— Paul Otchakovsky-Laurens

Après l’enfance

Julie Douard

Dans son premier roman, Julie Douard a voulu redécouvrir les poses de l’adolescence, cette arrogance et ce misérabilisme qu’on affiche quand on a quinze ou seize ans. Lui sont revenus en mémoire ces premières fois, les palpitations, les déceptions, l’amour et le sexe qui ne font pas toujours cause commune, et surtout cet optimisme qui nous tient à cet âge car même lorsque tout va mal, on sait que l’on a devant soi le temps d’une vie pour voir venir.
À la faveur d’une interrogation sur sa filiation le petit héros de Julie Douard va vivre un éveil des sens très agité, découvrir sous son vrai jour le monde des adultes, ses misères, ses...

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La presse

Après l’enfance


Tout n’est pas rose dans une enfance, les petits humiliés de la vie le savent bien. Julie Douard a écrit son roman en belles et longues phrases, avec un sens abouti de la cruauté. Son héros connaît toutes sortes d’épreuves, du côté des parents recomposés, du frère et de la soeur, puis de ses camarades de pension ou de vacances, garçons et filles, et peine à trouver un havre de paix et de douceur. Des séquences mémorables dans un atelier-théâtre avec une certaine Violaine Tricot. Une mère qui rêve pour sa fille un avenir de gardienne de prison. Et un séjour en Belgique, dans une ancienne mine de charbon. Le personnage, haut comme trois pommes, affronte avec désinvolture les traquenards de la vie : on admire son courage et sa bonne humeur !
LA phrase du livre : "Courons vite pour ne pas que le vent nous rattrape"(p.255)


Dominique Bona, version femina, dimanche 17 octobre 2010




En quête de paire


Plutôt jubilatoire, une quête des origines au sein d’un smala délirante.


Tout est parti d’une fellation qui n’aurait jamais dû dégénérer en coït. «  Si ma mère était restée bouche bée nuque en l’air et jambes à terre entre les cuisses de son patron, je n’en serais pas arrivée là  », songe le narrateur avec ironie. De cette conception adultérine ; longtemps il ne saura rien. Benjamin d’une fratrie déjà composée d’une sœur, Philomène, et d’un frère, Georges, le garçonnet échappe de justesse au sadisme de ses aînés. Mais ce salut n’est que temporaire puisqu’il atterrit bientôt en pension, où s’ouvrent à lui les tourments de l’adolescence. Il a beau avoir été élu le plus mignon du bahut, notre jeune héros aux manières un peu gauches ignore tout des intermittences du cœur. Tout juste en a-t-il eu des échos par son frère, devenu videur d’une boîte de belge, qui le pousse vers «  le droit chemin, celui de la culotte des filles.  » Mais du sexe au sentiment, il y a un fossé : déniaisé un soir de cuite par la grasse Katia, il se languit bientôt d’amour pour la chaste Rose, membre comme lui du club de théâtre du lycée…
Interrogation filiale et éveil des sens sont au cœur de ce savoureux récit initiatique à l’humour pince-sans-rire. Déjà auteur de plusieurs pièces pour la scène, Julie Douard orchestre un joyeux marivaudage, dont les multiples rebondissements sont autant de prétextes à une série de saynètes pathétiques et de portraits hilarants (mention spéciale à la prof libidineuse et à la coloc transexuelle…). Largué au milieu de cette smala délirante (et déglinguée), son narrateur va promener plusieurs moi durant sa double quête de soi, entre mystère des origines et promesse du désir – deux obsessions entre lesquelles il faudra trancher, in fine , pour naître à nouveau au monde. Brillante variation sur le thème éternel de la bluette juvénile, Après l’enfance marque ainsi l’éclosion d’une jeune romancière de talent, dont on suivra désormais avec intérêt la croissance.


J.B., Lire, septembre 2010

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Julie Douard, Après l’enfance, lecture par l'auteur.