— Paul Otchakovsky-Laurens

Rose-déclic

Dominique Fourcade

Cette Rose offre une possibilité de symbolique générale qui n’impose sa marque à rien mais qui est la marque de tout. Elle ouvre une infinité de canaux par quoi le réel passe, violemment. Tout le réel. La physique et la métaphysique, la pensée et l’action, l’art et la vie, l’espace et le temps, leurs télescopages. Car il s’agit, par l’invention, par la mise en jeu de l’extraordinaire bousculade des possibilités de la langue, de mettre en évidence le tissu poétique du monde.
Dire toutes les choses expérimentées, en créer une nouvelle qui permet la simultanéité des plans du...

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Traductions

USA : Green Integer

La presse

ROSA, ROSAE, ROSERUM


Comment parler poétiquement de la passion? Dans son dernier recueil, Domonique Fourcade délcinera la question à travers le mot, l’objet ROSE, rose de tous les noms dont l’émergence construit un véritable art poétique.


Ces poèmes apparemment épars constituent une véritable suite d’où se dégage un "art poétique" ou mieux dit un "traité poétique de la passion". La passion, c’est-à-dire ce qui nous tient, nous possède et nous constitue, ici ce sera explicitement la passion de la lanque, à partir du nom "rose".


Comment traiter poétiquement sa passion : voilà la question même de la poésie, celle que pose tout poème. Comment y consentir, se laisser diriger par elle sans pour autant la subir, comment lâcher prise sans pour autant céder? En d’autres termes, comment se déploie un poème? Autour de quoi? Quel espace nomme-t-il?


La première et fondamentale condition, c’est le consentement du poète à sa passion, à sa prise dans la lanque afin que s’en explore et s’en invente le lien, lien dont le point d’ancrage en l’objet, ici, a pour nom "rose", la rose, le rose, rose de tous les noms, de toutes les déclinaisons, rose marquée d’une présence qui s’efface et revient. Et à partir de rose, "Rose-déclic" va se déclencher et se déployer le poème. Autour de la rose va s’opérer un travail de découpe qui la détache - ainsi que le poème - et nous l’enlève et nous l’interdit chaque fois.


Chaque texte - cela vaut pour toute oeuvre de poésie - par le tracé de l’acte qui lui donne lieu, produit son rythme propre; ceci à travers les temps autour desquels le poème turne, se retournesur lui-même (ici, peut-être là où la rose se refuse encore...). Il s’agirait d’un mouvement tournant fait d’aller et venue entre le laisser-venir les mots puis la reprise de ceux-ci dans le travail du poème - travail qui serait ici comment dire (que) la rose (qui) ne se laisse pas dire - ceci, ponctué par le temps du lâcher-prise, là où le sens réalisé un instant se défait et recrée alors un sillage ouvert où reviendra itérativement le rose, toujours autrement éclairé. Le rose provoque - autour de son insistance à la déprise - de légers déplacements qui sont la responration du lien qu’ainsi elle nomme et invente.


Un des caractères de ce livre, plutôt que de nous convoquer au lieu du nouage de ces différents temps de l’émergence, serait de nous faire assister à leur démontage, leur déploiement en nous en décrivant les bouleversements successifs? D’ailleurs, vers le milieu du livre, le poète parle du "pivotement" et cela s’accompagne d’un changement de mode du verbe en la personne d’un bel imparfait du subjonctif : "le monde a pivoté sans que je m’y attendisse..." et dans ce même texte par un jeu d’écriture où intervient aussi la grammaire, l’objet, c’est-à-dire la rose, se fait littéralement verbe: "la lumière et l’objet e n t..."; la rose ne devient-elle pas alors pour le poète, ici même "l’absente de tout bouquet", "la rose de personne".


José Lefevrère, Le Matin, décembre 1984