— Paul Otchakovsky-Laurens

Le Printemps du corpus

Danielle Mémoire

Le Printemps du Corpus appartient à une série dont trois volumes ont déjà été publiés, dont plusieurs autres, peut-être, le seront ; quelques-uns, déjà constitués, ne sont pas destinés à l’être.
Un livre modèle peut faire le nom global, et inapproprié – puisqu’il s’agit d’ores et déjà de plusieurs livres –, sinon de la série elle-même, du moins du projet dont elle se présente alors comme l’exécution, peut-être volontairement, manqué.
Il existe, parallèlement au projet, et qui en est la première condition, un ensemble de quelque deux ou...

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La presse

Danielle Mémoire parle d’une «loi de la dispersion fictionnelle» et ses livres sont passionnants parce que justement, ils échappent aux lois traditionnelles du roman et même pire. Son univers d’écrivain est un peu déroutant au départ, assez complexe pour tout dire. Et pourquoi la difficulté ne serait-elle pas source de plaisir? Le sujet de ses livres, c’est l’écriture ou plus précisément, la structure d’un livre. Pourtant, Danielle Mémoire n’est pas formaliste. Il y a tentative d’osmose entre ce qu’elle pense et ce qu’elle écrit. Pense-t-elle comme elle écrit? Écrit-elle comme elle pense? C’est peut-être un peu ça et elle s’en explique. « J’applique directement à la pensée la forme », écrivait-elle dans son roman Parmi d’autresP.O.L,1991).

Danielle Mémoire a inventé son monde à elle, son Corpus. Elle invente l’auteur, les auteurs qui signent ses livres. Les personnages aux noms inattendus (Athanase, Eulalie Cyméa, Esclarmonde, Archambaud Blot, Conrad … ) et les lieux fictifs (Brioine, Saint-Ulmère) sont légion. Ils sont aussi interchangeables, c’est-à-dire qu’ils peuvent tour à tour vivre la même histoire et même la revivre différemment. Tout cela cohabite comme ça peut, c’est-à-dire le mieux du monde. Rapidement, on ne se préoccupe plus de savoir qui est qui, qui fait quoi, on suit tout simplement les errances de l’auteur, son imagination féconde, ses digressions, ses raisonnements à l’emporte-pièce.


Le Matricule des anges, n° 34, avril-mai 2001