— Paul Otchakovsky-Laurens

Le Bruiteur

Christine Montalbetti

Cette pièce est née de la fascination pour la petite grotte du bruiteur, dans les studios d’enregistrement, de la cabane que c’est, de son bric-à-brac. Le bruiteur, qui vous aide à vous représenter les histoires, fabrique des sons avec des objets pourtant sans rapport avec eux : le bruit de la mer avec un K-way qu’il froisse, celui de la rivière avec une bassine en plastique, le battement d’ailes des mouettes avec des poireaux ou des gants Mappa…Deux entonnoirs peuvent servir à faire les sabots des chevaux, un vieux moulin à café vous fera entendre le grincement d’une charrette… Dans ce monologue, un bruiteur révèle certains de ces...

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La presse

La rêverie des sons


Dépêchez-vous ! Il ne reste plus que deux représentations. Dans le cadre du festival Singulis qui met en valeur un acteur de la Comédie-Française, Le Bruiteur, écrit par Christine Montalbetti (à paraître chez P.O.L), est pris en main par Pierre-Louis Calixte. L’expression traduit au mieux ce qu’il réalise sur scène, exploitant un bric-à-brac de brocanteur, avec trousse à outils, vieux moulin à café, clochettes de vaches, et même un pantalon de K-Way qui, froissé devant un micro, produit le souffle des vagues sur une plage.
Chargé de donner du relief au récit qu’on lui confie, il y insère sa propre histoire d’artisan solitaire, créateur de mondes, magicien de l’imaginaire. Parfois, il laisse le spectateur deviner avec quel accessoire il fait surgir un élément évocateur ; parfois, il dévoile ses secrets. Deux poireaux frottés l’un contre l’autre font entendre le battement d’ailes d’une mouette. Une branche de céleri brisée fait croire au bruit d’un arbre qui se casse. Deux entonnoirs en plastique frappés sur le sol reproduisent le bruit des sabots d’un cheval. Le clapotis de deux mains dans une bassine fait penser au doux murmure d’une rivière. Cet art insolite, si utile au cinéma et aux fictions radiophoniques, est inépuisable.
Félin et bateleur, Pierre-Louis Calixte se glisse dans tous les rôles (interprète de l’œuvre, conteur des souvenirs de son personnage, bruiteur en action). Il recherche la complicité du public en l’initiant à ses trucs et astuces, sans lui retirer le plaisir d’être crédule. Du fond de sa grotte, ce démiurge de l’ombre, par la fantaisie de sa composition, nous plonge dans la délicieuse illusion du pouvoir des sons.


Jean-Claude Raspiengeas, La Croix, 11 février 2017



« Le bruiteur » et la douceur


Pierre Louis-Calixte, sociétaire de la Comédie-Française, célèbre le pouvoir du son dans une pièce de Christine Montalbetti, au Studio-Théâtre.


Une grande pièce avec trois fois rien : une table, une chaise, une sonnette, une bassine bleue, un balai, une boîte à outils, quelques micros… Début janvier, dans les sous-sols de la Comédie-Française, se préparait un spectacle inédit, à rebours de tous les clichés qui pourraient circuler sur la maison de Molière : Le Bruiteur, mis en scène à partir du 2 février par le sociétaire Pierre Louis-Calixte au Studio-Théâtre, dans le cadre des Singulis (un format permettant aux comédiens de la troupe d’être seuls en scène).
La pièce, écrite par Christine Montalbetti, à paraître chez P.O.L, peut se résumer ainsi : dans un studio, un bruiteur s’apprête à créer un paysage de bord de mer. Entouré d’une boîte à outils, il explique comment il fabrique des sons et finit par nous raconter l’histoire qu’il doit bruiter. Une histoire de fugue – thème récurrent chez Christine Montalbetti. Une histoire de famille aussi.


« Il me faut trouver une voix qui laisse possible d’autres voix, les monologues intérieurs des spectateurs. »

Pierre Louis-Calixte, à la fois metteur en scène et unique interprète, semble faire surgir de nulle part des mouettes – incroyable ce que l’on peut faire avec deux poireaux ! –, puis froisse un K-way, et le bruit de la mer envahit la salle. Soudain, nous ne sommes plus à Paris, mais sur une plage. La magie opère aussi avec une bassine d’eau, une affiche plastifiée… Christine Montalbetti raconte qu’elle a eu l’idée de ce texte dans un studio d’enregistrement de France Culture, en découvrant la petite grotte du bruiteur : « Ce qui m’émeut, c’est le pouvoir des sons. Leur capacité à produire en nous des images. Leur pouvoir de fiction. » Bouleversée par Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce, mis en scène en 2008 par Michel Raskine, et dans lequel Pierre Louis-Calixte jouait, elle a eu envie de lui confier sa pièce.
Ce dernier a sollicité les conseils d’une bruiteuse professionnelle, Judith Guittier, et d’un preneur de son, Jean-Louis Pilon, « capable de concrétiser nos rêves par son art du mixage ». L’enjeu n’était pas de faire une succession-démonstration de « trucages », mais bien d’imaginer une histoire. L’acteur souligne : « Dans quel ordre procéder ? Fallait-il fabriquer d’abord le son en cachant l’objet pour que l’oreille tente de deviner de quoi il s’agit ? Ou bien le montrer ? En quoi l’action allait couper le mouvement du texte, puisque, quand je bruite, je ne peux pas parler ? » Pierre Louis-Calixte souhaite avant tout « faire entendre la langue de Christine Montalbetti ». « Je crois que l’imaginaire peut s’emballer dans la rythmique du texte. Il me faut trouver une voix qui laisse possible d’autres voix, les monologues intérieurs des spectateurs. » Le plus grand bonheur serait d’arriver à ce que ces derniers ferment les yeux : « Ce serait énorme, et en cela semblable, pour moi, à l’abandon du lecteur qui se fait son cinéma. »


Emilie Grangeray, Le Monde, 3 février 2017

Agenda

Jeudi 25 avril
Christine Montalbetti à la bibliothèque municipale de Souillac

Bibliothèque municipale de Souillac
10, rue de la Halle
46200 Souillac

05 65 32 67 92

 

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