Qui est bibi ? Qui le force à être ? A devenir lui-même, c’est-à-dire à se pendre ? Qui pousse bibi à commettre cet acte insensé pour se retrouver à travers ceux qui l’ont poussé à être ? Bibi reste collé à sa naissance, au désespoir d’avoir pu être sans avoir jamais été vraiment. » Quand on me dit de parler, c’est-à-dire d’être, je sens bien à quel point Je me manque. Car personne n’a jamais été si peu bibi que moi-même, pense-t-il. Ce ne sont pas mes souvenirs, ce n’est pas moi qui parle. Qui me parle ? Qui vit autant que moi la double catastrophe de...
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Qui est bibi ? Qui le force à être ? A devenir lui-même, c’est-à-dire à se pendre ? Qui pousse bibi à commettre cet acte insensé pour se retrouver à travers ceux qui l’ont poussé à être ? Bibi reste collé à sa naissance, au désespoir d’avoir pu être sans avoir jamais été vraiment. » Quand on me dit de parler, c’est-à-dire d’être, je sens bien à quel point Je me manque. Car personne n’a jamais été si peu bibi que moi-même, pense-t-il. Ce ne sont pas mes souvenirs, ce n’est pas moi qui parle. Qui me parle ? Qui vit autant que moi la double catastrophe de s’être vu tout en n’étant pas lui-même ? » Bibi attend, attend d’être soi. La naissance fut sa première maladie. Mais il n’est pas né à terme, car s’il est au terme de sa maladie, il sait qu’il ne peut plus faire partie des humains. » Je ne suis pas celui que tu crois être, pense bibi, je ne suis pas celui qui colle à la peau de la réalité. Je suis celui qui sort. On m’a sorti de moi-même tel un pendu. Comme un qui naît sans langue. La langue pendue, c’est comme l’histoire de moi, l’histoire de comment vont mes phrases. Comme un qui pend son être en voix, voilà pourquoi seulement j’écris, nous dit bibi. »
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Bibi, un corps écartelé entre plusieurs voix, prisonnier parfois du lieu commun, parfois d’une vérité toute crue. Un corps, de la souffrance, de l’humour aussi. Pennequin veut que ses textes restent proches de la vie : plus que ça, ils sont terriblement incarnés. Rien d’abstrait, que du palpable. Ce qui le met à part d’une création contemporaine souvent in vitro. Pennequin, c’est un souffle, une respiration.
Nelly Kaprièlan, Les Inrockuptibles, 5-11 février 2002
Bibi est une bouteille à la mer qui décrit sans compassion l’état de notre naufrage social et de notre désœuvrement. On ne ressort pas indemne d’un texte aussi contemporain.
Marie-Laure Picot, Le Matricule des anges n° 38
Ici, ce n’est plus la césure et la distribution des mots et des vers sur la page qui font le poème, c’est le rythme, le souffle, la diction. Prose uniforme en phrases brèves, Bibi est écrit pour être dit et entendu. De la naissance à la mort, toute la vie est question, angoisse, halètement d’angoisse, métaphysique en actes et paroles.
Le Monde des livres, 5 avril 2002
Voix traversée d’une multitude de voix communes, des voix de tous, mixage de mots ordinaires et de mots souffrants, chambres à échos et studio d’enregistrement multipistes agrémenté d’un sampleur, Bibi est une réussite.
Nelly Kaprièlan, Les Inrockuptibles, 26 juin-2 juillet 2002