Au milieu des sables du bush, Kéziah règne en maître sur les moins que rien : Nello, le valet de cœur subjugué, et Siri, l’idiote à la beauté radieuse.
De l’autre côté du monde, une grande ville occidentale clignote de tous ses feux. Kéziah part donc en guerre contre sa misère native, contre le sort auquel on a pensé pour lui : il invente, pour s’arracher à son coin de terre sinistré, un moyen étrange et cruel.
C’est Nello qui raconte. C’est Nello qui se dresse au milieu des choses dites, semblable à elles et sans pouvoir sur elles. Mais l’histoire finit par tracer, cahotante, son propre sillage...
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Au milieu des sables du bush, Kéziah règne en maître sur les moins que rien : Nello, le valet de cœur subjugué, et Siri, l’idiote à la beauté radieuse.
De l’autre côté du monde, une grande ville occidentale clignote de tous ses feux. Kéziah part donc en guerre contre sa misère native, contre le sort auquel on a pensé pour lui : il invente, pour s’arracher à son coin de terre sinistré, un moyen étrange et cruel.
C’est Nello qui raconte. C’est Nello qui se dresse au milieu des choses dites, semblable à elles et sans pouvoir sur elles. Mais l’histoire finit par tracer, cahotante, son propre sillage fumeux.
« Si la seule idée d’un Dieu ne me faisait pas rire, je rendrais bien ici quelques oracles, quelque parole inspirée, quelque évangile enluminé qui réconcilierait les autruches effarées, les sauterelles rongeuses, les guitaristes mystiques, les filles à la blondeur boréale, les mères oublieuses de leur première portée, les pères devenus prédicateurs de salon, tous les ergs et les regs du N’mab, et même le souvenir, toujours fou en moi, toujours miraculeux, du garçon qui a trahi son ami pour les lumières de la ville. »
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[…] l’histoire de Daniel, un petit garçon né nulle part en Afrique australe, dans un pays aujourd’hui rayé de la carte. Une enfance en pays zoulou, dans un « rest-camp » au milieu du bush. Le garçon dit « je » et le trouble installé plus tard par le récit s’immisce dès les premières pages à lire ce texte accordé au masculin sous la plume d’un auteur au prénom de femme. Daniel joue à la poupée avec sa copine Siri, met ses robes jusqu’à ce premier plaisir, ce premier désir lorsqu’à travers le voile d’une robe relevée, il partage la bouche de Kéziah, le bel indigène de son âge. Raclée du père. On ne dira pas la suite […]. On dira seulement qu’Emmanuelle Bayamack-Tam a écrit un livre inattendu mais nécessaire puisqu’il porte à l’évidence un sentiment non répertorié à ce jour et pourtant palpable et partagé, entre la fièvre et l’abnégation, et que l’on appelle d’un étrange terme d’architecture : le rai-de-cœur.
Libération, 21 mars 1996