— Paul Otchakovsky-Laurens

Les Services compétents

Iegor Gran

Les Services compétents, ce sont les services du KGB dans les années 1960 en Union Soviétique. Le lieutenant Ivanov traque un certain Abram Tertz, pseudonyme choisi par un drôle d’écrivain qui s’échine à faire passer ses nouvelles fantastiques en Occident. Il sera identifié après six longues années d’une enquête souvent dérisoirement cocasse : de son vrai nom André Siniavski, avec sa femme, Maria Rozanova. Ce sont les parents du narrateur.

Pour écrire ce roman, Iegor Gran s’est lancé depuis plusieurs années dans un important travail de documentation. Il raconte ainsi le dégel post-stalinien. Depuis 1958 et l’affaire...

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Traductions

Italie : Einaudi | Royaume-Uni : Maclehose Publishing

La presse

Histoire d’un livre


Des kagébistes tellement humains


COMME AIME LE PRÉCISER IEGOR GRAN, la citation la plus célèbre de son père, l’écrivain André Siniavski (1925-1997), est la suivante : « Je n’ai, avec le pouvoir soviétique, que des divergences esthétiques. » L’enjeu du débat : le réalisme socialiste. C’est dire combien Siniavski n’était en rien prédestiné à devenir le premier « dissident » soviétique. Aucune volonté de sa part d’abattre le « rideau de fer ». Seulement le désir de pouvoir écrire des livres de science-fiction ou des aventures fantastiques, et de réfléchir, dans un article, au pouvoir de la littérature.
Grotesque, le motif qui lui valut d’être déporté au goulag l’est tout autant que l’amateurisme du KGB, qui mit six ans à identifier l’auteur de l’article scandaleux, publié anonymement dans la revue Esprit par Jean-Marie Domenach, en 1959. Les « services compétents » rament, et Iegor Gran s’en donne à cœur joie pour le faire savoir dans son quatorzième roman.
Mais Les Services compétents, malgré le caractère évidemment antiphrastique de son titre, n’a rien d’une satire gratuite, encore moins d’une critique facile. Si le KGB pédale dans la semoule, c’est justement que ses officiers sont humains. Idéologiquement convaincus, mais pas foncièrement plus sadiques que d’autres. Dépassés par les mutations d’une époque où se développent le désir de liberté, l’envie de consommer et le marché noir, ils se heurtent, qui plus est, au génie loufoque de Maria Rozanova, la mère de Iegor Gran, laquelle ne cesse de les désarçonner par ses réactions atypiques et ses questions farfelues. Du grand art.

Florence Bouchy, Le Monde, janvier 2020




LES SERVICES COMPÉTENTS


À travers un bel hommage à son père, célèbre dissident soviétique, l’écrivain pose son regard rieur sur l’URSS et sur sa bêtise, terrifiante.


