— Paul Otchakovsky-Laurens

Mathias et la Révolution

Leslie Kaplan

Mathias et la Révolution est le récit d’une journée prérévolutionnaire aujourd’hui à Paris. Mathias traverse la ville, il a un rendez-vous important, il fait des rencontres, il pense à la Révolution, il en parle. Dans le livre tout le monde pense à la Révolution, en parle. Et il y a des émeutes, pour des raisons précises, un accident dans un hôpital de banlieue où il y a eu un mort. Il faut être clair par rapport au mot « révolution ». Dans le titre, ce n’est pas par hasard, s’il y a une majuscule. Il s’agit de la Révolution française. Leslie Kaplan l’a prise comme point d’appui pour parler...

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Espagne : Cultura 21 SCCL

La presse

En plein Paris, de nos jours, une population hétérogène s’interpelle. On se croirait, tant l’atmosphère paraît séditieuse, dans 1789 d’Ariane Mnouchkine ; on a parfois l’impression, tant les échanges sont érudits, de revisiter Les Faux-Monnayeurs d’André Gide ; on a surtout le sentiment, tant l’absurdité subversive domine, de se retrouver dans certains films de la Nouvelle Vague. Leslie Kaplan, née à New York en 1943, était « établie » dans une usine en 1968, après des études en Sorbonne. Elle met en scène la parole échappée des gosiers révolutionnaires de la Convention, qui aimante des contemporains disponibles à l’affranchissement.

Verba volant, comme des papillons insurgés, dans ce livre qui possède la grâce loufoque des instants suspendus précédant l’émeute : ô électricité bienveillante, sans effusion de sang annoncée, alors que s’accélère la chute logique des idoles fallacieuses d’un capitalisme effréné ! La littérature a ceci de surprenant : vous vous croyez dans une époque de basses eaux, mais dès la première page, un petit vent frais vous caresse au coin de l’espoir, tandis que se dessine le printemps des peuples. Mathias est «chercheur en Révolution». Au gré de ses abouchements, en un récit choral aux allures de comédie musicale, il vit toutes sortes de télescopages à même de projeter du grand art dans des vies minuscules : «Une femme passa près du groupe, elle avait l’air pressée, Mathias reconnut la jeune avocate. Il lui fit un geste, elle le reconnut aussi.»

Quoi de plus beau, léger mais primordial que la reconnaissance ?… Des dialogues frémissants jugulent toutes les solitudes, peuplent d’étoiles un ciel béant, hissent hors du «trou de l’Histoire» ceux qui s’y morfondaient, rendent à Robespierre l’étincelante empathie que la Terreur nous a masquée, fait danser hors des frontons officiels le triptyque liberté-égalité-fraternité. Sans jamais asséner, avec un art sûr et discret de la transmission, ce livre fait circuler le verbe sous nos yeux comme le sang dans nos veines :
«Les mots vous parlent, les mots parlent pour vous.
Comme les fleurs, comme les arbres.
Comme les nuages.
Parfois à votre place. Parfois les mots sont en avance de vous.
»



Antoine Perraud, La Croix, 20/01/16




A travers Paris, la course de Mathias réveille l’esprit de la Révolution



Une journée de mai montre les contradictions du monde actuel au miroir de celles de 1789. La dynamique de Leslie Kaplan fonctionne à plein régime



C’est le 20 mai. Mathias parcourt Paris à pied. Là, il vient de la Bastille. Des émotions contradictoires le traversent. Une impatience. Une brusque envie de pleurer. Des mots, des citations, comme celle-ci, à la première ligne: «Le bonheur est une idée neuve en Europe.» C’est de Saint-Just, mais Mathias ne le dit pas à la passante, qui choisit d’ignorer ce jeune homme énervé.



Dans Mathias et la Révolution, on croise Gracchus Babeuf, Anacharsis Cloots, Théroigne de Méricourt, Olympe de Gouges, l’abbé Grégoire, Boissy d’Anglas, et bien d’autres, qui ont cru à cette Révolution quand elle était encore jeune, ou l’ont critiquée. Leurs noms ne sont pas toujours cités (merci Wikipédia), peu importe. Les livres de Leslie Kaplan dialoguent souvent avec les auteurs d’un passé qui est toujours d’actualité. Ici, comme l’annonce le titre, ce sont ceux de la Révolution, celle de 1789, qui accompagnent Mathias et les autres par cette journée de mai. Elle fait écho au 20?mai 1795, le 1er prairial, quand la population affamée – les femmes surtout – exige du pain et le retour à la Constitution de 1793. Car la Révolution n’est pas une promenade de santé, elle procède par à-coups, avancées, retours en arrière et, à la fin, arrive Bonaparte. Cette date rappelle aussi le 20?mai 1968, quand la France entière est en grève, qu’on croit encore qu’on va «changer la vie». Mais «la re?volution n’a jamais lieu une fois pour toutes», dit Leslie Kaplan. Il faut qu’elle existe comme désir chez beaucoup de monde.



