— Paul Otchakovsky-Laurens

Aujourd’hui ou jamais

Dominique Meens

Quelqu’un veut attraper son présent comme on jette le sel sur le poulet. Des intermèdes dans la course au trésor découvrent un philosophe inconnu, un théâtre révolutionnaire.

En mai l’auteur verse très soudainement dans une dépression bien de son temps. L’autofiction prend le relais qui s’impose et le sort du marasme.

Septembre, il va se replacer sous le joug quand une apparition l’interrompt. Ah ! L’amour !

 

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La presse

« Il faut t’aimer pour te lire. » Cette remarque, qu’il cite d’un « Pilate », Dominique Meens la traduit en « Ils me haïssent », qu’il retourne en « je les hais ». Le livre et son auteur font un : qui pourrait ne pas aimer le premier doit détester le second, lequel, de toute façon, vous exècre. Comment, dès lors, lire Dominique Meens, sans se prendre dans pareil tourniquet ? A moins qu’il ne faille, justement, s’y laisser prendre, entrer dans le rapport passionnel, d’attrait et de répulsion, qu’il entend instaurer avec son lecteur. Aujourd’hui ou jamais « prétend écrire un livre illisible ». Nous voici prévenus. Faussement, toutefois, car tout ardu que le livre se veuille, il est lisible, et même souvent délicieusement. On oscille ainsi entre le défi ou l’imprécation (Meens se réclame de Wolman et de Lautréamont), et une attention onirique proche de Nerval. Aujourd’hui ou jamais reprend donc le projet de « grand livre » lancé par Aujourd’hui je dors et poursuivi dans Aujourd’hui demain. Grand comme un livre de compte, disait-il dans le premier – comptes à régler avec le monde littéraire et le marché qui le sous-tend : « je contre » en est la formule. Mais grand aussi comme un fleuve charriant dans son cours irrégulier des pans de culture gréco-latine ou d’observation locale, des humeurs amoureuses ou dépressives, des épaves d’expérience ou des pièces de vers et de fictions. Un livre expansif qui, d’un volume à l’autre, « muscle » la langue, à travers tous genres.


Élisabeth Cardonne-Arlyck, Cahier critique de poésie, 2009.