— Paul Otchakovsky-Laurens

L’ École des soignantes

Martin Winckler

2039. Hannah Mitzvah quitte sa lucrative activité de codage informatique et émigre à Tourmens (ville de France qui apparaît déjà dans tous les romans de Martin Winckler) pour se former au soin. Là, on ne soigne pas comme ailleurs : dès 2022, un mouvement féministe transforme le CHU en école expérimentale et révolutionne l’apprentissage du soin, concentre ses efforts sur l’accueil bienveillant, la formation de professionnelles de santé empathiques et une approche globale des personnes. La médecine qu’on pratique est centrée avant tout sur la santé des femmes.
A l’École des soignantes, Hannah apprend que pour avoir le droit de pratiquer...

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La presse

L’ École des soignantes


Nous sommes en 2039, et les méthodes de cette école révolutionnent le soin hospitalier. Un ouvrage ensorcelant qui met les femmes à l’honneur.


Depuis Le Choeur des femmes (2009), on savait l’écrivain médecin Martin Winckler à l’écoute des patientes. Dix ans après, l’amateur de séries et feuilletons qu’il est renoue ici avec quelques héroïnes de cette étonnante saga médicale, dont Djinn Atwood, l’interne carriériste des années 2000, peu à peu convertie aux méthodes douces d’un gynécologue gourou, le docteur Franz Karma. Pas de panique ! Si les lecteurs du Choeur des femmes éprouveront un vrai plaisir en s’immergeant dans cette suite, les autres goûteront pareille jubilation. Nous voilà donc en 2039, au coeur de cette exemplaire École des soignantes que dirige désormais Djinn, dans le centre très oublié d’une France qui a connu les pires accidents climatiques. C’est plus prudent. Les méthodes prônées dans ce sanctuaire du soin révolutionnent en effet la médecine hospitalière. Ici la maladie est considérée comme le résultat d’interactions entre les humains et leur environnement ; et soigner est simplement mettre les malades dans une situation différente de l’ordinaire. «Malades» ? Plutôt «soignés»: plus positif ! Et leur rôle dans la guérison est aussi important que celui des soignants. Ou plutôt des « soignantes », car l’engagement essentiel des femmes en la matière est là-bas enfin reconnu et valorisé dans toutes ses dimensions...

Cette lecture sidère. A-t-on déjà lu chez un écrivain pareil témoignage d’empathie, d’admiration à l’égard du sexe opposé ? Winckler ou l’anti-Houellebecq. Et pour ne pas risquer de brouiller un cheminement tout féministe, le narrateur, Hannah, est un homme asexuel à qui ses deux mères lesbiennes ont voulu donner un prénom féminin... Il s’offre avec dévotion à cette École des soignantes, dont il intègre le pôle Psycho où il assiste Djinn. Certains dons exceptionnels s’y révéleront. Comme faire parler en soi des aïeules sur plusieurs générations... Les histoires intimes, fracassantes, tragiques, magiques se passent ici mystérieusement de fille à fille dans certaines lignées.

Un des attraits de cet ensorcelant ouvrage au climat fantastique, nourri de folle modernité comme d’éternel archaïsme, est de constamment évoquer combien nous avons besoin d’histoires pour vivre. Vraies ou fausses. Nous en sommes construits, nourris. Elles nous forgent. Nous hantent. Nous apprennent à rêver comme à résister. Hommage aux femmes ou à la littérature alors, que cette Ecole des soignantes? Mais si femmes et littérature étaient mystérieusement liées...


Fabienne Pascaud, Télérama, mars 2019



A lire d’urgence


Martin Winckler poursuit sa série romanesque médicale, avec L’École des soignantes, utopie enthousiasmante dans laquelle les femmes sont soignées comme des reines.


1989, le docteur Winckler publiait son premier livre, La Vacation, bien avant que la série « Urgences » n’affole les téléspectateurs. Débutait ainsi un projet littéraire fabuleux, raconter la société à travers la manière dont elle soigne ses malades, dans des « romans documents » inspirés de son expérience de médecin et écrits sur un mode feuilletonesque. Ainsi, L’École des soignantes est le prolongement du Choeur des femmes. A rebours des dystopies qui envahissent les librairies, Martin Winckler écrit lui une utopie féministe, faite de mille et une vies. La trame ? En 2039, Hannah Mitzvah décide de quitter son activité de codage en informatique pour devenir soignante au centre hospitalier holistique de Tourmens. Dans ce CHU, les règles d’orthographe ont évolué, le féminin l’emporte sur le masculin, et c’est étrange de constater à quel point cette inversion change la manière de voir le monde. Ainsi, Hannah est une soignante, mais c’est bien un homme qui lutte contre la mélancolie en dansant des claquettes et qui possède le don de deviner le futur des malades, juste en touchant leurs mains. Incursions fantastiques, mélopées poétiques, le romancier se joue de tous les genres, grammaticaux, littéraires, humains, avec la dextérité d’un chirurgien des âmes.

Mais retour à Tourmens : sous l’impulsion d’un mouvement féministe, le CHU est devenu une école expérimentale et un hôpital révolutionnaire, où l’on soigne les femmes de manière digne et humaine. Sur son blog, Martin Winckler a été l’un des premiers à dénoncer les violences médicales qui leur étaient faites. Ce roman propose une foultitude de pistes. Ecouter les soignées d’abord, ne les traiter ni comme des cobayes, ni comme des enfants, ni comme des folles. Transformer également l’enseignement des soignants, avec l’idée que soigner, c’est enlever une tumeur, mais aussi « retourner trois fois en un quart d’heure dans la même chambre pour retaper un oreiller ». Le CHU est menacé, une course contre la montre engagée... Personne ne raconte comme Martin Winckler les douleurs que les femmes portent dans leur chair. Et le mot gratitude vient à l’esprit en refermant ces pages.


Olivia de Lamberterie, Elle, 22 mars 2019



Après Le Choeur des femmes, formidable description du paysage médical, Martin Winckler nous téléporte en 2039, au sein du Centre hospitalier holistique de Tourmens. L’ancien généraliste accueille son lecteur dans un utopique îlot de soin démocratique, féministe et inclusif, où est abolie la frontière hiérarchique entre médecin et patient. D’ailleurs, ces mots n’existent plus. Soignées et soignantes (la féminsiation est de mise) évoluent à armes égales dans un lieu tenant autant du béguinage que de l’agora politique ou de l’asile - au sens premier. Ici, les équipes se questionnent sans cesse sur leurs usages, valeurs ou places. Dans cette fourmilière révolutionnaire, nous suivons Hannah, qui débute sa formation et gagne la confiance de Jean Atwood, célèbre praticienne (et héroïne du Choeur des femmes). Auteur et médecin militant, Martin Winckler compose ici un nouveau roman d’apprentissage choral, où l’engagement naît de l’émotion. Personnage à part entière, le CHHT impose son éthique contre toute marchandisation du soin et des êtres humains, au coeur d’une histoire éclairant avec bienveillance les ressentis et la puissance des femmes.



Sarah Elghazi, Le Magazine culturel, avril 2019.

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