Un patronyme peut en cacher un autre. Derrière celui d’Iegor Gran se dissimule le nom de son père, Andreï Siniavski, célèbre dissident soviétique, lui-même un temps tapi derrière le pseudonyme d’Abram Tertz pour écrire des livres satiriques qui le menèrent au goulag de 1966 à 1971. Il faut beaucoup de savoir-faire pour fabriquer une telle généalogie gigogne, typiquement made in CCCP. Un solide matériau de départ, condensé d’intelligence et de fantaisie. Et un air ambiant bien vicié, brejnévien par exemple, pour que les défenses immunitaires prolifèrent à leur aise. Pour la première fois, Iegor Gran ouvre les poupées russes de son passé familial, sans se départir de ce qui a toujours fait le sel de ses livres, comme O.N.G ! (2003) ou L’Écologie en bas de chez moi (2011) : l’humour grinçant, rempart contre la bêtise environnante, surtout quand elle confine à l’horreur.
L’écrivain a une double hérédité côté zygomatiques, si l’on en croit l’exquis portrait qu’il fait de sa mère, Rozanova, dès la scène d’ouverture, où elle se gausse effrontément d’un agent du KGB venu fouiller son domicile et lui annoncer que son mari est détenu dans leurs locaux : « Quel soulagement ! Merci capitaine ! Vous n’imaginez pas le mauvais sang que je me faisais ! Et s’il était allé chez une autre femme ? Vous, vous n’allez jamais chez une autre femme que la vôtre, capitaine ? » Le capitaine se décompose intérieurement, mais n’en laisse rien paraître. Lui aussi se cache derrière son costume officiel, que lui emprunte Iegor Gran avec une joie vengeresse, en se mettant dans sa peau flasque et penaude tout au long du livre. Parce qu’il était bébé à l’arrestation de son père, il n’a gardé de cette époque que des souvenirs inconscients d’odeurs, de voix, de lumières, d’empoignades, d’atmosphères, incrustés depuis dans les différents récits de cet épisode fondateur entré dans l’Histoire.
Cette double source rend la quête originelle d’Iegor Gran très émouvante et authentique, avec une prolifération de détails sur cette ère du soupçon multiforme, où l’amateurisme le plus lâche se teintait de sang-froid féroce pour exécuter les pires tâches liberticides. Il balaie cette époque de son regard rieur et tranchant, favorisant toujours l’humanité des êtres, même les plus ridicules, à l’image de son père, qui refusa de demander une libération anticipée pour goûter plus longtemps la beauté des rapports humains en détention. Jamais il ne dit « mon père » ni « papa », mais « cet homme », ou Siniavski, tout simplement. Il n’y a là aucune distance, juste la déférence pudique pour une figure vivace comme une plante, « une sorte de lichen [...] capable de s’adapter au sol lunaire si on lui en donnait l’occasion ». Le texte poudreux et plein de cratères de ce livre constitue un sol idéal pour qu’il reprenne vie et regarde fièrement les jeunes pousses se développer à ses côtés.

Marine Landrot, Télérama, janvier 2020



Surveiller et punir... en URSS


Panique à Moscou. En cette fin des années 1950 où se lève une vaguelette de déstalinisation à l’initiative du bonhomme Khrouchtechev, de dangereux écrits circulent dans les milieux universitaires et « intellectuels ». Après le « traître » Pasternak, c’est un certain Abram Tertz qui met en émoi les « services compétents » du régime, en particulier le lieutenant Ivanov. Qui peut bien se cacher derrière ce pseudonyme manifestement sémite (un Juif ? un Russe brouillant les pistes ? Un Juif pensant qu’on va penser qu’il brouille les pistes) ? Surtout : qui l’a aidé à faire passer en France ses textes grinçants et antisoviétiques comme Le Réalisme socialiste, dont une revue dirigée par un certain Jean-Marie Domenach publie des extraits ? Et enfin : que risque le zélé et obéissant fonctionnaire qu’il ne retrouve pas le coupable ? Nimbé d’un délicat voile de suspense, le roman de Iegor Gran est saisissant de... réalisme socialiste - dans son sujet et certes pas dans sa forme. Via le destin de son père, le dissident André Siniavski, traqué pendant des années, il peint avec une justesse incomparable les contours de la société soviétique barbotant dans la soupe à la désillusion. Sans esprit pamphlétaire, il démonte la mécanique faisant des rouages humains de la machine totalitaire des bourreaux ordinaires croyant sincèrement lutter contre le terrorisme : « le terrorisme par voie de littérature. »

Jean-Christophe Buisson, Le Figaro Magazine, janvier 2020



Iegor Gran, au nez et à la barbe du KGB


Le fils de l’auteur dissident Andreï Siniavski retrace l’histoire de ses parents du point de vue de ceux qui les traquaient dans l’URSS de Khrouchtchev. Un roman drôle et touchant.


