— Paul Otchakovsky-Laurens

Zoo

Marie Darrieussecq

Marie Darrieussecq a rassemblé quinze nouvelles publiées ici où là, ou inédites, écrites depuis 20 ans, souvent sur commande, entre deux livres dont elles pourraient aussi, parfois, être des chapitres inattendus. Elles ont en commun son sens du fantastique, son goût pour les sciences pas toujours exactes, son humour, et un art consommé du suspens. Anticipations, rêveries, elles mettent en scène beaucoup d’animaux, mais pas seulement : des humains très spéciaux leur tiennent une compagnie déconcertante.

 

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Traductions

Argentine : El Quenco de Plata | Australie/UK : Text publishing

La presse

Les obsessions d’une entomologiste du genre humain rassemblées dans un recueil de nouvelles.



Quinze nouvelles de Darrieussecq, écrites ses vingt dernières années, toujours pour des commandes (de magazines, de musées, etc.), choisies par Darrieussecq pour ce recueil bien nommé : Zoo. Mères problématiques, métamorphoses, animaux, clones humains, fantômes… Ces nouvelles brassent les obsessions de l’auteur en un bestiaire léger, où son regard d’entomologiste du genre humain s’épanouit avec une grâce comique, souvent plus désinvolte que dans les romans. Dès l’intro, qui se pose comme la réponse éventuelle à la question  : « Qu’est-ce qu’une truie ? », elle livre sa définition du genre : « une nouvelle, ce n’est pas un petit roman. C’est une idée qui vient sur les bords d’un roman, pendant son écriture. Une idée que le roman ne développera pas, parce qu’elle est juste à côté de lui […] » À découvrir, sa première nouvelle, « La Randonneuse » – avec laquelle elle gagne le prix du jeune écrivain en 1988 –, un petit condensé d’angoisse où celle qui a peur, victime potentielle, se mue en meurtrière cynique. À relire, « Simulatrix   , l’excellente nouvelle écrite en 2003 pour Les Inrocks – enfin une écrivaine écrit vraiment sur la sexualité féminine, sans prose ni langue de bois. Et puis la nouveauté : « Juergen, gendre idéal », écrite en 2006 pour le catalogue de l’expo Juergen Teller qui se tient depuis quelques jours à Paris, dans la tentative de chercher « un équivalent-mots de (son travail plastique qui ne soit ni critique ni illustratif ». Où il sera bien sûr davantage question de chats, de mère, de mort, et de fantômes : en court comme en long, pour soi ou commandé par les autres, l’équivalent-mots que trouve Darrieussecq, comme tout vrai écrivain, c’est toujours celui de son univers esthétique personnel.


Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles, 14 mars 2006



Farces et fables de Marie Darrieussecq


Pour une surprise, c’est une bonne surprise, le volume de nouvelles de Marie Darrieussecq. Car ce sont de vraies nouvelles et non pas des fragments de roman ou bien des textes qui démarrent et puis restent en l’air. L’auteur nous apprend, dans une sorte de préface, qu’elles ont été écrites « ces vingt dernières années » : des idées qui se faufilent en marge de ses romans, des obsessions qui la harcelaient. Elle cédait à leur passion, dit-elle, seulement quand il y avait « une commande ». Moi je veux bien croire, mais la commande, ça se provoque aussi. Et en définitif, pourquoi avoir honte d’aimer écrire des nouvelles ?

La Randonneuse, l’une des plus anciennes, n’a pas, elle, été écrite sur commande. Ou alors, c’était la commande du destin. Grâce à cette nouvelle, Marie Darrieussecq a gagné «  le prix du jeune écrivain », en 1988. La maîtrise technique est déjà présente dans ce texte un peu conventionnel mais bien ficelé où la peur de la narratrice mène au crime.
Elle s’est retirée, seule avec chat et chiens, dans un chalet isolé à la campagne. Tempête de neige. Quelqu’un tape à la porte, elle ouvre. Entre une femme plutôt bizarre, avec un regard jaune et fou, qui cherche abri. Des petits détails destinés à faire peur décident la narratrice à proposer à son hôte de la descendre en voiture au village. Après un passage par le bistro, elle rentre toute seule. Sur le bas-côté de la route, elle revoit la créature glissant sur ses skis. Elle accélère. Cette fois-ci elle ne se laisse plus attendrir, elle n’ouvre pas la porte. Le lendemain matin, la tempête a cessé. Elle retrouve le corps de l’autre gisant sous le soleil.



