« La mémoire doit dérouler comme un ruban d’orgue de Barbarie un paysage à transformations, des lueurs et des silhouettes projetées par une lanterne magique qui ne sont encore rien d’un film. Tout est passé, tout est contemporain et ce que j’ai oublié c’est le moteur secret qui fait tourner cette machine. »
Après La Cause des portraits, Jean Louis Schefer poursuit avec ce nouveau texte l’exploration d’une enfance unique, son enfance, cependant si fortement et profondément décrite qu’elle en devient comme le prolongement mystérieux de toute enfance. Ce qui est en jeu, cette fois, c’est la manière dont la...
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« La mémoire doit dérouler comme un ruban d’orgue de Barbarie un paysage à transformations, des lueurs et des silhouettes projetées par une lanterne magique qui ne sont encore rien d’un film. Tout est passé, tout est contemporain et ce que j’ai oublié c’est le moteur secret qui fait tourner cette machine. »
Après La Cause des portraits, Jean Louis Schefer poursuit avec ce nouveau texte l’exploration d’une enfance unique, son enfance, cependant si fortement et profondément décrite qu’elle en devient comme le prolongement mystérieux de toute enfance. Ce qui est en jeu, cette fois, c’est la manière dont la religion s’empare de l’imaginaire pour en faire un lieu de terreur et de culpabilité à son entier bénéfice. Évidemment, le Christ de Grünewald, tel autre de Rembrandt (« …un sac chargé d’odeurs, une charogne décrochée et gonflée de gaz, un paquet de putréfaction… »), concourent efficacement à cette emprise dont l’auteur décrit aussi l’arrachement, par la pensée, par l’écriture.
« Peut-être toute l’affaire, tout l’espoir, le rêve, la souffrance et la chimère de notre enfance ont-ils été une espèce de lutte avec ce dieu invisible mais plus encore avec ce Christ dont il était plus douteux qu’il fût un dieu plutôt qu’un tourmenteur de nos âmes. »
L’ écriture de Jean Louis Schefer exalte cette description : paradoxalement, au lieu d’organiser les images du passé en un discours de raison, de reconstitution, elle les libère, elle libère leur noire puissance d’effroi.
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