Une pièce de théâtre



Si, dans le titre, le mot «révolution» prend une majuscule, c’est que le roman prend appui sur 1789. Il est issu d’une pièce de théâtre, ce qui lui donne un rythme, un allant, une vivacité des dialogues, qui étaient déjà la marque des précédents ouvrages de Leslie Kaplan. Mathias joue le rôle-titre, mais son itinéraire croise celui de beaucoup de personnages qui, comme lui, s’interrogent sur leur vie, le monde comme il va (pas très bien) et le sens des mots. Cette mise en question des stéréotypes, joyeuse et dynamique, est aussi une constante chez l’auteur du Psychanalyste. Ces figures forment une danse dont les pas se croisent, s’éloignent, se retrouvent. Paris en est un élément important, les rues, les bus, les cafés, les parcs – le Luxembourg, le Jardin des Plantes –, hauts lieux de la Révolution, foyers de la modernité. En banlieue, dit-on, éclatent des émeutes, à cause d’un incident dans un hôpital. Les réductions de personnel ont été fatales à quelqu’un, semble-t-il. Le RER ne fonctionne pas.



Folle journée



Parmi les acteurs de cette folle journée, voici Ernest, clochard du Luxembourg, accroché à son transistor, hanté par des bribes de poèmes, mais tétanisé par la peur. La peur, c’est justement l’ennemi qu’a dû vaincre Anaïs. La peur des hommes, la peur, en général. Sibylle et elles ont pris un jour de congé. Leur travail, c’est de se vendre, disons, de vendre leurs services aux hommes. Elles se promènent en attendant d’aller voir leur copine Célestine qui doit accoucher ce jour-là. Et voici Anna et Rachel, deux jeunes mères, qui cherchent pour leurs enfants un monde plus amical. Et André, qui travaille au rayon éclairage du Bazar de l’Hôtel de Ville et se dit déçu des Lumières, bien que son héros soit Condorcet. Il y a aussi un académicien et un sénateur. De jeunes comédiens qui répètent Woyzeck de Büchner, un révolutionnaire aussi, celui-là, et une pièce d’une actualité absolue, qui parle de l’exclusion et des citoyens de seconde zone.



Un rendez-vous



Mathias a rendez-vous avec Sylvie, c’est une des raisons de sa nervosité, mais, près du Palais de justice, il croise une jolie avocate pressée à qui il déclare que «la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir le droit de monter à la tribune». Elle reconnaît Olympe de Gouges, et à coup sûr leurs chemins se couperont à nouveau. Une vieille dame cherche à échapper à la maison de retraite où sa famille voudrait la ranger. Des compagnons charpentiers allemands racontent leur route à travers l’Europe. Deux Turcs en exil sont découragés: «Chez eux la dictature, la corruption, mais la France n’était pas accueillante, rien à voir avec ce qu’ils avaient imaginé.»



Ce que je veux c’est l’égalité/Pour ma sœur mon frère mon peuple et pour moi/Ce que je veux c’est l’égalité/Et vous allez me l’accorder. Nina Simone, Goddam Mississipi



Des digressions



A chaque carrefour, sur les ponts, dans les squares, la Révolution est présente. Parfois jeune et enthousiasmante, parfois horrible, dévorant ses enfants. Des digressions la rappellent, et les belles phrases remplies d’énergie, les doléances des cahiers, l’abolition de l’esclavage, son rétablissement, la Terreur, les guerres. A travers les conversations de bus, de bistrot, de banc public, les lieux communs sont constamment mis en rapport avec l’Histoire, dans une dialectique légère.
Le mot clé, c’est le mouvement: tout bouge, tout peut toujours bouger, les sentiments, les engagements, les situations, les corps. Tout est affaire de désir. Rien n’est acquis, et surtout pas ce qu’on croit être le progrès. L’enchaînement des rencontres, le choc des sensibilités, le ballet des mots, la rapidité des dialogues: c’est le mouvement encore qui permet d’échapper à ce que cette cohorte pourrait avoir d’artificiel, de didactique, et lui imprime un élan d’enthousiasme sans angélisme. A la fin, «le travail commence». Pour Célestine qui accouche, et pour tout le monde.



