La veuve d’un milliardaire américain achète la plume d’une autre pour vomir son passé, pour livrer, à rebours, le secret de ses fuites successives.
Sa biographe ressasse une année de fêtes monotones, et mêle à son récit la chronique de ses vingt ans.
Pas de sang, juste de l’encre. Pas de cadavre, mais une confidence à quatre mains, entièrement réversible. Un polar dont l’enjeu n’est pas l’identité de la criminelle, mais de la narratrice. Les preuves sont là. Il n’y a qu’à lire, avec précaution (lignes à haute tension – courant alternatif).
Mais qui donc est la véritable narratrice de l’histoire ? C’est l’un des enjeux de ce livre étrange, très composé – un prologue, vingt et un chapitres et un épilogue –, très maîtrisé pour un premier roman et qui démonte, de page en page, ce qu’on croyait avoir compris.
Le Monde, 22 janvier 1999
On ne sait ce qui impressionne le plus dans ce premier livre, de la perverse construction romanesque, de la savante machine à tuer, de la chronique socio-parisienne, de l’implacable rhétorique ou encore de l’apparente insensibilité avec laquelle Juliette vit et Julie écrit. Ici, la mort d’un nouveau-né ou la pathétique agonie d’une femme sont traitées sans lyrisme ni larmes. Le passé pèse sur le présent d’un poids de béton. L’amour est une saloperie, et la famille une billevesée. Julie Wolkenstein y massacre les bons sentiments puis signe son carnage avec une flegmatique élégance et un glacial sourire en coin.
Le Nouvel Observateur, 14-20 janvier 1999