— Paul Otchakovsky-Laurens

40 Portraits

Text[e]s : Dennis Cooper & Pierre Dourthe

Gisèle Vienne

Gisèle Vienne est plasticienne, chorégraphe, metteur en scène et photographe. Elle est aujourd’hui jouée à travers le monde entier. Elle travaille beaucoup avec Dennis Cooper dont elle a adapté plusieurs textes dont, notamment, Jerk, repris dans le recueil de nouvelles que nous avons publié l’année dernière (Un type immonde).

Un des axes de son travail est orienté vers les adolescents, adolescents en rupture, adolescents martyrisés aussi bien par les autres que par eux-mêmes. Adolescents impénétrables et cependant peu ménagés. Pour cela, plutôt que d’utiliser dans ses spectacles des acteurs uniquement elle s’est mise...

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La presse

Cet objet bilingue (anglais / français), original, est en trois parties. D’abord, Dennis Cooper avec son texte « teens2brelocated » une succession de voix, de mots d’adolescents pris dans des situations limites, lançant leurs phrases asyntaxiques a la façon d’un uppercut. Exemple « On dit que la vie est courte. Je suis là pour vous dire qu’elle l’était. On m’a donné l’autorisation de dire au revoir en premier Ciao ». Ou bien « Puisque l’espace est faux, que le temps n’existe pas la seule réalité qui vaille est celle du serpent tentant de charmer le petit oiseau ». Puis viennent les poupées de Gisèle Vienne quarante images couleur dont une majorité de jeunes filles, les yeux baisses, mèches de cheveux qui barrent le front, chemisier et médaillon, sweat rouge à capuche et rayures blanches. Apparition d’une cravate, d’un cocard, d’une cicatrice. Figurines maquillées ou teint pâle elles ne trichent pas, elles se placent naturellement à hauteur du gouffre de notre époque. Il y a une morgue une énergie, une insolence qualités de la chorégraphe de Kindertotenlieder et Jerck. L’album se termine par une approche de Pierre Dourthe, « Substitution », qui analyse cette série photographique d’effigies adolescentes leur répétition et les variations endossées par la sculpture. L’artificialité du corps, une poupée comme « construction fictive ». Etranges portraits qui, par leur beauté antipsychologique, font penser aux « modèles » de Robert Bresson quand il écrit « Modèle. Réduire au minimum la part de sa conscience. Resserrer l’engrenage dans lequel il ne peut plus ne pas être lui et où il ne peut plus rien faire que d’utile ». Et si Gisèle Vienne réinventait sans le savoir les Quatre Nuits d’un rêveur ?


Jean-Philippe Rossignol, Artpress, mai 2012.

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Gisèle Vienne, 40 Portraits, Gisèle Vienne - 40 portraits - mars 2012