Défaits
Traduit de l’américain par Julia Dorner
Dennis Cooper
Avec ce nouveau roman, le dernier en fait qu’il vient de publier au États-Unis, Dennis Cooper continue d’explorer l’Amérique du désarroi adolescent et de la perte de toute valeur. Plus précisément il entreprend ici de décrire ce phénomène des jeunes assassins qui tout à coup décident d’exterminer tout ce qui bouge dans leur lycée avant de généralement retourner leurs armes contre eux. On pense bien entendu à Columbine, on pense à Elephant, le dernier film de Gus Van Sant (Palme d’or à Cannes) et qui vient de sortir en France. Mais personne mieux que Dennis Cooper, sans doute, ne pouvait parvenir à décrire de...
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Avec ce nouveau roman, le dernier en fait qu’il vient de publier au États-Unis, Dennis Cooper continue d’explorer l’Amérique du désarroi adolescent et de la perte de toute valeur. Plus précisément il entreprend ici de décrire ce phénomène des jeunes assassins qui tout à coup décident d’exterminer tout ce qui bouge dans leur lycée avant de généralement retourner leurs armes contre eux. On pense bien entendu à Columbine, on pense à Elephant, le dernier film de Gus Van Sant (Palme d’or à Cannes) et qui vient de sortir en France. Mais personne mieux que Dennis Cooper, sans doute, ne pouvait parvenir à décrire de l’intérieur cette horreur. De l’intérieur parce que sa manière d’écrire, toute de bribes savamment composées et agencées, rend compte de la façon finalement la plus réaliste qui soit, en tout cas la plus convaincante, de l’état de confusion de ces enfants aux familles défaites, de ces jeunes gens sans repères, incapables de maîtriser leurs pulsions, et d’abord de les comprendre, de les formuler. L’homosexualité ici problématique, refusée, et la drogue sont, parmi d’autres, les éléments d’une détresse inconsolable.
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La presse
Livre-suicide inspiré de la tuerie du lycée Columbine ; ou la barbarie d’un monde défait par l’absence des mots.
Ce qui est passionnant avec chaque nouveau livre d’un écrivain obsessionnel (les meilleurs le sont toujours), c’est de découvrir le nouvel agencement qu’il a choisi d’imprimer à ses obsessions.
Cooper signe peut-être un de ses meilleurs livres, un roman-suicide, lui-même en cours de désagrégation, parfaite mise en œuvre d’une menace de déshumanisation qui ne finit pas de l’inquiéter. Mais c’est aussi comme un interstice entre la mort de l’écrivain et le massacre dès lors indifférent de tous : un livre testament pour mieux rappeler l’importance des mots pour tout dire.
Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles, 1er octobre 2003