— Paul Otchakovsky-Laurens

Amnésies

Fictions du cinéma d’après Jean-Luc Godard

Jacques Aumont

A la fois essai, poème, fiction, récit historique, traité sur l’art, philosophie de la mimêsis, les Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard ont une logique multiple, qui les stratifie. Parler de ce film, c’est, ou bien le continuer (et en un sens, le refaire), ou bien le déplier, en distinguer les logiques superposées et concurrentes, y discerner les auteurs confondus en un auteur, les discours confondus en un discours.

La sympathie, certaine et profonde, n’a pas été ici confondue avec l’empathie : partant de l’ébranlement qu’a provoqué cette œuvre, on a tâché de le prolonger et de l’amplifier, sans chercher à en...

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La presse

Des innombrables pistes explorées, suggérées, arpentées en tous sens sur les chemins de la mémoire et sous le signe de l’anéantissement, Aumont en choisit quelques-unes, qu’il suit en éclairant plus distinctement ce que l’écran laissait dans la pénombre.

Parmi ces pistes figure une définition de la critique : « Le critique part d’une œuvre qu’il aime, qui vient le chercher lui et qu’il ne peut éviter. Et c’est en produisant, à partir d’elle, une œuvre d’une autre sorte qu’il deviendra celui qui, de cette œuvre, met au jour un possible singulier, une interprétation (qui vaut toutes les autres, et que toute autre vaut), non, un possible universel, une postulation : un postulat qui définit un art ». Cette formule s’applique fort bien à Godard lui-même. Elle vaut aussi pour le livre de Jacques Aumont, pour le mouvement de va-et-vient que son écriture instaure entre une œuvre et la songerie érudite de celui qui s’en empare.


Le Monde, 24 septembre 1999


Amnésies, très bien écrit, très bien pensé, est une réflexion autour des Histoire(s) du cinéma. Le livre est organisé en (fragments de) chapitres qu’on peut dire rapidement thématiques : mélancolie, Orphée, philosophie de l’Histoire ou de l’Art, théorie de la critique, beauté et femme fatales, romantisme, autobiographie, mort et temps. Cela semble aussi éclaté que les Histoire(s) elles-mêmes, mais à la lecture, il apparaît assez vite que deux ou trois thèmes centraux, pas plus, organisent l’ensemble de l’ouvrage. Le premier est donné dès l’abord : le montage […]. Deux autres thèmes majeurs […] : le Retour (le nostos de la nostalgie, douleur du retour) […], le cinéma, pas un art ni une industrie mais un mystère.


Cahiers du cinéma, n°538, septembre 1999