— Paul Otchakovsky-Laurens

L’ Esprit des Terrasses

Journal 1990

Renaud Camus

Les journaux de Renaud Camus participent d’une entreprise échevelée d’écriture de la vie. Ils sont le lieu privilégié du délectable échange des heures avec les mots, des ciels avec les points et les virgules, des plaisirs avec les guillemets, des mélancolies même avec les paragraphes. Sans doute, s’écrire ainsi tout entier, jour et nuit, est-ce jouir au plus près d’une fusion fébrilement fabriquée sous l’instance complice de la langue, entre l’individu et tout ce que ses yeux, ses attentes, ses nerfs, ses colères, ses désirs, ses passions sont capables d’offrir à sa vigilance : le monde, le monde entier.

 

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La presse

Le style camusien, particulièrement cultivé, est un sujet d’observation critique à lui seul. La ponctuation est exemplaire, jusque dans la curiosité (deux parenthèses accolées, parenthèses « gigognes » multiples ; le point-virgule, si savoureux et pourtant à l’habitude si mal utilisé, y trouve un emploi irréprochable. Beaucoup d’incises anglo-saxonnes : du simple « meanwhile » aux phrases entièrement rédigées dans la langue de Whitman – simple réflexe polyglotte plutôt que pose : un tic, un tic structurel ; une curiosité structurelle si l’on veut. Les phrases sont longues, complexes. Qu’importe : elles suivent le phrasé de la pensée, qui est large, insinuante, subtile, mouvante.


La Quinzaine littéraire, 1er septembre 1999