— Paul Otchakovsky-Laurens

En plein vent

Nicolas Bouyssi

Le héros a tout quitté de sa vie ordinaire, provisoirement, pour la reconsidérer et, éventuellement, la reprendre sur de nouvelles bases. Il convoque des amis pour leur dire ce qu’il pense d’eux – mais aucun ne viendra –, il s’égare dans une forêt et s’aperçoit à cette occasion qu’il a perdu tout contact avec la nature, il maltraite ses intestins qui le lui rendent bien. Et puis il rentre dans le rang, un rang lourd de menaces.

Ce roman est écrit à la manière si particulière de Nicolas Bouyssi, soit une manière à la fois douce et implacable de cerner les pensées d’un personnage, de l’amener à formuler les...

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La presse

Le retour aux forêts


Après Le gris, Nicolas Bouyssi surprend à nouveau avec En plein vent.


Avec Le gris (P.O.L, 2007), Nicolas Bouyssi signait l’un des premiers romans les plus intrigants et les plus réussis de ces dernières années. Portrait d’un rebelle des temps modernes ayant décidé d’emprunter une autre voie que ses contemporains, Le gris marquait de toute évidence la naissance d’un écrivain.


Une impression aujourd’hui confirmée à la lecture du déroutant En plein vent. Le deuxième livre de Boyssi comporte trois parties, "Départ", "Arrivées", puis à nouveau "Départ". Un vendredi de novembre, son narrateur, "un type majeur dont on dit toujours du bien", s’enfonce dans une forêt. Nous savons qu’il fume, porte une gabardine au col en fourrure dont la poche intérieure contient plusieurs enveloppes, et s’est muni d’un sac et d’une lampe.


"Dans ma vie, quelque chose est sur le point de disparaître. Parallèlement, quelque chose est en train de monter", nous raconte cet homme en "quête de déhiscence", lequel explique que, la plupart du temps, il refuse d’exprimer ce qu’il pense. Marchant sur les feuilles, il songe à Marthe à laquelle il a hâte de refaire l’amour, compagne intelligente qu’il aime "à cause de sa psychologie, toujours surprenante".


Le lecteur croit comprendre que le héros d’En plein vent a enfermé ladite Marthe - certes en lui laissant des sandwichs, des bouteilles d’eau et une bassine "afin de préserver sa dignité-, et qu’il doit bientôt retrouver ses amis Jacques, Etienne, André et Ludovic...


Récit d’un recours aux forêts, pour paraphraser Ernst Jünger et son Traité du rebelle, ce singulier roman relate l’incartade pour le moins étrange d’un personnage en pleine interrogtion sur sa manière de vivre. Nouvelle étape dans le travail déjà cohérent de Nicolas Boyssi, En plein vent prouve que celui-ci a bien raison d’éviter les sentiers balisés.


Al. F.Livres Hebdo, février 2008