— Paul Otchakovsky-Laurens

Asthme

Frédéric Valabrègue

Une maladie brouillée par son imaginaire et pansée par une inflation de raisons… L’exercice de patience consisterait à les vérifier, à soupçonner leur complaisance ou leur paresse. Doutes et démentis effacent par petites touches une tentative d’autoportrait en soi-disant malade.

Et aussi. Asthme est le bouc émissaire propice à ma santé. Je vis donc je râle. C’est le corps ajusté autour d’une fêlure devenue son tuteur.

 

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La presse

Petit souffle pour un grand jeu.


Voici un livre dont on se dit qu’il va nous lasser au bout de vingt pages, et que l’on referme seulement après en avoir achevé une lecture intégrale, encore étonné d’être entré dans son cercle. Car Asthme est volontairement répétitif, construit comme une variation autour de cette petite chose banale : soi. Pourtant il sait garder son souffle, tout comme l’asthmatique capable de mille ruses ou esquives dans le même but. L’agression subie par le corps, sa douleur si proche du simulacre provoquent ruminations, explications réelles ou farfelues, introspections et abandons. Cela donne un texte qui se déplace, qui digresse sans cesse, qui croise les hésitations sexuelles de l’adolescent ou les réflexions pleines de sagesse de l’homme expérimenté, ses jugements acérés sur l’art et la littérature, ou ses croyances les plus archaïques. Un récit parfois proche de l’essai, parfois dérive poétique, hybride et hypnotique. Formellement, il se construit en vingt-quatre chapitres qui sont comme autant de prises différentes (le livre est issu de nombreuses conversations à propos du montage cinématographique). Un procédé qui permet à l’auteur de sortir de soi, le corps devenant un sujet d’étude universel, bien qu’analysé au travers uniquement de ses maigres et pauvres expériences personnelles. Il est aussi l’occasion d’évoquer, comme en passant, le fait d’écrire, la création (« Chaque fois que je recycle une sensation ou une analogie, je la transforme »). Enseignant l’histoire de l’art et des civilisations, Valabrègue se nourrit également de cette autre passion, et son goût pour le constructivisme inspire ses compositions littéraires, où formes et couleurs sont toujours très présentes. Mais l’idée-force d’Asthme, c’est qu’au fond la maladie, « c’est du désengagement ». Être un convalescent permanent : la seule situation supportable pour un artiste, face à une société qui ne sait plus lui faire de place en son sein ?


Pascal Jourdana, L’Humanité, 13 février 2003.


Et aussi

Frédéric Valabrègue, Prix Louis Guilloux 2011 pour Le candidat

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Frédéric Valabrègue, Asthme, Asthme - 2002