Chambres, jardins, scènes, couloirs, souterrains ou bien le livre, justement. Les lieux, comme estrades, ne sont pas clairement désignés où se manifestent ces productions sur le tempo « grave » d’une femme qui est nue et dont les manifestations dédoublées impliquent que le regard devant lequel elle se met en acte, scrute ses visages, démonte les combinaisons des mouvements accomplis, détaille l’agencement de ses postures. Captation incessante de ces formes du désir, recommencées toujours dans ce qui peut les réfléchir : miroirs des murs, marbres des sols, vitres des fenêtres, polis des sépulcres.
Douze apparitions calmes de nus et leur suite, qu’elles provoquent […] est un texte hanté, traversé d’images de violences données, subies selon un cérémonial tout à la fois obscur et précis, des règles théâtrales bouleversantes. D’entre les mots surgissent des détails qui dissimulent autant qu’ils révèlent de possibles tortures, d’éventuels supplices. Les thèmes développés sont violemment érotiques mais ici la phrase étouffe le cri qui monte, l’absorbe dans le corps même de l’écriture.
Le Figaro, 31 mars 1984