— Paul Otchakovsky-Laurens

Ténèbres en terre froide, Journal I - #formatpoche

Journal I (1957-1964)

Charles Juliet

Vivre le faut-il ? et ce mot, vivre, comment le comprendre ? Quelles significations lui attribuer ? Et que doit-on faire de sa vie ? Et si je cède au désir de me connaître, comment dissoudre l’angoisse qu’il suscite. Comment vaincre la peur de la vie ? La peur de la mort ?

Mais quand ces questions le taraudent, l’être n’est pas à même de se les formuler. Elles ne sont tout d’abord qu’un malaise, un désarroi, une lancinante sensation d’exil, l’âpre nostalgie de ce que l’on ne saurait nommer, une infranchissable solitude. Et c’est à son insu que l’être se trouve progressivement engagé dans une aventure dont il ne...

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La presse

Démarche et histoire éditoriale singulières que celles de Charles Juliet. Orphelin, élevé dans une famille d’accueil et faisant ses études en tant qu’enfant de troupe, il décide, en 1957, à vingt-trois ans, d’abandonner ses études de médecine et de ne plus travailler que (pour) l’écriture. Il commence à tenir un journal où il met au jour les souffrances passées et exprime son angoisse de ne pas trouver son chemin d’écrivain. Vingt années plus tard, le premier tome de ce journal, Ténèbres en terre froide, est édité.


Il n’était pas dans les habitudes éditoriales de publier journal d’un inconnu. Mais quelque chose vibre dans cette voix, qui retient l’attention immédiate des lecteurs. Charles Juliet continuera toute sa vie à écrire ses Journaux qui sont une manière de laboratoire de réflexion sur l’écriture et accompagnent ses autres écrits, poèmes, nouvelles, entretiens avec des artistes, théâtre, récits. Dès ce premier tome, il explore déjà l’énigme de la création dans les oeuvres exigeantes d’écrivains qui « creusent vraiment », Camus, Beckett, Reverzy, Leiris... Mais son besoin de connaissance et d’analyse ne se limite pas aux seuls artistes, il observe intensément les êtres dans leur singularité, cherchant à dépasser l’apparence, dans une langue rugueuse et simple qui utilise souvent les métaphores du monde de la nature, de la campagne qu’il a si bien connues, enfant. Il s’oblige aussi à un incessant et ressassant travail d’introspection. Non pas narcissique mais douloureuse confrontation au « moi » où gît l’inconscient dont il veut aussi nourrir son écriture. Revenant sans cesse à la tentation du suicide, il l’écarte pourtant « quand on ne peut aller jusqu’au suicide et que cependant, l’être aspire à disparaître, l’écriture offre un moyen satisfaisant de s’anéantir ».


Dans la réédition de ce premier Journal, Charles Juliet écrit une postface dans laquelle il se désole de sa confusion d’alors, de ses approximations ou affirmations péremptoires, tout en reconnaissant leur nécessité à cette époque où il devait se construire pour « faire sourdre la lumière là où sévissent les ténèbres ».


Carine Toly, CCP, mars 2011



« J’ai très envie de vous parler d’un livre découvert il y a un an seulement et qui a été un choc de lecture. C’est le journal de Charles Juliet. Dès les premières phrases du premier tome, Ténèbres en terre froide, j’ai senti que je plongeais dans un texte d’une force et d’une vérité rares. Ce journal appartient à ces écrits face auxquels vous vous sentez aussitôt confronté à l’essentiel. C’est aride, nu, élagué jusqu’à l’os. On lit ce journal comme traverserait un désert. C’est beau, immense, périlleux. Avant d’être le journal d’un écrivain, ce texte est le journal d’un homme qui ne cesse de se poser la question de l’existence. Pour qui le simple fait d’être là, jeté sur cette terre, est source d’interrogation. Un homme d’une lucidité rageuse et impatiente pour lequel chaque journée est un combat permanent entre chaos intérieur et quête de lumière. Quel sens y a-t-il à vivre ? Pourquoi est-on là et que fait-on de ça, de cette vie qui nou est donnée ? Jamais Charles Juliet ne triche avec lui-même, ni avec les autres. Et pourtant, au fil de cette quête incessante, se dessine un chemin vers la lumière. Qui nous apparaît d’autant plus bouleversant que lui non plus ne triche pas. »


Laurence Tardieu, Questions de femmes, 2010

Et aussi

Charles Juliet Grand Prix de Littérature de l'Académie Française 2017

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