— Paul Otchakovsky-Laurens

Qatastrophe

Claude Ollier

Un voyageur franchit à la tombée du soir une frontière qui lui semble assez fantaisiste et se retrouve au pays des Morts. Là ,il parcourera les unes après les autres les étapes d’un itinéraire initiatique bien connu. Chemin faisant, certaines institution de cet Au-delà éveilleront en lui un doute, une déception ou le sentiment d’un échec; plusieurs lui apparaîtront vétustes, ou tombées en désuétude, désertées. Ses erreurs, ses maladresses le feront expulser au bout du compte de ce Purgatoire, puis de ce Paradis manqués. Revenu sur terre, il mendiera son pain en racontant, à qui veut l’entendre, dans une langue inconnue, une...

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La presse

Avec Qatastrophe, Claude Ollier poursuit une écriture commencée par Wanderlust et les Oxycèdres et Préhistoire. Il s’agit, d’une certaine manière, d’une fantaisie sur la mort qui confronte l’écrit à son origine. Pour Qatastrophe, dont l’orthographe, en violant l’étymologie, fait entendre une référence au monde arabe, l’arrière-plan pourrait être Le livre des morts égyptien. Mais, il ne faut pas croire que le livre en soit une réécriture. Au contraire, la fiction qui confronte un voyageur répondant au nom de Qvell au monde des Morts est pleine de surprise : ce monde, ou plus exactement la représentation que le narrateur en donne par le biais de son personnage, est en désuétude. Qvell retourne alors vers notre monde et « recrée par des moyens très simples et sans l’avoir cherché le sentiment de merveilleux qu’il a connu sous d’autres cieux par le jeu de bien plus démonstratifs et terrifiants appareils ». Le statut de notre rapport à l’écriture est ici mis à la question et avec lui sourd une interrogation à la fois amusée et perplexe sur la valeur mythique de la littérature.


Alexis Pelletier, Cahier Critique de Poésie, juin 2005



Que se passe-t-il dans ce roman fantastique au titre savamment arabisé par la dure gutturale initiale ?


Ce n’est pas une histoire de revenant, mais de revenu, sorte de Divine Comédie, dont le Dante, qui s’appelle Qvell, raconte son voyage dans un au-delà plutôt déroutant à mi-chemin entre le désert de la banlieue parisienne et les oasis du Maroc, pays de prédilection de Claude Ollier.


Drôle de Divine Comédie, qui ne manque pas de guides tous masculins, et tous ornés par la même initiale sémitique, mais où Béatrice est absente (à moins que l’on ne veuille l’identifier sous les draps de celui qui s’appelle Qveen) et où il faut toujours descendre. « Arrivant en terre inconnue, pourquoi faut-il descendre toujours, s’étonne-t-il, a lu un livre autrefois où il fallait monter ». (On voit bien que la Comédie de Dante est un modèle de Qatastrophe, même si Dante et Virgile, qui ici s’appelle Qveer, après avoir traversé le centre de la Terre entre les jambes de Lucifer, doivent durement peiner à remonter le courant de la gravitation pour arriver au paradis terrestre - mais toujours dans le sens de la descente préalable).


Grâce à un accident, le vieux scribe Qvell peut pénétrer dans ce paysage, sans pourtant pouvoir accéder au Sanctuaire suprême. Arrivé au seuil de ce dernier, il se voit refoulé et éconduit vers notre terre, où il sera permis de survivre provisoirement comme conteur public de café. Retour donc à l’oralité au niveau de l’histoire, mais compensé par Ollier au niveau de l’écriture [...]


Gerhard Goebel, Lendemains, 2006

Et aussi

Claude Ollier est mort.

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