C’est bien fermé là-haut ? est le récit des deux dernières années de vie du père de l’autrice. La narratrice a appris l’année de ses vingt-quatre ans que ce père n’était pas son père biologique. Elle-même le révèlera à cet homme qui l’ignorait lui aussi. Puis il refusera d’aborder ce sujet, préférant toujours le silence. Trente ans après cette révélation, le père va mourir. Est-il encore temps de s’interroger sur ses origines ? Faire éclater au grand jour la vérité ? Le père n’a jamais admis qu’elle ne soit pas sa fille légitime. Alors qu’elle...
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C’est bien fermé là-haut ? est le récit des deux dernières années de vie du père de l’autrice. La narratrice a appris l’année de ses vingt-quatre ans que ce père n’était pas son père biologique. Elle-même le révèlera à cet homme qui l’ignorait lui aussi. Puis il refusera d’aborder ce sujet, préférant toujours le silence. Trente ans après cette révélation, le père va mourir. Est-il encore temps de s’interroger sur ses origines ? Faire éclater au grand jour la vérité ? Le père n’a jamais admis qu’elle ne soit pas sa fille légitime. Alors qu’elle aurait aimé qu’il ose assumer autrefois aux yeux du monde qu’il n’était pas son père biologique, c’est elle qui va revendiquer le fait d’être vraiment sa fille. Il perd la tête, sa mémoire fout le camp, il ne la reconnait plus. Vertige intérieur pour la narratrice qui avec la maladie du père s’interroge sur l’héritage qu’elle a pu recevoir de l’homme qui l’a élevée, qui lui a donné son nom.
Ce texte est une adresse au père sans être un règlement de compte. Mais un chant d’amour à celui qui disparait de son vivant, à la mère aussi, qui partage sa vie depuis 60 ans, une femme aimante, une aidante qui s’essouffle. Jusqu’à la folie qui surgit dans la maison, avec la maladie d’Alzheimer, et qui fait parfois souhaiter la mort de ceux qu’on aime.
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Lettre au père atteint de la maladie d’Alzheimer
Dans C’est bien fermé là-haut ?, son quatrième livre, l’autrice et comédienne retrace, sous forme d’adresse, les derniers mois de son père rendu dépendant par la perte de mémoire.
On se souvient peut-être d’On est pas là pour disparaître(Verticales, 2007), le roman inventif d’Olivia Rosenthal sur un homme atteint de la maladie d’Alzheimer. Dans son quatrième livre, Jocelyne Desverchère retrace, entre distance et émotion, les derniers mois de la vie de son père, rendu dépendant par la perte rapide de sa mémoire et de ses facultés cognitives. Si le « tu », dans la littérature contemporaine, est souvent un poncif, une manière de ne pas dire « je », l’autrice et comédienne utilise la deuxième personne du singulier comme une véritable adresse à cet homme avec qui elle tente de maintenir un lien coûte que coûte, alors même qu’il ne la reconnaît plus.
Des situations concrètes, souvent triviales et tragiques
Des obsessions sécuritaires du début (C’est bien fermé là-haut ?) au dernier souffle, elle suit la dégradation de son état, ses accès de violence, sonde sa propre culpabilité de ne pas pouvoir être davantage présente au quotidien, témoigne de l’épuisement de sa mère, devenue aidante faute de prise en charge adaptée. L’étrangeté du texte tient en partie au fait que pour la nommer, l’autrice écrit « ta femme », comme si elle n’était pas aussi sa mère.
En s’appuyant sur des situations concrètes, souvent triviales et tragiques, Jocelyne Desverchère restitue le quotidien des patients et de leurs proches confrontées à cette maladie qu’on refuse de nommer tant elle est terrifiante. Jusqu’à atteindre ce qui fait le ciment d’une famille : « Ta mémoire qui s’enfuit, c’est tout un pan de notre histoire commune qui se fait la malle. Se remémorer sans cesse nos souvenirs communs pour solidifier un socle qui s’est brisé avec ta démence qui se répand sur tout notre quotidien. » Avec beaucoup de lucidité, ce petit livre met des mots simples sur une réalité qu’on ne veut pas voir.
Sophie Joubert, L’Humanité, mai 2025
"C’est bien fermé là-haut ? : lorsque la maladie gagne", un article de Valentine Costantini à retrouver sur la page ActuaLitté.