— Paul Otchakovsky-Laurens

Colourful

Judith Elbaz

Dans couple il y a coulpe, ça ne suffit pas. Les couleurs sont ensuite intégralement ajoutées par le cerveau. Il n’y a pas disparaître, mais se tenir caché. Le récit est une chose qui m’est fastidieuse, écrit Flaubert au sujet de Mme b, il faut que je mette mon héroïne dans un bal.

La réalité se confirme dangereusement tangente : les mots, l’enfance et la mort, les choses, les gens, les images, toutes les couleurs. Dans Colourful la narratrice va très vite des uns aux autres et avale tout, à la manière des autruches. Elle mélange les animaux et les rois, la santé et la maladie, la moiteur et le mimosa, ne...

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La presse

Même si tout le nouveau n’est pas forcément beau, Judith Elbaz fait partie de ces inventrices qui font avancer (un peu) le roman. Évidemment, il y aura des esprits chagrins pour dire qu’il s’agit ici de poésie, car ils auront lu l’unique phrase de la quatrième de couve : « La première indication consistait à ne pas se retourner. » Limitons-nous à l’hypothèse lyrique, mais alors d’un drôle de lyrisme, fait des souvenirs des autres, où les citations se répondent comme dans un opéra justement – pardon, un film – dudit Godard : à force d’épanchement il n’y a plus de moi.


Éric Loret, Libération, 27 février 2003



Colourful : voici un premier livre tout en couleurs, comme un diaporama un peu fou, ou un manuscrit retrouvé par hasard dans le placard d’Éric Satie. Un formidable fourre-tout, en tout cas, où Judith Elbaz s’invente une langue qui pourrait bien être du caméléon. Quelque chose d’inédit et de rapide, d’extrêmement fragile, de furieusement réussi : une course à plein mot, bien au-delà de l’ordinaire ou de la syntaxe, comme un défi à l’illisible. […] Colourful est un puzzle ; pour reconstituer au-delà des conventions le livre que l’on veut. On le veut drôle, inattendu, poétique : on l’a.


Les Inrockuptibles, 19 février 2003



Elbaz absorbe et projette tout en vrac, à vive allure, paysages, souvenirs, expressions. Telle une pellicule hypersensible, elle impressionne et croque, on finit par piger son autoportrait à base d’instantanés.


Loin du déballage explicite, assez près d’Olivier Cadiot, Elbaz trame une suite très gaie, à la limite du non-sens, de phrases ou bouts de phrases claquantes comme des slogans, créant un marabout-bout-de-ficelle très contemporain. Colourful est peut-être le premier roman (?) qui intègre les SMS, l’écriture par ordinateur, l’e-mail, et les fait fructifier. Anglicismes, sigles, abrégés divers créent une accélération constante. Tandis que couleurs, fleurs, tissus, légèreté, été, éclaboussent les pages. Plutôt que de sonder la profondeur du moi, Elbaz préfère glisser, esquisser, survoler. Elle s’amuse, choisit la tangente, prend de la hauteur en micheline et nous lance d’une montagne suisse un long ruban de littérature bleu ciel pétant.


Jacques Morice, Télérama, 29 mars 2003

Vidéolecture


Judith Elbaz, Colourful, Judith Elbaz lit "Colourful". Extrait.