Volume
Orion Scohy
On pourrait évoquer une sorte de sculpture textuelle clamant sa condition d’objet non fonctionnel et renouant avec les débuts de l’écriture comme inscription du langage dans de la matière inerte. Le fil conducteur est la caresse d’une main sur un corps endormi qui devient peu à peu quelque chose comme le fruit hybride d’un mariage entre un immeuble parisien et une figue de paroles (Perec, Ponge).
Le livre s’ouvre sur un chapitre à visée autobiographique évoquant la question du mythologique prénom de l’auteur et des fantasmes d’écriture que ce mot aurait éveillés en lui depuis toujours. Il continue par l’histoire d’un écrivain raté,...
Voir tout le résumé du livre ↓
On pourrait évoquer une sorte de sculpture textuelle clamant sa condition d’objet non fonctionnel et renouant avec les débuts de l’écriture comme inscription du langage dans de la matière inerte. Le fil conducteur est la caresse d’une main sur un corps endormi qui devient peu à peu quelque chose comme le fruit hybride d’un mariage entre un immeuble parisien et une figue de paroles (Perec, Ponge).
Le livre s’ouvre sur un chapitre à visée autobiographique évoquant la question du mythologique prénom de l’auteur et des fantasmes d’écriture que ce mot aurait éveillés en lui depuis toujours. Il continue par l’histoire d’un écrivain raté, maladroit et indécis qui, à chaque chapitre ou presque, commence un nouveau roman pour l’interrompre aussitôt.
En partant de certains de ses propres textes (d’époques et d’inspirations éclectiques) mis généralement au rebut, puis en en inventant d’autres pour la circonstance, en multipliant les alternances de récits, les pistes, les jeux de miroirs et les variations, en enroulant le fil conducteur décrit plus haut et en disséminant un peu partout l’emblème acronymique de ses initiales, Orion Scohy obtient un résultat cohérent, fidèle à à la structure de départ, et qui est aussi un vibrant hommage à la littérature, à ses illustres représentants comme à ses vilains petits canards bégayeurs, à ses ardents défenseurs comme à ses plus fins démystificateurs.
« Où l’on trouvera notamment un détective (in)variable, une secrétaire mal dans sa basket, un opéra surprise, un miroir suicidaire, des poèmes authentiques, un pigeon malfaisant, un canari furtif, un super-héros hypercollant, des chansons inouïes, un narrateur suspect, un scénario catastrophique, des digressions sur le nom de l’auteur mais aussi toute une théorie de véritables écrivains, pas mal de papier, trop d’encre, des ruines, des riens, une vie.
Mais qu’est-ce ? Plutôt qu’un roman, disons du roman. Démantibulé – genre. De la matière à fiction polymorphe, pervertie avec les moyens du bord. Avertissement : si l’on ne peut prendre le parti d’en rire, mieux vaut reposer cet objet où on l’a trouvé, là où il est le plus susceptible d’accomplir son impérissable œuvre ornementale. Et pour le titre ? Débrouillez-vous. »
Réduire le résumé du livre ↑
Feuilleter ce livre en ligne
La presse
Prix du Jeune Mousquetaire
Le Prix du Jeune Mousquetaire du Premier roman a été attribué le 12 mai 2006 à Orion Scohy, pour Volume, par les élèves du lycée de Nogaro (Gers)
Borboryme Bribe
Un farfelu, mais plein de talent ! D’abord, en dernière page, cet Orion Scohy – nouveau venu parmi les romanciers –, nous donne une information d’importance sur son livre : «État actuel, 64602 mots, 312646 caractères (espaces compris)» À vérifier? Mais il n’y a aucune raison de ne pas croire l’auteur, qui, pendant les 458 pages précédentes, nous trimballe dans différentes histoires de meurtres, de détectives privés où le cocasse est roi. On ne pige pas toujours mais on s’amuse souvent. À ne pas manquer, en particulier, un «Opéra-baise»
D’ailleurs Orion - on n’ignore rien sur les origines de son prénom;– nous précises dans son Orbiter-Scriptum: «Pas de panique, on n’est pas obligé de comprendre quoi que ce soit, il s’agit bien d’une simple suite d’hypothèses. In media res, en route! On peut aussi prononcer ou écrire un tas d’autres mots, mais il n’est dit nulle part que cela soit nécessaire. On bricole, on cherche des justifications qui ne trompent pas, c’est un jeu.» Alors, on joue.
Mine de rien, ce Volume en dit beaucoup sur « les mots de la littérature », sur l’utilité des romans ;faut-il abattre tant d’arbre? Avec une lucide ironie, cet auteur-kamikaze nous prévient N’allez donc point vous fourvoyer en ces ornières sublittéraires, que ce soit par simple curiosité ou pour éprouver la marginalité de vos positions, car cela n’est pas sans danger; vous y perdrez du temps.»
Dans ce «méchant fatras» de la rentrée littéraire, Orion Scohy est sans doute la vigie qui vient dire : attention, n’y a-t-il pas beaucoup de romans qui ne sont que des «glaçons de bruits barbares?»
André Rollin, Le Canard Enchaîné, le 24 août 2005.