Le monotype, c’est d’abord un procédé de peinture, ou de gravure, qui permet d’obtenir, par impression, un exemplaire unique de l’œuvre. Les monotypes de Degas sont l’exemple le plus célèbre de cette technique qui impose une grande rapidité d’exécution en même temps qu’une grande précision et, au-dessus de tout, une rare intensité d’inspiration.
Degas est d’ailleurs un, sinon le, personnage important de ce livre où chaque geste est définitif, où chaque geste est crucial car le « sujet » ici traité en « monotype » c’est évidemment l’auteur lui-même. Dominique Fourcade...
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Le monotype, c’est d’abord un procédé de peinture, ou de gravure, qui permet d’obtenir, par impression, un exemplaire unique de l’œuvre. Les monotypes de Degas sont l’exemple le plus célèbre de cette technique qui impose une grande rapidité d’exécution en même temps qu’une grande précision et, au-dessus de tout, une rare intensité d’inspiration.
Degas est d’ailleurs un, sinon le, personnage important de ce livre où chaque geste est définitif, où chaque geste est crucial car le « sujet » ici traité en « monotype » c’est évidemment l’auteur lui-même. Dominique Fourcade y expérimente tour à tour et simultanément les registres de l’essai, du roman, du poème et, à l’intérieur de ces genres, d’innombrables modes (fragmenté, continu, scandé, cursif, discursif, chanté, syncopé, filé, lyrique, objectiviste…) afin de saisir le plus possible de mots et de rythmes et que l’écriture y soit à la fois événement, source d’inspiration, système de transcription, source de réflexion.
« Peu de temps après avoir fini d’écrire Le Sujet monotype, une conversation au téléphone avec Daniel Oster m’a aidé à comprendre ce que j’avais pu faire dans ce livre. Tout est fiction me disait Oster, tout, l’écriture, la figure de l’écrivain et, au moins autant, le quotidien de la vie. J’ai objecté qu’il y avait quand même, dans la vie, dans l’écriture, des moments qui ne relevaient décidément pas de la fiction. Ils sont très rares, dit mon ami, et ce sont des moments de stupeur, des moments stupides, des moments stop. Moments où s’arrêterait le langage.
Fort de cet échange, j’ai pensé que c’était de ces moments que j’aurais voulu faire commencer les choses. Quelles choses ? Le langage, l’écriture. Le Sujet monotype ne serait alors qu’une obscure tentative pour restituer à l’écriture des moments de non-fiction. Ce qui peut aussi vouloir dire qu’il s’agit d’ôter l’écriture à la fiction. »
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« Pour Degas, faire un monotype consistait à recouvrir la surface polie d’une plaque de métal [...] d’une couche uniforme d’encre noire huileuse. Il dessinait ensuit edirectement dans la surface d’encre. » Avec ses mains, un stylet et un chiffond, Degas enlevait de l’encre pour faire apparaître le sujet. Puis à l’aide d’une presse, il faisait un tirage sur papier ; jamais plus de deux exemplaires car la masse d’encre qu’il utilisait interdisait d’en faire plus. Ce paradoxe qui veut qu’un artiste utilise un moyen de reproduction mécanique pour créer une oeuvre unique est en soi poétique. Mais Dominique Fourcade s’intéresse d’abord au geste de l’artiste qui retranche pour dévoiler, pour dessiner son sujet. Il opère de la même manière dans ce livre. Il supprime des mots, des morceaux de phrases pour épurer sa langue de ses scories. Il ne nous donne que l’essentiel pour retracer ce parcours étrange où Degas et lui découvrent notre époque. Le regard croisé, mélangé, fondu, des artistes commente, décrypte. Dominique Fourcade prouve une fois de plus avec ce livre que la poésie n’est pas simplement belle, mais intelligente.
F. L., Créations, novembre 1997
On avait fait connaissance avec les aventures de Degas « parti se changer » dans le n°1 de la Revue littéraire générale : c’en est la suite. « Mon histoire. Mon histoire début mai est celle d’un merle qui chante dans le bocal. (...) Et ici Degas n’a rien à dire ; il a été d’autant moins consulté sur le sujet qu’il n’ignore pas que je suis également le bocal. » De la poésie qui fait rire (jaune).
Libération, novembre 1997