— Paul Otchakovsky-Laurens

La mer c’est rien du tout

Joël Baqué

Ce livre est constitué de micro-textes qui racontent l’enfance de l’auteur, sa carrière de policier, profession qu’il exerce encore aujourd’hui. Il décrit sa découverte de la littérature à partir d’un livre trouvé sur la plage où il travaillait comme maître-nageur-sauveteur des CRS. Ses souvenirs professionnels, parfois durs, souvent insolites, côtoient des constats, tendres et amusés, sur les enfants et sur nombre de situations du quotidien. Des figures récurrentes traversent ce récit éclaté (les parents, une soeur aînée d’une rare beauté) et une même langue simple et précise, doucement ironique s’y fait...

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La presse

Le tétanos pour rire


Le « je me souviens » du poète Joël Baqué


« J’ai été membre actif du peuple des enfants, adolescent vaseux (mais courant vite et longtemps !), gendarme mobile, CRS avec la spécialité de maître nageur-sauveteur et puis officier de police, encore en ce moment où j’écris ces lignes ». Poète et commandant de police, zèbre de 53 ans aux drôles de rayures, Joël Baqué livre dans La mer c’est rien du tout son troisième livre chez P.O.L après Aire du mouton (2011) et La salle (2015), son « je me souviens », délicatement mélancolique, plein d’un humour modeste et doux.
On est dans un village de l’Hérault, près de Béziers, dans les années 1970. Le père est exploitant viticole « bien plus fort en vigne qu’en relations humaines », euphémise son fils. La mère, silencieuse, avale des cachets «fervessants » Valérie, la grande soeur est d’une beauté miraculeuse. Paul, le petit frère, bégaie. Joël, lui, c’est le sportif de la famille, son truc c’est la course à pied. Les souvenirs remontent ainsi le temps par la petite porte : la feria du mois d’août, le rugby, l’odeur du vernis à ongles et les «jambes de héron » de Valérie, la crédulité de Paul qui deviendra facteur et aimera les garçons. L’écrivain fait entendre des bribes de langues perdues. Dans le glossaire paternel, les « bouillacades » désignent ce qu’il n’aime pas, ne comprend pas. A peu près tout. Chez les enfants de « la maison en quérons », on prétend pour rire pouvoir attraper le tétanos en se lavant les cheveux. Et en mourir.
Ces temps les plus anciens sont aussi ceux où « on employait jamais de mots pour le seul plaisir de les dire ». « La poésie non poétique » arrivera par la plage sous la forme d’un livre de Francis Ponge donné au secouriste et futur écrivain par un vacancier. Grâce à elle, la beauté de Valérie est éternelle.

Véronique Rossignol, Livres Hebdo, 14 octobre 2016



Les choses et nos efforts


Joël Baqué se souvient, avec acuité, de son enfance, rude, et de la construction de l’homme qu’il est devenu.


(...)
Avec Joël Baqué, on quitte les intérieurs bourgeois pour se nicher au coeur, au plus près, d’une famille modeste : par le budget (« Il fallait « faire attention »), mais aussi par l’autopersuasion permanente de ne pas péter plus haut que son cul (« Acheter du fromage à la coupe était aussi inimaginable que boire du thé ou sourire à un étranger »). Le père : borné, tyrannique, définitif. La mère, dépressive/hystérique/soumise : « Les blouses en tergal, la robe de chambre en nylon matelassé, les pantoufles (400 points Coop). » On est dans le Languedoc, pas loin de la mer, mais on n’y va pas, parce que, dixit le père, « la mer c’est rien du tout ». C’est aussi le titre de cette évocation autobiographique qui lorgne vers le Je me souviens de Georges Perec, bribes de « mémoire comme une chatière par où vont et viennent les vivants et les morts », où chaque mot est essentiel, déposé à sa juste place, où chaque instantané dit les lumières, les odeurs, les sons de cette enfance, ses injustices et ses bonheurs. Une enfance de guingois, où les livres étaient accusés de « tuer la vue », où « le patron disait "André", mon père disait "Monsieur" », où la « mère ne savait rien dire jamais ».
Les enfants grandissent. Font leur chemin. Évidemment, pas comme le père voudrait : « Il a jusqu’au bout refusé Paul gay et pas seulement facteur, Valérie mannequin et pas seulement sous-officier de l’armée de terre, Joël écrivain et pas seulement fonctionnaire-avec-la-sécurité-de-l’emploi. » Car oui, Joël a creusé un drôle de sillon : d’abord plus jeune gendarme de France, puis maître-nageur-sauveteur des CRS, puis officier de police. Et écrivain, après avoir découvert un recueil de poèmes de Francis Ponge sur la plage. Un parcours singulier, comme pour s’extirper de la masse : « Le peuple des humains est papillon d’abord, chenille longtemps et larve enfin. »


Jacques Lindecker , L’Alsace.fr, 6 novembre 2016



Retrouvez l’article de François Huglot sur La mer c’est rien du tout sur le site sitaudis et celui de Jean-Paul Gavard-Perret sur lelitteraire.com



Officier, au rapport !