Moscou, 1965. Six agents du KGB investissent l’appartement communautaire où réside la citoyenne Rozanova. Le lieutenant Ivanov l’informe que son mari a été appréhendé et qu’ils viennent inspecter sa bibliothèque. Au lieu de s’effondrer et de pleurer, la femme étourdit les visiteurs de remarques incongrues et pose le bébé dans les bras du lieutenant abasourdi. L’homme qui vient d’être arrêté est Andreï Siniavski. La scène ouvre Les Services compétents.
Daniel et Siniavski : depuis leur condamnation au goulag pour activités antisoviétiques, en 1966, ces deux universitaires ont été pour l’Occident les figures même de la dissidence. Ils avaient tous deux fait passer à l’étranger des textes jugés subversifs, signés de pseudonymes, Abram Tertz pour Siniavski, Nikolaï Arjak pour Youli Daniel. Après cinq ans et demi de camp, Siniavski a été prié de quitter l’URSS avec femme et fils. La famille s’est installée près de Paris où l’écrivain est mort en 1997. L’enfant est devenu Iegor Gran, un auteur français dont les livres ont tous été publiés chez P.O.L. En 2003, O.N.G ! a reçu le Grand Prix de l’humour noir.

Une utopie qui se délite


Cet humour se manifeste sans faiblir dans Les Services compétents, comme Iegor Gran nomme par antiphrase le KGB, qui a mis six ans pour débusquer Abram Tertz. En racontant l’histoire de ses parents du point de vue des services, l’auteur a trouvé le ton juste : sans aucun pathos, comme ils ont vécu eux-mêmes les évènements, sarcastiques mais aussi avec une forme de tendresse. LE lieutenant Ivanov et ses sbires, tous personnages réels, ne sont pas des monstres, ce sont des humains pris dans leurs contradictions, au service d’une utopie qui se délite.
En 1959 paraît à Paris, dans la revue Esprit, un essai anonyme, traduit du russe, Le Réalisme socialiste. L’URSS vit une période de flottement. Khrouchtchev est à la tête du pouvoir, ce n’est pas le dégel mais un léger redoux. Le culte de Staline arrive à son terme. Le président Nixon vient inaugurer l’Exposition nationale américaine dont les voitures, les machines à laver, lePepsi exacerbent les envies de consommation. Marché noir de jeans, trafic de « jazz sur ossements », ces copies pirates sur plaques de rayons X, exemplaires clandestins du Docteur Jivago : les Services sont débordés.
Trop peu nombreux pour l’immense tâche de surveillance qui est la leur, mal équipés –une machine à écrire pour deux – ils sont confrontés à des contestataires dont ils ne comprennent ni le langage ni les buts.


Lecture obligatoire


Bon élève, le lieutenant Ivanov, qui sort de l’Ecole militaire, se débrouille un peu en français, jouit d’une bonne mémoire et gère habilement son troupeau d’informateurs. Ce n’est pas un intellectuel, il n’a pas réussi à terminer la lecture obligatoire du Don paisible, du futur Prix Nobel Cholokhov. Il est fier de sa patrie qui a envoyé le Spoutnik dans le ciel où le rejoindra Gargarine.
Contrairement à ses collègues plus âgés, il ne boit pas, ne trompe pas sa femme, n’est pas nostalgique de la période stalinienne quand on fusillait sans hésiter. Il croit au projet socialiste. S’il n’est pas insensible aux privilèges, il n’en profite que pour aider sa mère, se justifie-t-il. Et sa femme veille à ce qu’il garde la ligne du parti. Ivanov le sait, quand les cellules commencent à proliférer dans un organisme, le mal progresse vite. Il voit les Services comme des anticorps chargés de préserver le grand corps de l’URSS.
Un nouveau texte publié en France, signé Abram Tertz, relance l’affaire, anodine au départ. Par ailleurs, à l’extérieur, le soutien aux dissidents devient encombrant ; les partis frères trahissent parfois : en Italie, Feltrinelli fait traduire Le Docteur Jivago. Domenach, proche pourtant du parti, publie ce Tertz, les traductions se multiplient. Puis Pasternak reçoit le Nobel et doit renoncer à aller le chercher. Les protestations s’élèvent partout. Il faut jouer fin.
Et d’abord, qui se cache derrière Abram Tertz ? Un juif ? Un Russe qui cherche à brouiller les pistes ? Est-ce une anagramme ? Est-ce Pasternak lui-même ? Comment les textes parviennent-ils en France ? Pendant que les Services pataugent, Siniavski enseigne la littérature russe, prépare une anthologie de Pasternak, reçoit chez lui le chanteur contestataire Vissotski. Dans sa chambre, il a aménagé une planque inexpugnable appelée Toutankhamon, où il cache ses manuscrits et se retire pour écrire. Une amie française, Hélène Peltier, fait passer ses textes par la valise diplomatique, à grands risques.
Siniavski sent l’étau se resserrer, s’angoisse, boit trop. Quand le Monocle, un informateur dandy, fait un recoupement fatal, Siniavski est presque soulagé d’être arrété, Daniel aussi. Au procès, les deux accusés semblent s’amuser. Siniavski est revenu physiquement brisé de ses années de camp, mais il les a déclarées « les plus belles de [sa] vie ». Il ne voulait pas l’effondrement du système, il n’avait avec le pouvoir soviétique « que des divergences esthétiques ». Quant à Rozanova, la mère d’Iegor Gran, son fils la montre avec fierté joueuse, superbement provocatrice, irréductible, « limite inconsciente ».