Un gendre efficace


Il y a en tout quinze nouvelles. « Jürgen, gendre idéal » est sans doute l’une des meilleures. Le fantastique s’accompagne d’un sens très subtil du comique. Quand je l’ai lue, je venais de finir le livre Le premier sexe, d’Éric Zemmour, qui essaie avec un brin de mauvaise foi machiste de nous convaincre que l’homme est en cours de féminisation. La narratrice est une photographe de mode qui vit à Londres avec son mari Jürgen. Il est drôle, il s’occupe de leurs enfants avec « efficacité ».
Elle photographie des clowns à poil et n’est pas sure de son art. Jürgen l’encourage à se photographier toute nue. Elle a une vraie passion pour les orifices de son propre corps qu’elle photographie sans relâche. Elle nous parle aussi de sa mère, restée en Allemagne, qui est veuve, et de son père qu’elle n’a jamais connu. Un jour, sa mère lui téléphone, paniquée : son chat a disparu. Elle et Jürgen se rendent en Allemagne, à Munich. On cherche le chat désespérément. Jürgen, lui, est le plus efficace, comme d’habitude. C’est lui qui retrouve le cadavre du chat et sait consoler sa belle-mère qui a l’air complètement séduite pas son gendre. On enterre le chat dans un cimetière pour animaux. Quant à la belle-mère, elle a besoin de se reposer dans une clinique. Quand elle revient chez elle, le chat ressuscite. Le père aussi. Il ressemble à Jürgen.
On apprend, en lisant les petites notes à la fin du volume, que cette nouvelle a été inspirée par les photos de Jürgen Teller qu’on peut voir à la Fondation Cartier. Dans beaucoup de photos, Jürgen Teller se montre nu. Je me fiche de mon apparence, déclare-t-il à la presse.
Marie Darrieussecq raconte sans élever la voix. L’onirique s’infiltre tout naturellement, elle ne nous tire pas par la manche. Sauf dans la dernière nouvelle : une jeune mère qui nous parle de son accouchement et puis de sa maternité nous confie qu’elle trouve les rêves plus vraisemblables que le réel. Ils la harcèlent. Elle les quitte « comme on s’endort », elle les retrouve « comme un pays natal ». Tout en parlant, la narratrice se retire petit à petit de son récit, elle n’a aucun pouvoir sur ce qui se passe autour d’elle, elle devient transparente et finalement invisible aux yeux de ses enfants et de la baby-sitter. Elle continue à parler sans être vue ni entendue.
C’est le rôle de l’écrivain de jouer le dieu caché et celui du lecteur de faire semblant d’y croire.



Ed Pastenague Tageblatt, avril 2006

Agenda

Lundi 22 avril
Marie Darrieussecq au Festival Effractions au Centre Pompidou

Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou,
75004 Paris

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Mardi 23 avril
Marie Darrieussecq à la médiathèque de Bayonne

Médiathèque de Bayonne
1, Place Emile Boeswillwald
64100 Bayonne

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jeudi 25 avril
Marie Darrieussecq à la Fondation Deutsch de la Meurthe (Cité internationale universitaire de Paris)

Fondation Deutsch de la Meurthe (Cité internationale universitaire de Paris)
27C, boulevard Jourdan
75014 Paris
 

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24 mai 19h
Marie Darrieussecq à Sète, librairie l'Echappée belle

Librairie l'échappée belle

7 rue Gambetta

34200 Sète

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Du vendredi 24 au dimanche 26 mai 2024
Neige Sinno, Marie Darrieussecq, Arthur Dreyfus, Ryoko Sekiguchi, Marielle Hubert au Festival Oh Les beaux Jours à Marseille

Le festival Oh les beaux jours ! est produit par l’association
Des livres comme des idées.

3, cours Joseph Thierry
13001 Marseille
France

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Et aussi

Marie Darrieussecq Prix des Prix 2013

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Marie Darrieussecq, Prix Médicis 2013

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Nous sommes Charlie, par Marie Darrieussecq

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