Certains très bons livres sont aussi de vraies catastrophes pour la littérature. Ils deviennent, bien malgré eux, moins des modèles que des patrons, des gabarits, des matrices. Le principe originel auquel ils obéissent semble infiniment reconductible, la recette facile à imiter. Et chacun veut faire sa gaufre dans ce moule à gaufres. Telle est la postérité du Je me souviens, de Georges Perec (Hachette, 1978), lui-même inspiré d’ailleurs par le I Remember, de Joe Brainard (1970). La mode fut lancée, qui dure toujours. Un genre littéraire en soi, comme le haïku, qui offre aux paresseux et aux velléitaires vaguement tentés par l’aventure d’écrire l’occasion de franchir le pas en douceur et sans frais. Les souvenirs viennent par quintes comme la toux, on a tôt fait de remplir sa page. Puis la nostalgie est le nouveau ciment social. Les générations circulent en processions dans le grand cimetière des enfances mortes et des époques révolues. On pleure ensemble. On se serre les coudes. On se souvient. C’est si bon.
La mer c’est rien du tout, le nouveau livre de Joël Baqué, pourrait passer de prime abord pour une énième variation autour du genre. Fragmentation extrême, sens du détail biographique universel, marqueurs sociaux clairement identifiés. Or c’est peut-être justement là que des différences commencent à se faire jour. La première distorsion naît de la trajectoire peu commune de Joël Baqué. Son père travaillait dans les vignes aux alentours de Béziers. II grandit dans ce milieu modeste, plutôt rude, devient le plus jeune gendarme de France puis CRS, affecté à la surveillance des plages. C’est là qu’il trouve un jour un livre de Francis Ponge oublié et que lui vient le goût de la poésie puis de l’écriture. Il est à ce jour l’auteur de sept livres et officier de police en activité. Tous ses livres, comme ce dernier encore, sont brefs ou fragmentaires - minceur qu’un mauvais esprit attribuerait peut-être à la légendaire frappe monodactyle du flic de base, ce dont je me garderais bien : je ne tiens pas à être coffré pour insulte à agent dans l’exercice de ses fonctions d’écrivain.
S’il n’a pas la radicalité formelle des livres d’Edouard Levé (Autoportrait, POL, 2005), auxquels on pense aussi, ni ne semble habité par la même urgence, La mer c’est rien du tout impose page après page sa nécessité. « La vie n’est pas un continuum », écrivit Arno Schmidt (1914-1979). Rien de mieux indiqué dès lors que la note ou le fragment pour saisir ces flashs et ces instants qui la constituent. Le texte tout d’une pièce de l’autobiographie classique ne sera jamais que le roman d’une vie, c’est-à-dire un tissu de mensonges. Paradoxe: le livre de Joël Baqué est cependant très construit. Des passerelles invisibles, en fils d’araignée peut-être, relient entre eux les fragments très courts. Insidieusement, une histoire se raconte.
Elle commence au début des années 1960 près de Béziers. Il y a inévitablement le père, borné et péremptoire (on lui doit le titre du livre) ; la mère conséquemment mutique et effacée; une soeur, Valérie, la beauté du village; un frère, Paul, affligé de bégaiement et dont l’homosexualité est encore un secret y compris pour son polichinelle. Les fins de mois sont difficiles, leurs entames pas simples non plus, l’économie est de rigueur: « Trop cher pour nous, c’était presque tout. (...) Acheter du fromage à la coupe était aussi inimaginable que boire du thé ou sourire à un étranger. »
Ce n’est ni la misère noire ni l’enfer domestique. Ce n’est pas très gai, mais c’est l’enfance tout de même. « J’ignore si j’ai été plutôt heureux ou plutôt pas heureux », écrit Joël Baqué, ce qui est une belle définition de l’insouciance. Une enfance en effet ne s’évalue pas objectivement comme un bilan d’entreprise. Et même si le père s’emploie à dissiper les enchantements - « C’est bonsaïs qu’il nous aurait voulus » -, toutes ces années sont aussi illuminées par la beauté radieuse et ingénue de Valérie dont son frère profite à sa façon: les garçons essaient de gagner ses bonnes grâces en le soudoyant pour approcher plus facilement la belle. Si l’on éprouve déjà la dureté de l’existence, il se pourrait pourtant qu’elle ne soit plus jamais aussi douce: « Le pompon restait plus longtemps devant les enfants un peu lents parce qu’on n’était pas encore dans la vraie vie mais sur un manège. »
Les chevaux de bois vont s’emballer. « Personne n’a le temps de s’habituer à son enfance. » Une ironie, souvent drôle et triste à la fois, donne de la profondeur à ces notes d’une fausse neutralité. L’ellipse est la forme poétique du tact. S’esquissent ainsi les destins tragiques du frère et de la soeur tant aimée. Valérie a le visage que l’auteur voudrait retenir de son enfance, afin aussi de ne pas donner rétrospectivement raison à la brutalité du père, acharné à tout déconsidérer: la mer et les livres comme ses enfants. «Les repas de fête se reconnaissaient aux oeufs mimosa en entrée et aux portes claquées à la fin. »
Joël Baqué évoque ensuite - toujours par petites touches précises et nettes - ses débuts de policier. Et d’écrivain, donc, par un concours de circonstances que toute cette vie cependant, inéluctablement, fomentait depuis l’origine.

