— Paul Otchakovsky-Laurens

¡ Sauve qui peut Madrid !

Kiko Herrero

Une baleine morte, la sierra de Madrid, un terrain vague très vague, du vermouth, 40°C, des forains, la mort, la Cruz de los Caidos, des rats et encore des rats, un gorille, un détournement d’avion, une vierge, un alcoolique, des entrailles, Jeanne la Folle, une vieille voyeuse, un exhibitionniste, une source miraculeuse, cinq enfants, une seringue, une culotte, de Gaulle, des collabos, le Caudillo, un lycée, un arc de triomphe, un petit âne, un litre de vin, la peur, le Parc de l’Ouest, un garde forestier, une banane, deux fillettes, une mère, un magistrat à la retraite, un garçon, un curé, de la bave, Dieu, un courant intestinal, des robes de chambre et des robes de chambre, du champagne catalan, la...

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Traductions

Espagne : Sexto-Piso

La presse

L’étoffe d’Herrero


Tableaux d’une jeunesse madrilène, premier roman d’un galeriste parisien


Dans les vieux tableaux espagnols, les romans picaresques et les films de Luis Buñuel, c’est comme dans les rues du vieux Madrid : on tombe sur des aveugles, des nains, des putes, des curés aux allures de chauve-souris et des grandes dames au petit chien, bref, des monstres de toutes sortes. Ce n’est pas folklorique : c’est la vie même - la couleur violente et sarcastique de la vie. Les personnages donnent la mesure des hommes, de la société qui les réprime, de tout ce qui vit et souffre et s’agite sous l’écrasant couvercle. On en trouve donc, pour de vrai, dans le premier livre de Kiko Herrero. Il est espagnol. Il vit à Paris depuis trente ans. Il a écrit ¡ Sauve qui peut Madrid ! en français. Il n’est pas sûr qu’il publiera d’autres livres et c’est sans importance. Celui-ci est suffisant.
C’est un recueil de souvenirs d’enfance et de jeunesse, réels ou travaillés par l’imaginaire, dans la Madrid franquiste et postfranquiste, dans un village castillan de la Sierra de Guadarrama où l’auteur passait l’été. La première histoire conte l’arrivée d’une baleine en plein été à Madrid, où l’on n’en a jamais vu. Ce sont les années 60. Elle a traversé toute l’Espagne depuis La Corogne : on l’a transportée sur une remorque, «tirée par vingt hommes et huit bœufs galiciens». C’est comme le rhinocéros de Dürer ou le perroquet de Christophe Colomb. La foule s’assemble sur le terrain vague où, à 13 heures, on va découvrir l’animal. Il fait 40 degrés. L’odeur est insupportable. On mange, on boit, on danse, on s’asperge d’eau de Cologne. Enfin, au son du tambour, «les forains coupent le cordage, tirent la bâche et font apparaître l’animal. Le public est pris de panique. Le cétacé est en décomposition. Par grappes, des milliers de vers grouillent dans les barbes de la baleine. Ils sortent par tous ses orifices, bouches, ouïes, anus. […] Je doute de ces visions et je me demande si je ne les ai pas reconstituées d’après les narrations de mon père. Une certitude : l’odeur. L’odeur de putréfaction, l’odeur de la mort». Comment écrire ce dont on se souvient intensément, mais à peine ? «Il me restait cette odeur. J’ai supposé qu’on avait transporté ma baleine par bœufs, comme ceux qui transportent le fer dans Princesse Mononoké. J’ai sans doute voulu en faire une métaphore du franquisme finissant. »

