— Paul Otchakovsky-Laurens

Grand-mère Quéquette

Christian Prigent

J’ouvre un dossier rassemblé par mon père. Il souhaitait écrire (il ne le fera pas) l’histoire d’un crime : sa mère a lavé naguère le sang des draps où s’égoutta l’égorgée Mona. J’essaie à mon tour. Je n’y arrive pas. L’écriture repousse l’échéance du crime. Le livre grossit d’être ce repoussoir. Ça prend une journée, de laudes à complies : diversions, digressions, cauchemars pour rire, pseudo-prémonitions, ruminations en stagnation, péripéties moches. L’enfance, au galop. Vues sur sites chromos. Passages d’accessoires et de personnages :...

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La presse

Sorti cet automne, Grand-mère Quéquette radicalise la méthode, la conduit jusqu’à un point mort extrême. Livre époustouflant et jubilatoire, il a cette vertu première de bousculer nos habitudes de lecture, de ne rien laisser en place des conventions narratives en usage et de la langue ordinaire qui sert à les exprimer. Certes, on peut reculer devant l’entreprise, avoir quelque difficulté à épouser le rythme endiablé du récit, courir moins vite que le romancier… mais on ne peut ignorer la rigueur de l’entreprise. Ni sa truculente intelligence.


Patrick Kéchichian, Le Monde, le 13 novembre 2003.


Avec Grand-mère Quéquette, il signe son grand œuvre. L’histoire est souvent aussi bouffonne que son titre, hénaurme dans la lignée de ceux qui merdrent, Rabelais, Jarry. Tout y est déconcertant, carnavalesque et à rebours de l’esthétique actuelle. Rien de plus prenant que ce livre qui a le génie d’inventer une langue dont la force relègue à la casse les conventions narratives et qu’on se prend souvent à lire à mi-voix. Le projet de Grand-mère Quéquette remonte à qinze ans ; Prigent l’a longtemps médité avant de se décider récemment à l’écrire. L’argument en est simple, il raconte une journée de la vie d’un jeune garçon en pays breton dans les années cinquante. Mais c’est aussi une autobiographie oblique, le récit d’un crime crapuleux et surtout une réponse inédite à la tentation romanesque, de la part d’un poète qui a toujours désacralisé la littérature.


Jean-Didier Wagneur, Libération, le 6 novembre 2003


Plus que variée, d’une richesse incroyable, l’écriture de Prigent sollicite sans cesse le lecteur. Des vers à peine masqués de La Fontaine au « Tango des bouchers » de Boris Vian en passant par Baudelaire et Jules Laforgue parsèment le texte. Roman d’érudition certes mais pas seulement puisque, par la virulence et la vitalité du langage, Prigent nous entraîne dans un monde bouffon, burlesque, haut en couleur.


Gabrielle Napoli, La Quinzaine littéraire, le 16 octobre 2003



Nouvel opus familial de Christian Prigent

Grand-mère Quéquette arrache des larmes : de rire d’abord, d’émotion ensuite. Et fait de la langue une matière vivante et non un outil mort.

Grand-mère Quéquette fait partie de ces rares livres qu’on étudiera, pour soi ou pour l’Université, plus d’années qu’il n’en fallut pour l’écrire (trois, de&nbsp2000 à&nbsp2003). Le registre autobiographique (avec clichés sur une Bretagne disparue), les motifs psychanalytiques (tendance Lacan), le tissu linguistique (d’une richesse et d’une densité à en retrouver son latin) ou la réflexion philosophique (sur l’identité notamment) donnent à ce roman une infinité de lectures.
Rabelaisien en diable, Prigent sait nous faire rire de ses angoisses, jouant de la scatologie comme il se doit : sans réserve. C’est un rire libératoire face à la douleur ou à la lucidité et qui permet, paraphrasant Kafka, de « faire son bond cloche-pied cute perché hors du rang des meurtriers ».

Mais au final, c’est la gorge nouée qu’on lit l’adieu à Grand-mère mourante. Ce sont des pages bouleversantes, pudiques (le comique comme feuille de vigne), qui ramènent à la surface de notre émotion ce que le rire a remué en nous, « au fond de nos vies en vrai comme en rêve ».
On saisit alors que, plus qu’une histoire, c’est un peu d’humanité qu’on a traversée. Une humanité peu éloignée de l’animalité (de la taupe qu’on est au réveil, aux poules qu’on égorge en passant par les vaches qu’on brûle en un holocauste sanitaire). D’où cette langue bâtie sur les interdits (Grand-mère parle patois gallo quand l’enfant ne doit pas comprendre), dressée contre l’impossibilité de dire le monde, gravée sur la tombe de notre fosse commune puisque : « Vie commence par quoi !, vie finit par crime. Et livre qui dit trajet de la vie : pareil, tragédie – et rideau la farce. »

Thierry Guichard, Le Matricule des Anges, septembre 2003


Agenda

Samedi 8 juin
Frédéric Boyer, Suzanne Doppelt et Christian Prigent à l'auditorium du Pavillon carré de Baudouin

Auditorium du Pavillon carré de Baudouin
121, rue de Menilmontant 
Paris 75020

 

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Et aussi

Christian Prigent, Grand Prix de Poésie 2018 de l'Académie française

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Son

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