— Paul Otchakovsky-Laurens

Orphée

Frédéric Boyer

C’est un souvenir d’enfance qui est à l’origine de ce livre. Pas n’importe quel souvenir. À six ans, Frédéric Boyer est mis face à face avec son premier homme mort, dans une chambre, sur un lit. C’est son grand-père. À compter de ce jour, les morts ont pris chair dans son existence quotidienne.
Le récit est donc celui d’une descente aux enfers, d’une obsession orphique.
On croit retrouver quelqu’un. On pense que l’autre nous attend quelque part.
À moins que nous ayons la cruauté de rêver en découdre une bonne fois pour toutes avec l’autre qui a disparu.
Le mythe d’Orphée n’appartient pas aux grandes histoires de...

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La presse

L’antiquité incarne l’une des formes les plus justes de notre extrême contemporanéité. Elle hante les deux derniers livres nocturnes de Frédéric Boyer : çà parle en eux, et ce depuis un savoir intime qui se mue en enquête morale sur soi et l’univers circonstancié: l’ici-aujourd’hui. Deux personnages redécoupent le temps selon une perspective diachronique. Orphée et Hammurabi ouvrent l’histoire du monde occidental à celle du plus intime et du plus singulier : choc de la rencontre avec la mort, que ce soit celle de l’enfant ou celle du soldat. Orphée ravit le sujet de l’écriture et le sujet de l’amour à lui-même. A partir d’un souvenir d’enfance - le face-à-face avec le cadavre du grand-père étendu sur son lit - le narrateur remonte le fil de ses souvenirs et cherche la vérité de ses obsessions qui mixent scènes, images, figures, rêves et anecdotes en un tissu verbal qui tourne, détourne et retourne cette matière. Matière à laquelle l’écrivain rend hommage en proposant, à la fin du livre, deux traductions d’Ovide et Virgile qui vont au texte comme on va à l’aventure. Par ce voyage dans le temps singulier et collectif, le soi s’éprouve comme une fiction que rien ne délivre, pas même le mythe d’Eurydice auquel l’être de désir s’abandonne.

Le coefficient personnel s’efface dans Hammurabi Hammurabi qui invente une sorte de subjectivité impersonnelle. Connaître le monde d’où l’on vient, certes, et transformer notre monde actuel par la prise de conscience que permet la superposition d’un temps à l’autre. Le sujet est relié à un centre qui prend la forme d’une voix humaine ; celle-ci porte l’autorité de la loi dont la simple expression est une des formes les plus cinglantes de la poésie. Le code juridique de Hammurabi, roi de Balylone il y a 4000 ans, est inscrit en écriture cunéiforme et rédigé en akkadien sur une stèle en basalte noir découverte à Suse en Iran. Le monument est désormais au Louvre. Beauté abstraite du vivre conditionné par le devoir et la norme, la dette et le souci. L’élégance est liée à l’énigme : chaque article, introduit par la conjontion si, est l’hypothèse d’un sens, la liquidation d’un manque dont la persistance n’est pourtant pas niée. Mensonge dans la vérité et vérité du mensonge : la médiation allégorique, le recours aux masques et aux voix lointaines fondent ce texte sur une origine participant à la fois de l’histoire et du mythe. Langue oraculaire. Hammurabi Hammurabi réorganise ces articles de loi en les mêlant à d’autres fragments, cette fois narratifs. La voix du souverain se superpose à celle, impersonnelle, de la loi, tandis que le murmure d’un soldat d’outre-tombe fait le lien entre hier et aujourd’hui.


Anne Malaprade

Agenda

Samedi 8 juin
Frédéric Boyer, Suzanne Doppelt et Christian Prigent à l'auditorium du Pavillon carré de Baudouin

Auditorium du Pavillon carré de Baudouin
121, rue de Menilmontant 
Paris 75020

 

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Vendredi 13 novembre 2015, mémorial par Frédéric Boyer

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Frédéric Boyer dans La Croix

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