Siamois


Si livre est écrit en français, le titre a une ponctuation espagnole : hommage ludique d’un monde à l’autre - celui qui est perdu. Les figures qui sortent de la baleine sont aussi précises, fantastiques et lointaines que les mendiants de Viridiana ou les bouffons de Velásquez. On visite avec l’enfant qu’il fut un laboratoire où se branlent des singes furieux, un autre où des siamois s’éternisent dans des bocaux : le fils du directeur a pris feu en jouant avec des allumettes. On suit des aveugles qui se font sucer par des curés, dans l’ouverture d’un portillon monastique du quartier de Chueca. On entre chez le meilleur glacier de Madrid, Los Alpes, fondé par l’Italien Don Pedro Martinelli. Le bar attenant est tenu par un couple.«La femme a la moitié du visage paralysé : un jour de canicule, couverte de sueur, elle fit face à un ventilateur qui figea à jamais le côté droit de sa figure.» Les histoires qu’on a crues sont celles qu’on a vécues : l’enfance est un rêve d’enfant
On chie et on manque se noyer dans une rivière qui s’appelle le Jarama : la scène joue implicitement avec El Jarama, chef-d’œuvre romanesque des années 50 de Rafael Sánchez Ferlosio ; l’ellipse ajoute à la sensation. On suit les cours du lycée français donnés par une peau de vache nommée Mme Sévère, elle s’appelait comme ça, ou un ancien collabo en exil qui boit son litron sous le nez d’élèves terrifiés. «Mes parents étaient francophiles sans être francophones, dit Kiko Herrero. Mon père admirait Napoléon, de Gaulle, Voltaire. Il m’a mis au lycée français autant pour des raisons politiques, échapper au franquisme, que culturelles, parler français. On enseignait les Fleurs du Mal, ce qui n’aurait pu avoir lieu dans un lycée d’Etat franquiste.» On se promène dans les couloirs de l’immeuble familial avec les voisines qui sortent à Noël en «batas», en robes de chambre, pour voir qui possède la plus belle comme au défilé. Une bonbonne de gaz explose chez l’une d’elles qui finit, comme une poupée, sous ses dizaines de «batas» déchiquetées. Dans ce Madrid sous la botte, l’imaginaire et l’existence se déchaînent avec une liberté dont on n’a plus idée
Chaque historiette est titrée, «Les ciseaux», «Treize fenêtres», «Castilla», «Le lynchage», «Les allumettes», «La Mortadela», noms d’un objet, d’une boutique, d’une personne qui en est le centre ou l’occasion. Aucune n’excède cinq pages. Si les personnages sont extravagants, le style est sobre et sans effet : on est bien du côté de Buñuel, un cinéaste que Kiko Herrero admire entre tous. Plus tard, on vit un peu la Movida, mais c’est tout sauf du Almodóvar, un homme qu’il a connu en robe de chambre, lui aussi, à cheval sur un balai avec un travesti, dans les hauts lieux de la nuit post-franquiste. C’est l’époque où le père de Kiko Herrero décline, où lui-même a une adolescence difficile, pédé, drogué, viré de partout : «Le paradoxe est que le temps de Franco est pour moi celui du bonheur.» La vie intime fait de la politique autrement.

Bâtards.