Le peuple des informateurs


De l’histoire familiale, Iegor Gran a su tirer un roman d’une portée beaucoup plus large, un témoignage de la vie en URSS dans un moment de vacillement et d’incohérence. En suivant le lieutenant Ivanov, on découvre le désarroi des Services face à des poèmes abscons et à des bibliothèques monumentales où il faut débusquer les écrits subversifs. On fait connaissance avec le peuple traître des informateurs – professeurs, savants, intellectuels qui ont une faute à expier ou une position à préserver. On découvre aussi, au fond de l’Empire, de graves fissures, dissimulées au peuple : une grève à Novotcherkass, réprimée dans le sang ; une fuite énorme dans un gisement de gaz à Ouzbékistan.
Iegor Gran réussit à allier une information de première main – les récits de ses parents, les conversations des émigrés russes dans son enfance- avec une documentation rigoureuse. Ceci tout en s’installant dans le cerveau du lieutenant Ivanov, dont il transcrit avec brio et empathie les efforts pour préserver l’utopie socialiste. Un tour de force émouvant et jubilatoire.


Isabelle Rüf, Le Temps, janvier 2020



Iegor Gran au pays des Soviets


En Union soviétique, dans les années 1960, les hommes du KGB enrageaient de ne pas réussir à mettre la main sur Abram Tertz. Derrière ce pseudonyme, qui faisait référence à une chanson populaire, se cachait un intellectuel russe dont la France publiait des pamphlets scandaleusement « antisoviétiques », mais qui demeurait introuvable au pays des Soviets. Impossible de l’identifier. Était-il juif comme son nom l’indiquait ? Résidait-il à Moscou ? Qui permettait à ses textes de passer les frontières ? Ils arrivaient entre les mains de Jean-Marie Domenach, le directeur de la prestigieuse revue « Esprit », qui gardait le secret et un sourire taquin lorsqu’on l’interrogeait sur ce mystérieux écrivain. Pendant cinq ans, entre 1959 et 1964, les fonctionnaires de la police politique enquêtent et ne trouvent pas Abram Tertz, tandis que ses nouvelles et son roman sont traduits en dix langues. Le romancier Iegor Gran raconte ce jeu de piste sur un ton sarcastique, tournant en ridicule les gesticulations et la langue cadenassée d’un régime qui promet le bonheur, mais qui offre la terreur. En toile de fond de la traque d’Abram Tertz, « Les Services compétents » peint un remarquable tableau de l’Union soviétique au temps du « dégel », lorsque Khrouchtchev succède à Staline. C’est l’époque où Jean-Paul Sartre est apprécié en tant que « philosophe progressiste », où Boris Pasternak publie en Italie « Le Docteur Jivago » et obtient le prix Nobel que l’URSS le contraint de refuser. En septembre 1965, Abram Tertz est démasqué et fait prisonnier. Son vrai nom était Andreï Siniavski, et il tient une place importante dans l’histoire intellectuelle, car sa capture a lancé la chasse aux dissidents en URSS. Siniavski fut libéré en 1971. Iegor Gran, l’auteur des « Services compétents », est son fils ; il avait 9 mois lors de son arrestation.


