse avec ça ?

Lui

Le mettre à vos pieds ! Et vite. Car bientôt Madame, plus de terre conchiée par les vivants ! Tout va cramer !  Exécutez-vous et riez ! Je veux vous entendre rire une dernière fois !

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