Kiko Herrero n’a pas 20 ans lorsqu’il commence ses allers-retours à Paris. Ses voyages, il les fait en auto-stop ou en douce dans les wagons de marchandise. La première fois, «les contrôleurs m’ont fait descendre à Poitiers. J’ai fait le tour de la ville, puis je suis revenu dormir à la gare, comme j’aurais fait en Espagne. Vers deux heures du matin, des hommes en scaphandre ont débarqué et ont jeté du gaz sur nous, les voyageurs sans destin. Pour moi, c’était inimaginable. Des Espagnols n’auraient jamais fait ça». Il va pourtant rester, et même faire plus : «En m’installant à Paris, j’ai oublié l’Espagne. Des amis se réunissaient le dimanche pour parler espagnol, manger de la tortilla ou du chorizo. Pour moi, c’était impensable. Je n’ai jamais eu de nostalgie.» Il ajoute, avec un léger sourire : «Je suis un parfait exemple d’intégration.» Aujourd’hui, le soir, il lit et relit Proust en français : «Beaucoup dans le désordre, maintenant. La Recherche est un livre exemplaire, car on peut le prendre n’importe où. Je n’aime pas les histoires avec un début, un milieu et une fin. Au cinéma, dès que je vois apparaître un fusil ou un pistolet, je me dis : ça y est, c’est foutu. Sauf si c’est Godard qui dit : ceci est un pistolet. »
S’il les a écrites dans le désordre, les histoires du livre sont rangées plus ou moins selon la chronologie de sa propre vie. Il s’achève par un épilogue, vingt-cinq ans après. L’auteur retourne à Madrid. L’une de ses sœurs aînées, schizophrène, est en train de mourir d’un cancer. Enfant, elle était d’une grâce pure et ne disait jamais, frontalement, que la vérité. Il l’observe, la veille : «C’est sans doute ce qui a déclenché l’écriture du livre.» Une autre sœur, alcoolique, va et vient dans l’appartement de 120 m2 où n’habitent plus qu’elle et leur mère. Vicenta a aujourd’hui 88 ans. Elle vient d’un village près de Cadix. Sa famille l’a quittée parce que les enfants étaient les bâtards du «cacique» local. Kiko Herrero a changé les prénoms
C’est aujourd’hui un long galeriste parisien de 52 ans. Il est puissant, timide, délicat et penche sous le poids de ses phrases, comme une créature venue d’un autre monde qui craindrait de tout casser en le caricaturant dans celui-ci. Ses mots français transportent l’ombre de leurs cousins hispaniques. Enfant, il allait le dimanche avec son père au Prado : «Les salles que je préférais étaient celle des peintures noires de Goya et celle des Ribera. Ribera prend des mendiants, des clochards, des réprouvés, et, dans ses clairs-obscurs, il les repeint en saints.» La Tempête de Giorgione (qui est à Venise) est l’un de ses tableaux préférés, «parce que, pour la première fois, il n’y a pas de sujet précis». Son père, orphelin militaire, est un ancien capitaine de l’armée républicaine. Il aime par-dessus tout un tableau «quasiment impressionniste» de Velásquez : les Jardins de la Villa Médicis. Il déteste la propriété privée. L’appartement familial a été acheté par les industriels pharmaceutiques qui l’emploient, des basques antifranquistes.