Isabelle Rüf, Le Temps, 18 janvier 2016






Leslie Kaplan : Mathias et la Révolution ou La folle journée




Mathias est un piéton de Paris. Un lundi 20 mai, il arpente les rues d’une ville sous tension, prise dans une forme d’urgence, un Paris post- et pré-révolutionnaire en quelque sorte, gros de révolutions passées (le 20 mai 1795, 1er prairial, le lundi 20 mai 1968) et du rêve d’une nouvelle révolution : « La Révolution n’a jamais lieu une fois pour toute ».


On se souvient de François Cusset et de son si beau A l’abri du déclin du monde (POL, 2012) débutant dans un cri de ralliement « tous à la Madeleine ! », roman bruissant de colères et amertumes, roman de vies prises dans un moment fondateur et cardinal, splendeurs et illusions perdues, échecs aussi, en trois parties comme trois actes d’une pièce de théâtre. A la prose de contenir un temps, d’être ce « Je suis l’époque. Je suis la broyeuse, la malaxeuse. La grande centrifugeuse. Je suis tout ce qui est, et le temps qui le fait être ensemble… ».


Mathias et la Révolution de Leslie Kaplan part, lui, de la Bastille dont la colonne de Juillet serait l’aiguille centrale d’une boussole, un aimant à la fois géographique et temporel. La Bastille ou 1789 dans ce Paris dont tant de statues, de noms de rues et de places rappellent la Révolution française, cet ante laissant espérer et affleurer un à venir.


Mathias est seul en titre, solitaire au début de sa promenade dans Paris pourtant le livre de Leslie Kaplan est un roman choral, polyphonique, une mosaïque, un Millefeuille (POL, 2012) : il est dans une temporalité plurielle : 1789, 68 (celui de Depuis maintenant, Miss Nobody knows, POL, 1996), la révolution américaine, « il y a beaucoup de révolutions dans la Révolution » (p. 97) ; dans un feuilleté de ces moments d’inventions politiques, esthétiques, mathématiques, astronomiques, littéraires qui ont fait basculer nos représentations, « il y a beaucoup de révolutions dans la Révolution » (p. 169) ; dans un accroissement progressif des personnages qui traversent le récit (Ernest, Sibylle, Anaïs, Anna, un académicien qui défend une langue française figée et éternelle — toute ressemblance avec… —, Myriam, Célestine), des êtres qui se croisent et se retrouvent, beaucoup se rassemblant à la toute fin du livre, aux urgences d’un hôpital.


Mathias et la Révolution est un roman choral du fait des conversations, textos, paroles qui le tissent : on dialogue, on échange, on débat, et nombre des phrases prononcées en cachent d’autres, citations masquées dès l’incipit du roman (« le bonheur est une idée neuve en Europe », dit Mathias « à voix haute, très fort même », comme le dit Saint-Just avant lui), sens figurés derrière les sens propres (« le travail commence », en explicit du roman cette fois). Le discours est « détours » dans tous les sens du terme : une marche et avancée, une forme d’excursion qui peut être digression et une manière de détourer la langue, de l’extraire de son sens premier pour déployer connotations, doubles sens et enjeux. Or le langage est au centre de ce livre dans lequel tout est dialogue, avec une temporalité antérieure, avec un avenir à penser, imaginer et construire, avec soi-même, avec ces êtres croisés dans Paris.


« Quand on dit un mot, ça fait exister la chose. Tout le monde le sait mais tout le monde ne le croit pas.
Il y en a trop, des cyniques. Les cyniques ne croient pas aux mots. Ils croient qu’ils peuvent manipuler les mots sans que ça ait un effet sur eux. Ils sont cons. Ils se trompent. »



La langue est politique, de même que la marche, le XVIIIe siècle l’a largement démontré, est avancée, pensées comme des catins (Diderot), rêverie rousseauiste, tableau et rêve s’il en fut jamais (Louis-Sébastien Mercier). Alors Mathias marche dans Paris, pense, se fait chambre d’écho des paroles qui volent et s’échangent, une parole quotidienne, et à travers lui, au miroir de 89, c’est aujourd’hui qui s’expose. En banlieue, des émeutes sans doute, dans un hôpital — « A Gonesse , ou peut-être aux Lilas » — quelqu’un est mort, « un accident, quelque chose de grave », mais la radio, bien sûr, parle d’autre chose.