Eric Chevillard, Le Monde, 16 décembre 2016



Police spéciale


Le merveilleux récit autobiographique d’un CRS poète, qui offre une plongée nostalgique dans la France de Pompidou.


Si on faisait du marketing, on dirait que « le roman le plus sensible de cette année 2016 a été écrit par un CRS ». Mais comme on ne fait que du journalisme, on dira que La mer c’est rien du tout, de Joël Baqué, est une sublime autobiographie. Soit une jeunesse au milieu des vignes du Languedoc, au temps des chansons de Daniel Guichard, des crèmes Mont Blanc praliné et des points Coop - ah, le fameux plat en Inox pour 3 000 points !
Ce côté radio Nostalgie sert uniquement de décor. L’essentiel est ailleurs : un père vigneron irascible, une mère soumise et une soeur belle à créer des embouteillages dès qu’elle met les yeux dehors. Et, au milieu, légèrement perdu, notre Joël, qui sera le plus jeune gendarme de France, avant d’être affecté à la garde de la propriété mitterrandienne de Latche et de devenir CRS maître-nageur.
Un beau jour, un vacancier apporte au poste de secours un livre de Francis Ponge oublié sur la plage. Coup de foudre : le policier se fait poète. A quoi tient une vocation... A coups de brefs paragraphes impressionnistes, la prose poétique de Joël Baqué restitue merveilleusement les parfums du passé (« Le peuple des enfants sautille dans les rues froides avec ses capuchons pointus et ses bonnets à oreilles d’ours »). Hissons donc bien haut le drapeau vert : vous pouvez entrer sans hésitation dans La mer c’est rien du tout. Elle est bonne. Très bonne, même.

Jérôme Dupuis, L’Express, 14/20 décembre 2016




La mer c’est pas grand-chose, et la mère non plus. Le père, lui, est amer, un peu mesquin, gris.
Joël Baqué décrit l’adolescence des années 70, dans un bourg de l’Hérault, chez les ouvriers viticoles, auprès de sa soeur si belle et de son frère qui aimera les garçons et en mourra. Il raconte les tourne-disques dont le couvercle fait enceinte, les bicyclettes aux poignées pailletées (les débuts du chic mis à la portée des pauvres), le vernis à ongles de sa soeur, la télévision énorme. Les oeufs sont mimosa, la macédoine en boîte, les plats en inox et les blouses en nylon. Ne manque que le couteau électrique Seb bicolore pour que la nostalgie soit complète.
Brefs paragraphes décrivant une scène, un tableau, c’est la vie mode d’emploi, à ceci près qu’il y a une histoire derrière, celle de cet enfant plus doué, qui regarde cette famille à ses yeux bizarre, la sienne. Par touches impressionnistes, on recrée la maison en quérons, avec le magasin derrière, les parents mal mariés, les rêves de la mère, d’exotisme lointain ou de simple pique-nique à la plage, qui se racornissent, la tendresse, l’humour et la taquinerie, qui ne circulent qu’entre enfants.
Comment quitter au plus vite cette maison, comment s’éloigner de cette famille quand la soeur, unique belle chose, est partie ? Eh bien, il court, il va de plus en plus vite, il s’en «sort» comme ça; il échappe à la vigne en devenant gendarme.

Cette fratrie, c’est la dernière génération, celle des années 60, où les enfants sont le résultat inéluctable de la vie de couple, et non projets, objets de consommation ultime car voulus, organisés, acquis d’une certaine façon. Plus bouches à nourrir qu’êtres à chérir. Le narrateur, lui, n’en a pas, d’enfants. Il décrit avec une immense tendresse un «peuple» auquel il n’a pas rajouté un sujet. Cherche-t-il à expliquer ce choix - ce non-choix ? - par ce passé pas très heureux, par cette mère reléguée, cette pas-grand-chose ? On devine l’apparition d’une femme dans sa vie et les toutes dernières lignes du récit. C’est certainement à elle que s’adresse ce livre - elle qui sera quelque chose.