Dératisation


Après la guerre civile, l’Etat a mis Francisco Herrero en camp de concentration, puis en prison. Il y devient ami avec celui qui va bientôt y mourir, le poète Miguel Hernández, avec le dramaturge Antonio Buero Vallejo. Après ses années à l’ombre, il entame des études de médecine qu’il achève brillamment. Un chapitre du livre le décrit, avec son fils, pendant une tournée de propagande pour la dératisation. A la maison, viennent l’écrivain José Bergamín, Buero Vallejo. Kiko se souvient d’avoir vu pleurer la femme du dramaturge, parce qu’il refusait de lui donner un rôle : «J’étais choqué, on ne pleurait pas comme ça sous Franco.» Son parrain est un philosophe marxiste haut en couleur, ambassadeur d’Uruguay dans différents pays d’Europe. Kiko porte le même prénom que son père, Francisco. C’est une coutume en Espagne. Mais, comme l’un bénéficie du diminutif habituel, Paco, l’autre devient Kiko : «C’est un diminutif sans orthographe, j’ai choisi celle-ci pour le livre.» Qui évoque admirablement la figure paternelle, sa grandeur d’âme et sa fantaisie. «Mon père était un extraordinaire conteur, dit-il. De n’importe quoi, une tasse, une voisine, un paysage, il faisait une histoire. Mais il ne parlait jamais de lui.» Le peu que son fils sait vient d’une tante qu’on disait folle. Quand il a compris qu’elle disait vrai, il avait en partie oublié.
Des reproductions découpées de tableaux sont toujours sur les murs de l’appartement familial à Madrid : beaucoup de Picasso, «qui était pour nous l’artiste exemplaire», le génie résistant. Quand Kiko est venu en France, «c’était un peu sur ses traces. J’ai commencé par des tas de petits boulots. Le premier déménagement que j’ai fait était justement celui d’une imprimerie, dans l’immeuble de Picasso, rue des Grands-Augustins.» Dans sa chambre d’enfance, devenue chambre d’ami, il y a encore l’Autoportrait de Dürer qu’il avait punaisé, celui du Prado. Dans les années 60 et 70, les Herrero vivaient à neuf dans l’appartement madrilène. Les souvenirs ont remonté quand Kiko a échangé des mails en espagnol avec sa sœur alcoolique. Ensuite, il les a écrits en français, toujours par mails, à une amie artiste. Sont-ils vrais, réinventés ? «Ce n’est pas une autobiographie. Entre frères et sœurs, on se raconte beaucoup d’histoires, et, à la fin, on ne sait plus ce qui est vrai et faux. Il reste une trame, c’est ce que j’ai recherché. »
Le temps a passé. La galerie parisienne de Kiko Herrero et de son ami Serge Ramon a été le théâtre de fêtes et d’installations. Ils organisent ces jours-ci une série d’événements pour la publication de la Pharmacie des mots, du Danois Morten Sordengaard (Editions Joca Seria). On peut lire des phrases étranges, assez drôles, écrites sur de faux modes d’emploi rangés dans des boîtes de médicament vides. La galerie existe depuis 1996. Elle s’appelle EOF : le mot vient d’«Oligophrène fatal», nom d’une bande qu’il avait formée jadis avec des amis : «Nous faisions de performances et des opérettes très baroques et chaotiques, la Passion du Christ, l’Amour et la Mort de Cléopâtre et Marc Antoine…» L’oligophrénie est une faiblesse d’esprit. EOF a commencé par exposer des peintres, des photographes, puis, la crise venant, a accueilli toutes sortes d’événements. C’est là que Paul Otchakovsky-Laurens, son futur éditeur, a fêté les 25 ans de sa maison. C’est là que l’écrivain Edouard Levé a exposé ses photos. Kiko Herrero le connaissait bien : «Il avait un humour tellement noir, et il n’en sortait tellement pas, qu’on ne savait jamais quoi penser de ce qu’il disait et vivait. A la fin, on a su. Mais c’était encore une mise en scène.» Edouard Levé s’est tué en 2007
La mort de Franco ne fait, dans le livre, l’objet que d’une ligne : «Bien sûr, j’aurais pu écrire que nous avons fêté ça au champagne, puisque ça s’est passé comme ça. A quoi bon ? Ce qui est bien dans la mort de Franco est qu’il y a eu, clairement, un avant et un après. C’est une chance de pouvoir reconnaître que le père meurt et que des valeurs démocratiques, plus féminines, apparaissent aussitôt.» Malheureusement, à cette époque de Movida, le vrai père meurt aussi. Les deux dernières années, il contemple sans fin un petit jeu en inox qu’on lui a offert. Il ne lit plus, ne parle presque plus. Un jour, il demande à un vieil ami, le grand général républicain Nilamón Toral, de parler à Kiko qui ne fout plus rien. Le chapitre s’intitule : «Le général». C’est une promenade avec ce héros d’une simplicité absolue, qui a passé vingt ans en prison. L’adolescent, exaspéré, attend le sermon - qui ne vient pas. Le général reste muet, marche longtemps, boit un verre de lait. Indiquant des arbres, il dit : «Observe la majesté de ces noyers, de ces ormes. Ils ont été témoins de la plus longue bataille de la guerre civile, la bataille de la cité universitaire.» C’est tout. Deux jours après notre entretien, Kiko Herrero précise par mail : «Je me rappelle maintenant de son enterrement à [la cathédrale de] l’Almudena . Le général Líster [1], très impressionnant par sa taille et son charisme, et la moitié du Parti communiste versant stalinien, était là. C’était un monde finissant de héros mal en point. Je ne sais plus en quelle année [1983]. Ah, et la femme de Nilamón Toral, une blonde aux yeux bleus, avait été Miss Madrid pendant la République.» (1) Militant communiste et officier républicain, mort en 1994.


