— Paul Otchakovsky-Laurens

Oeuvres II

Danielle Collobert

S’il était important de rassembler en un seul volume les livres publiés par Danielle Collobert de son vivant, afin de mettre en lumière la cohérence d’une telle œuvre, il n’était pas moins important d’en donner à connaître la part souterraine. Souterraine mais non pas inférieure : depuis les fragments de Meurtre restés inédits jusqu’aux Cahiers retrouvés après sa mort en passant par les pièces destinées à la mise en ondes, tous les textes réunis dans ce deuxième volume ont été soigneusement conservés par Danielle Collobert, si peu soucieuse pourtant de renommée ou de...

Voir tout le résumé du livre ↓

Consulter les premières pages de l'ouvrage Oeuvres II

Feuilleter ce livre en ligne

 

Traductions

Suède : Faethon Bokförlaget

La presse

Martin Melkonian soutenait à propos de Recherche (Fourbis, 2001), oublié dans le volume II, que l’écriture de Danielle Collobert est plus radicale, c’est-à-dire moins romanesque et moins métaphysique que celle de Samuel Beckett. Oui elle beckette Rimbaud.


[…] L’écriture de Danielle Collobert du début jusqu’à la fin pousse la mémoire des lieux et des corps en avant des mots qui la fixent. Conséquence : les mots ne sont plus que des rythmes spatialisés qui ponctuent un devenir-tiret de la langue. La simplicité de cette écriture tient à son évidence rythmique, le tiret ne ponctue pas, il fait voir la capacité « ponctuante » d’un mot.


[…] Danielle Collobert invente une nouvelle prosodie, l’écriture suit le rythme d’une césure horizontale, mouvement répété, le tiret est une frontière entre le mot et le corps, aussi entretient-il avec le récit des rapports complexes de croisements sur deux rythmes différents. Danielle Collobert est plus radicale que Samuel Beckett, elle avance « au bord de l’écrit » en figurant par des mots des tirets d’une langue « droite si possible ». Elle induit un rythme par la coupure que les tirets imposent, le récit passe dans l’énergie de la ligne, le corps offre à la ligne son timbre, son intensité, sa durée.


[…] Imagination d’un corps et d’une voix pour le lecteur qui n’a jamais rencontré Danielle Collobert, un corps cependant rendu inimaginable par l’écriture : corps sans lieu et qui gravite sans mouvement dans une langue que l’écriture ne cesse d’accuser.


[…] Il y a beaucoup d’émotion dans ce livre dont le titre désigne littéralement la brièveté de cette œuvre dans le temps. Cette nostalgie de jeunes gens à quelque chose d’Ulrich et Agathe où Ulrich jouerait le rôle de Danielle Collobert, femme sans qualité qui reste au plus près d’une écriture dont la rigueur morale consiste à affronter dans l’écriture " la totalité infinie des possibles " (Musil).


Francis Cohen, CCP 11.