Chloé Bertolus, Libération, 4 février 2017




Baqué en justes morceaux



Quand un CRS morcelle en fragments drolatiques ou amers son âpre enfance languedocienne et la fait se faufiler par le chas précis de la littérature, ce qui semble de prime abord un livre infime devient maousse costaud et salutaire.


Joël Baqué fait partie du « peuple des enfants » des années 1970. De ceux qui ont été biberonnés aux Shadoks et aux Envahisseurs, trouvaient de sensas bibelots de plastique au fond des paquets de lessive Bonux et avaient des meubles de cuisine en formica. De ceux qui ont exulté face aux exploits dorés de Nadia Com?neci ou tenté de faire « pisser les cigales en leur mettant les pattes dans l’eau froide ». Dans sa famille nucléaire de Montblanc (près de Béziers), il y a André, sinistre paternel qui travaille dans les vignes, décime les portées de chatons à la pelle et assène des vérités qu’il juge indiscutables - « L’accordéon c’est plus difficile que le piano parce qu’en plus des touches faut doser l’air. L’accordéon, ça oui c’est quelque chose ! » La mère - à peine si elle a un nom - tente de noyer sa dépression en ingurgitant un « cachet fervessant » après l’autre. Paul, le naïf frère cadet et bègue, se découvre une attirance pour les hommes dans le catalogue de La Redoute et la brune soeur Valérie, véritable astre de la maisonnée, est « belle dans toutes les langues », « rayonna[nt] par sa seule nature ». Au milieu de cette mélasse, Joël est l’athlète attentif qui tente de tirer son épingle du jeu et que jeunesse se passe.



Il y avait de fortes chances que ce texte-là, aussi attendrissant que diffracté, passe à travers les mailles de notre filet. Pensez - même pas 200 pages, de tout-petits tessons d’âge-pas-si-tendre qui pourraient évoquer par la bande le Je me souviens de Georges Perec ? Vous ne l’auriez peut-être pas acquis contre un Faulkner, troqué contre un prix Pulitzer ou échangé contre un Brautigan. Ce serait sans compter la façon parfaitement gouleyante de Baqué de faire jaillir d’imparables formules, et son sens acéré - lui qui fut converti à la littérature grâce à Ponge - de ce que sont les choses et les mots et de leur hiérarchie, sous la surface (« les banderilles comme hybride du harpon et de la guirlande » ou « je reste rétif à la masculinité de termite »).



Comme Valérie Mréjen (notamment l’Agrume et Mon grand-père, publiés chez Allia) ce drôle de zig - qui a devancé l’appel à dix-sept ans et fut à son époque le plus jeune gendarme de France - joue les entomologistes de l’enfance, avec drôlerie aigre-douce et méticulosité. Comme Lydia Davis (infra-nouvelliste américaine à qui l’on doit récemment le recueil Histoire réversible, chez Bourgois), il fait mouche de façon piquante et condensée mais toujours étonnante.



Le titre de son viatique de poche, négation même de l’importance des réalités qui nous paraîtraient a priori immenses, joue d’ailleurs déjà les pieds de nez : il nous confronte à ce tamis insidieux à travers lequel le pater familias, inlassablement obtus, fait passer les situations épatantes pour les saboter. À cette manière péremptoire dont il renvoie dans les cordes tout enthousiasme, à commencer par les disques, les minijupes, Claude François ou les livres « accusés de tuer la vue et d’emplir l’esprit de
bouillacades ».


La mer c’est rien du tout agit donc à nos yeux comme un signal d’alerte, un sésame implicite pour nous encourager à maintenir - envers et contre les censeurs - la joie intacte grâce au pouvoir agissant et fourmillant du langage et de la littérature.



On ne vous en dévoilera guère plus parce qu’on ne voudrait en rien gâcher le plaisir de votre propre jonglerie avec ces croquants osselets - plus justes que nostalgiques - à (r)assembler au gré des pages comme des autocollants Panini. On aimerait juste prendre le pari que, comme nous, vous adopterez Joël Baqu Pauline Delabroy-Allardé. Parce que ce gars-là, avec son nom sur trois couvertures (Aire du mouton et la Salle, tous les deux aussi chez P.O.L.), on peut désormais vous affirmer que c’est quelque chose.



Anne-Lise Remacle, Karoo, 6 février 2017




Retrouvez l’article de Pauline Delabroy-Allard "La poésie du CRS" sur La mer c’est rien du tout, sur le journal en ligne En attendant Nadeau à l’adresse suivante: http://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/02/28/poesie-crs-baque/.



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Agenda

Du vendredi 17 au dimanche 19 mai
Neige Sinno et Joël Baqué au Festival La Comédie du Livre (Montpellier)

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