« On est dans un trou de l’histoire » dit à Mathias un jeune homme sur un banc. Un trou entre un avant et un après. Un moment où tout se vend et s’achète, loi du marché, un monde du colonialisme toujours là, du néolibéralisme et la technocratie, de la compétitivité et du consumérisme, de l’aquabonisme, aussi ; un monde où les Lumières ne sont plus celles de l’Aufklärung mais, en version matérialiste et dérisoire, celles du rayons luminaires du BHV. Pourtant, dans le passé, il a été possible de ruiner un système, de mettre en pièces l’Ancien Régime, de changer de mode de représentation. Comment aujourd’hui, sortir du « trou », du « système du marché » ? Comme en 89, « on est au bout d’un système », il faut réinventer, vivre autrement et « ça ne se fera pas tout seul ». Alors le récit convoque Robespierre, Condorcet, le Hugo de Quatreving-treize et des Misérables, Olympe de Gouges, Beaumarchais et sa folle journée, l’un des modèles de ce roman pièce de théâtre et scène historique (en cinq actes) avec Woyzeck de Büchner, « une pièce extraordinaire, actuelle, sur les rapports de domination, sur la misère et le malheur, sur l’amour ».


Autour de Mathias dont on ne sait pas grand chose (sinon qu’il fut surveillant dans un collège, qu’il aimait Sylvie mais va s’échapper pour Myriam et qu’il se définit comme « chercheur en Révolution »), des comédiens, une avocate, des Américains et des Turcs, des mères de famille, des étudiants et des travailleurs qui sont comme les nuages au dessus de Paris, ils « se cherchent (…), lenteur, vitesse, toutes ces vitesses différentes, une infinité de rythmes partout et en même temps ». Dans le monde de mai, « tout part en morceaux », il n’y a que dans les livres que tout tient ensemble « entre deux couvertures » ; comme dans Mathias et la Révolution qui réussit à dire polyphonies et divergences, espoirs et défaitisme, à être cette décharge de mots, de révoltes dans et par le langage, avec l’espoir de construire quelque chose ensemble. « Comment ne pas croire à la révolution », dit Mathias dès les premières pages du roman, formule paradoxale, sans point d’interrogation, parce que la syntaxe se veut performative, espoir en acte sinon certitude, à la manière du « c’était une affirmation, pas une question » de Mathias à Myriam à la fin du roman.


« On n’a pas encore trouvé la suite ». Comment l’inventer ? manifester peut-être, pour rendre public et donner corps aux voix éparses, dialoguer certainement et écrire pour, comme le dit un poète à la fin du livre, « transformer l’inconnu en ouvert ».


A la fin de la folle journée du lundi 20 mai, chez Leslie Kaplan, ce sera « nuit ouverte ». Comme un écho littéraire aux « nuits debout » de notre quotidien qui rêve de « transformer l’inconnu en ouvert ».


Christine Marcandier, Diacritik, 19 avril 2016.





Mathias et la Révolution



Dans le Paris actuel, sous un soleil de plomb, Mathias marche, indéfiniment.
Quelque chose s’est passé, quelque chose couve, quelque chose va basculer. Un mort dans un hôpital, des émeutes en banlieue, des récits discordants, quelque chose est en marche mais quoi ? Nul ne semble le savoir précisément. Mathias est seul, mais son envoûtante épopée le mène vers milles rencontres, loufoques, drôles, profondes ou tristes Mathias et la Révolution est un irrésistible ballet, dans un Paris prérévolutionnaire qui gronde, un récit polyphonique ou des vies minuscules se heurtent, se confrontent et se joignent Le mouvement comme la parole sont irrépressibles. Libre, cette parole irrigue les rues, les parcs, les bus, les sorties d’écoles, peignant tous les visages de cette révolution protéiforme, comme autant de révolutions personnelles en éveil. Et on parle de grandes choses : de liberté, d’enthousiasme, d’infini, d’égalité, de travail, d’amour, on convoque l’histoire, on en parle sans cesse, sans cadre conforme, avec insouciance ou gravite. Cette parole désordonnée jaillit, déferle, inonde chaque recoin de l’espace public : «Les mots vous parlent, les mots parlent pour vous Comme les fleurs, comme les arbres. Comme les nuages. Parfois à votre place. Parfois les mots sont en avance de vous ».
Et cette effusion de mots donnent au récit un élan exalte, une aspiration poétique, réhabilitant
les rêveurs et les chimères Un vent nouveau souffle et chasse la chape de plomb qui paralyse.
Maintenant, tout n’est que mouvements, questions ouvertes, rencontres. Des jolies filles passent et repassent, légères et sensuelles. Dans cet instant de grâce suspendue, ouvert sur un inconnu ou tout est encore possible, seuls règnent l’impatience du désir et le frémissement des commencements.
Et Mathias, au cœur de la danse, mêle dans un même élan son amour de la révolution, sa passion pour les femmes qu’il rencontre, sa tendresse pour les peuples et pour le monde.



Raphael VENTRE, Témoignage chrétien, juillet 2016.















Et aussi

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Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, Mathias et la Révolution Leslie Kaplan janvier 2016

Son

Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution , Leslie Kaplan invitée de Kathleen Evin France Inter 4/02/2016 Mathias et la Révolution