Lorsque le sujet autobiographique domine le fond de quelques petits livres, la biographie d’un auteur y était-elle plus sensible, plus saisissable? Peut-être pas, puisque dès les premiers mots, la littérature est à l’œuvre. Ainsi, on sait que certains traits plus saillants peuvent inspirer un plus grand trouble. Je suis né au Maroc dans un village célèbre pour ses mines de phosphates : Khouribga. Mon père est ingénieur ; il craint beaucoup le soleil des pays chauds. Études primaires, secondaires, puis école des Beaux-Arts. Plus tard, un peu d’architecture. Premiers contacts avec l’encre et le papier. Silence et ennui des ateliers. Je suis « nègre » au trait et à l’équerre. Ma planche à dessin penche du mauvais côté. Heureusement, il y...
voir toute la biographie ↓
Lorsque le sujet autobiographique domine le fond de quelques petits livres, la biographie d’un auteur y était-elle plus sensible, plus saisissable? Peut-être pas, puisque dès les premiers mots, la littérature est à l’œuvre. Ainsi, on sait que certains traits plus saillants peuvent inspirer un plus grand trouble. Je suis né au Maroc dans un village célèbre pour ses mines de phosphates : Khouribga. Mon père est ingénieur ; il craint beaucoup le soleil des pays chauds. Études primaires, secondaires, puis école des Beaux-Arts. Plus tard, un peu d’architecture. Premiers contacts avec l’encre et le papier. Silence et ennui des ateliers. Je suis « nègre » au trait et à l’équerre. Ma planche à dessin penche du mauvais côté. Heureusement, il y a des consolations : Le Corbusier est un grand architecte. Je découvre aussi qu’il est un grand écrivain. Bientôt, le cinéma me sauve et me guérit. J’apprends à voir, à écrire et à parler « Dans la salle obscure. » Quelques livres traversent certains films de la Nouvelle Vague. Exemple : Capitale de la douleur de Paul Éluard dans Alphaville de J.-L. Godard. La littérature suit. Jean Paulhan me tend les bras avec Les Fleurs de Tarbes. Petites chroniques de la NRF. Naissance d’une famille. J’aime aussi le jazz – Ballades -, la peinture également. Mais dans la vie les jeunes filles me sont toujours lointaines. Hirondelles qui volent très haut dans le ciel, dans mes livres et mes rêveries. Mon livre préféré, mon livre bien aimé, mon premier livre, petit, si mince, demeure La beauté du geste réédité chez P.O.L en 1991. Aujourd’hui, je continue à vivre, la plume à la main. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Le bonheur est peut-être pour demain. Avec une hirondelle.