— Paul Otchakovsky-Laurens

Echancré

Jacques Dupin

Prose qui tient le poème à distance, parole de douleur, déchirée, plus cruelle encore d’aller se nourrir aux premières images de l’enfance et d’en revenir, désespérée, pour « Écrire entre les pattes de cette tarentule millénaire. Être son comptable et son amant. Le cireur obséquieux de ses bottillons glacés. » Cette écriture questionnée dans l’image du ver à soie et dans l’appel réitéré vers l’infinitif « écrire », écriture qui est marche, métamorphose, questionnement de notre ignorance.

 

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La presse

Par les fulgurances de sa prose, Échancré tient le poème à distance, mesure la contrainte par l’écriture sur la parole, examine ce que veut le vers, scrute le filage des mots, et dénonce tout abri, toute illusion de demeure lyrique qui protégerait du désastre et de sa nudité.


La Quinzaine littéraire, 16 avril 1991


Il faut écrire « au-delà de la voix », au-delà du livre. Il faut transgresser, braver l’interdit, sortir de son devoir de réserve : il faut ajuster son fusil, fixer le regard, tirer juste, il faut « écrire sans recul », il faut « écrire, céder… », il faut sortir du texte, il faut « écrire au large, au plus près de soi, strictement déboutonné, dans la magnifique lumière ». Le texte de Jacques Dupin est aussi un retour au quotidien, à l’odeur des tilleuls, au bruit du torrent, au chant des cigales : il se prolonge hors texte.


Le Mensuel littéraire et poétique, juin 1991