Philippe Lançon, Libération, 26 Novembre 2014



La movida-gueule de bois


Kiko Herrero raconte l’ivresse de liberté à Madrid, années 1980, et comment lui survivre.


Né à Madrid au début des années 1960, l’Espagnol Kiko Herrero est allé en classe au " vieuxlycée français, repaire de collabos ". " Où pouvaient-ils se fondre mieuxque dans l’Espagne de Franco ? Maîtres et maîtresses ont gardé leurs vieilles habitudes : distiller la peur, semer la graine de la dénonciation. " La France terrorise le jeune homme. C’est pourtant à Paris qu’il choisit de s’exiler en 1985, quand " Madrid commémore quotidiennement la liberté retrouvée " et vit au rythme de la movida. Las d’une vie de noctambule qui ne se résume plus qu’à " communiquer, parler, sortir, vomir et se droguer. Forniquer et dormir. Dormir et dormir ", le jeune homme choisit de se sauver et d’échapper à l’emprise de sa ville.¡Sauve qui peut Madrid! égrène, en soixante-quinze brefs chapitres, comme autant de vignettes, les souvenirs d’un homme qui a choisi l’exil mais n’a pas oublié qu’il était madrilène
Sans chercher à expliquer pourquoi deux de ses soeurs ont peu à peu perdu la raison, ni pourquoi lui-même s’est laissé happer par la nuit et toutes ses tentations, Kiko Herrero réussit, dans ce premier roman, à rendre extrêmement vivantes et attachantes ces scènes d’une enfance et d’une jeunesse espagnoles, et à évoquer son hispanité sans pittoresque mais avec souvent beaucoup de cocasserie. Il n’ignore pas que les images les plus précises ne sont sans doute que des reconstructions, mais il sait aussi que " quoi qu’il arrive les souvenirs lointains sont durs à effacer " et le constituent. Il les accueille donc autant qu’il les convoque, suivant les mouvements d’une écriture vive, tendre et élégante.


Passions sans lendemain


Troisième enfant d’une fratrie de cinq, premier des garçons de cette fratrie, " le premier tout en étant le troisième ", " le dernier des trois premiers ", " le premier des trois derniers ", l’enfant cherche sa place. Il la trouve à l’école, au dernier rang, en occupant celle du cancre. Il croira aussi sans doute la trouver dans le monde de la nuit, figure de proue de la movida, confondant " l’aube et le crépuscule ", lisant les notices des médicaments avec lesquels il se drogue " comme onlit du Verlaine " et rêvant de nommer ses hypothétiques enfants " Macrogol, Chlorure, Diethylamine, Carbomère ou Propyglycol ". Il enchaîne les passions sans lendemain au sein de la communauté gay, et comprend soudain qu’il ne vit qu’" une suite de maintenants " où " le futur cesse d’exister ", accompagnant " un pays qui se lance dans une course à l’instantanéité
C’est au regard de cette période de sa vie que le travail de la mémoire qu’il entreprend ici prend tout son sens. A cette époque, vécue sur un mode frénétique, sa " douleur - était - de pure surface ; - s - a souffrance sans qualité ". " Le lien qui me rattachaitau sentiment tragique de la vie, écrit-il, si castillan, est cassé. Je suis un être qui a perdu le sens du collectif et se répète à l’infini. Mon père portait un monde en lui, une culture. Moi, je suis un ectoplasme. Je vis sans but ni croyance et ma vie est une parenthèse. " Ecrire devient alors une manière de conjurer la vacuité et l’amnésie d’une époque postmoderne, en crise perpétuelle : " Crise chronique du temps. Crise des fondements de la pensée. Plus d’éternité. Crise sans fin ", qu’un exil à Paris n’a sans doute pas suffi à endiguer. Reste donc à retrouver le fil de son histoire, pour renouer avec la profondeur d’un temps intime et d’une mémoire tant culturelle que familiale. Pour sauver Madrid


Florence Bouchy, Le Monde des Livres, décembre 2014



Vidéolecture


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