Virginie Bloch-Lainé, Elle, 22 janvier 2020



Le parti d’en rire


Dans « Les Services compétents », Iegor Gran raconte comment le dissident soviétique Siniavski a nargué le KGB. Il le connaît bien : c’était son père.

Quel baptême ! Agé de 9 mois, l’auteur est censé assister depuis son lit de bébé à une perquisition au domicile de ses parents. Le lieutenant Ivanov et ses hommes procèdent à « une contrainte opérationnelle », nom officiel de la chasse aux opposants. En ces années 60, Khrouchtchev prône le « dégel » et révèle que Staline a légèrement exagéré. La tâche se complique pour les flics, surtout quand Maria Rozanova, la mère de l’auteur, jouant les naïves, leur propose de démonter le lit de bébé, histoire de vérifier qu’aucun écrit subversif n’y est enfoui. Ivanov abandonne. Et pourtant il est diplômé de « Sup de K » (sic), la prestigieuse école du KGB. Mais quelque chose se détraque au pays des soviets.
Quelle idée, par exemple, que cette « exposition nationale américaine », inaugurée en 1959 par Nixon et Khrouchtchev, où des milliers de Soviétiques se pressèrent, « en état de choc, la pupille dilatée » ! A propos des groupes de komsomols (jeunes communistes) interpellant les odieux exposants impérialistes, l’auteur commente : « Le stand des machines à laver le linge est mis face à ses contradictions. »
Trop tard ! Le virus capitaliste se répand. Des ennemis du peuple, fans de jazz, gravent des disques de Cab Calloway et de Miles Davis sur des plaques de rayons X. La coupe Babette, « sorte de choucroute désinvolte sur le dessus du crâne », portée par Brigitte Bardot dans le film « Babette s’en va-t-en guerre », fait fureur à Moscou. Ivanov ne sait plus où donner de la filature et du micro planqué.
Ses indics ? Débordés. Un certain Abram Tertz, inconnu des « services compétents », fait imprimer en Europe des farces satiriques, au nom du « réalisme fantastique », ridiculisant la doctrine officielle du « réalisme socialiste ». Est-il juif ? Où cache-t-il ses manuscrits ? Avant que Iegor Gran lâche son nom, le lecteur a deviné. Bon sang, mais c’est son père, Andreï Siniavski, qui joue à cache-cache avec la police – sans illusions : tôt ou tard, il se fera pincer. Son épouse, Rozanova, est du genre énergique : « Si on ne fait pas [un enfant] maintenant, on aura un sacré problème technique une fois que tu seras pris. Alors, on y va. » En cette année 1964, le petit Iegor naît sans avoir aperçu la calvitie de Nikita Khrouchtchev, tout juste limogé par Leonid Brejnev « pour raisons de santé ».
Y avait-il plus bel hommage à Andreï Siniavski que cette petite merveille de drôlerie et de malice ? Iegor Gran, de son vrai nom Iegor Siniavski, réussit le pari de faire rire avec le KGB et les camps, où son paternel, arrêté avec Youli Daniel, juif lui aussi, dut moisir pendant presque six ans avant de trouver asile en France. Raconter ces persécutions sans élever le ton, en épousant la phraséologie incrustée dans les neurones de l’Homo sovieticus, rend la farce d’autant plus épatante. Bien joué, fiston ! Ainsi, en Gran style, les nobles missions confiées au KGB sont résumées par ce mot d’ordre : « pour une attitude saine de défiance envers tout le monde ».
Le lieutenant Ivanov aurait aimé.

Frédéric Pagès, Le Canard enchaîné, 26 février 2020




"Le roman de l’affaire Siniavsky" un article de David Novarina à retrouver sur le site En attendant Nadeau.



"Poursuivi par le KGB" un article de Aline Sirba à retrouver sur le site Onlalu.



Vidéolecture


Iegor Gran, Les Services compétents, (comment j'ai écrit) Les Services compétents

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