Carmelo Bene est né en 1937 à Campi Salentina, dans les Pouilles. On raconte qu’à l’âge de neuf ans, assistant à une pièce de Pirandello, il commente ainsi ce qu’il voit : « Pourquoi nous racontent-ils leurs histoires privées ? » Une autre phrase célèbre de ce moment de sa vie est : « Si l’acteur fait le personnage, qui fait l’acteur ? » Après une enfance passée dans un collège religieux, où il subit l’enchantement des cérémonies et des rites, déterminant dans son désir de théâtre, il entre, à l’âge de 18 ans, au Conservatoire de Rome où chaque jour, le « maestro » De Liguori lui demande : « Alors, monsieur Bene, qu’allez-vous nous chanter aujourd’hui ? » Il quitte cette académie au...
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Carmelo Bene est né en 1937 à Campi Salentina, dans les Pouilles. On raconte qu’à l’âge de neuf ans, assistant à une pièce de Pirandello, il commente ainsi ce qu’il voit : « Pourquoi nous racontent-ils leurs histoires privées ? » Une autre phrase célèbre de ce moment de sa vie est : « Si l’acteur fait le personnage, qui fait l’acteur ? » Après une enfance passée dans un collège religieux, où il subit l’enchantement des cérémonies et des rites, déterminant dans son désir de théâtre, il entre, à l’âge de 18 ans, au Conservatoire de Rome où chaque jour, le « maestro » De Liguori lui demande : « Alors, monsieur Bene, qu’allez-vous nous chanter aujourd’hui ? » Il quitte cette académie au bout de quelques mois et se lance dans la mise en scène et le jeu d’acteur avec Caligula de Camus (1958). Commence une période de travail à Rome où il investit les caves et crée un espace dont la conception sera reprise dans la capitale par l’ensemble de l’underground théâtral. Ses premières élaborations présentent un récital de poèmes de Maïakovski qu’il rejouera plusieurs fois, jusqu’à la version définitive de 1982 : Quatre manières diverses de mourir en vers, et dont la ligne ouvrira, dans le temps, à la puissante revisitation de Dante, Byron, Gœthe, Leopardi, Hölderlin et Manzoni. Son travail de questionnement théâtral est d’abord inspiré par Marlowe et par Hamlet de Shakespeare, un des événements scéniques où l’acteur démiurge ou artifex s’oppose à l’auteur en un corps à corps constant. Au lieu de réciter, Bene saisit et rend en quelques phrases les éléments essentiels d’un texte, il en bouleverse la rigidité au profit d’une immédiateté et d’une fulgurance où l’espace visuel multiplie les sensations, effaçant la compacité du réseau des significations logiques. À partir de 1967, il quitte le théâtre et tourne Hermitage, Notre-Dame-des-Turcs, Don Juan, Capricci, Salomé et Un Hamlet de moins, des films qui, à des degrés différents, ont marqué son époque ainsi que son théâtre par l’emprunt de « vitesses » proprement cinématographiques. Il revient au théâtre en 1974, en quittant définitivement le cinéma, et donne ses spectacles sur les scènes italiennes les plus importantes, y compris la Scala : il s’attaque aux grands classiques, Shakespeare en premier lieu, dont il va monter successivement Roméo et Juliette (Paris, 1977, en même temps que S.A.D.E.), Richard III, plusieurs versions différentes de Hamlet, Othello, et enfin Macbeth (Paris, 1983), conceptualisant en une nouvelle formule, « ôter de scène », l’impact de ses lectures, et laissant surgir le « spectre » de l’opéra italien comme un des motifs du théâtre italien. Une autre pièce que Bene n’a cessé de présenter est Pinocchio, point de départ d’une reconceptualisation de l’acteur en tant que « machine actoriale » et qui constitue le noyau de nouvelles mises en œuvre comme Lorenzaccio, Le Dîner des dupes, Hamlet suite, Macbeth Horror suite (Paris, 1996), pour aboutir à la série de l’Achilléide-Penthésilée, où est célébré, artaudiennement, la cérémonie funèbre et dérisoire du vide du théâtre. Carmelo Bene est mort à Rome le 16 mars 2002.