— Paul Otchakovsky-Laurens

L’ Espace furieux

Valère Novarina

Dans L’Espace furieux, adaptation de Je suis publié en 1991, la langue se renverse, apparaît à l’envers ; elle surgit, accélérée ou ralentie, en déséquilibre, tourne en volutes ; elle chute, se morcelle, s’élève, se retrouve, se tord, varie, devient autre par le mouvement spiral de la respiration, dans le croisement à l’espace qui a lieu par la chair de l’acteur, espace creusé en plusieurs sens par la langue. Il s’ouvre des souterrains, des tunnels, des passages non-vus, des raccourcis oubliés afin de donner à voir la langue, nous faire assister à sa passion. Par l’outil du théâtre, il...

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Traductions

Italie: Costa & Nolan
Estonie: Prantsuse Teaduslik

La presse

La scène primitive


Consécration de Valère Novarina, inscrit au répertoire de la Comédie-Française depuis fin janvier.


L’Espace furieux de Valère Novarina, dans une nouvelle version et dans une mise en scène de l’auteur, est désormais joué en alternance à la Comédie-Française. Belle audace de la part de l’administrateur général du Français, Marcel Bozonnet : ce moderne n’est pas fait pour plaire aux amateurs de classiques chloroformés. En même temps, la petite et vaillante salle du Lavoir moderne consacre à l’écrivain un festival, « Les Nourritures Novarina », où défilent différents spectacles dus à des artistes connus ou encore peu repérés. C’est donc le temps de la consécration d’un poète de la scène dont les premiers textes ont été joués dans les années 1980.


L’Espace furieux, comme les autres pièces qui, toutes, se répondent et se complètent comme un monde en expansion, a quelque chose d’un théâtre archaïque, où notre création et notre société sont reconsidérées, reprises au point zéro à partir de notre origine et de nos questions premières. Novarina parle d’une « scène primitive », et c’est en effet sur une terre indécise, comme si celle-ci venait de naître en même temps que les hommes qui y apparaissent, que l’action se déroule. Une action interrogative et donc métaphysique : l’homme (mais l’auteur préfère les termes d’animal et d’hominidien) questionne le silence de Dieu, cherche le sens de la vie, mais dans une gerbe infinie de formules. Novarina en profite pour créer sa propre humanité, ou sa propre population, qui a des noms aux résonances d’Antiquité et d’éternité : le Vieillard carnatif, l’Enfant d’Outrebref, l’Ouvrier du drame...


Novarina est aussi quelqu’un qui pense le théâtre et apporte à la théorie de l’art dramatique des visions nouvelles. L’avenir dira si ses textes, comme sa Lettre aux acteurs ou Pour Louis de Funès, sont aussi importants que ceux d’Antonin Artaud, mais nous ne sommes pas loin de le penser. Novarina publie d’ailleurs un nouvel essai, Lumières du corps, sur la vie des mots et de la scène. Il écrit par exempke : « L’acteur ôte la figure humaine, l’enlève, la souffle ; le théâtre est profondément défiguratif... La cabane humaine est reconstruite à l’envers. L’acteur défait l’homme : c’est l’homme franchi ; il a démonté notre effigie et nous a très méticuleusement décomposés. » Foudroyant !


Par Gilles Costaz, Le magazine littéraire, février 2006.

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Valère Novarina, L’ Espace furieux, Valère Novarina lit quelques pages de L'Espace furieux le 18 février 2014