— Paul Otchakovsky-Laurens

Fins de vers

Joseph Julien Guglielmi

Ce livre n’a d’autre histoire que celle de la suite des titres antérieurs, L’Éveil, Le Mais trop blanc, La Préparation des titres, Aube... Il résulte aussi de lectures et principalement d’une performance réalisée avec Serge Renaudie à La Péniche sur le canal Saint-Martin le 19 février 1979.
Marqué d’une obsession, d’une mort inoubliable, d’un sacrifice extérieur, il reste ponctué par le Zen, cette carcasse vide et porté par un rythme, un souffle réguliers, ceux de sa propre lecture mise au point au cours des années. Une aventure de la voix et du livre au-delà, « in the black...

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Traductions

- Traduction de Norma Cole et Michael Palmer, revue o. blèk n°5, USA, 1989.

La presse

Un livre de plaisir


[...] Venu de l’aventure intellectuelle de Change (notamment), il est de ceux qui ont toujours contesté les « légitimités », genre « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », car, justement, son intervention porte sur ce qui se conçoit mal. Toutes ses tentatives ne me concernent pas de la même manière. L’Eveil (Petite sirène EFR) me parle plus que la Préparation des titres. Pourtant, il est clair que toutes sont des lieux de résistance contre l’entreprise de déculturation. Le statut partout réclamé pour une littérature perméable aux apports linguistiques les plus divers, s’oppose à l’éhégmonie du « bon sens », de « l’Americain way of life » qui semble déferler sur la pensée.


Un auteur inervant, énervant, sans des éditeurs tels que POL, on se demande comment il ferait pour survivre face au doigt vengeur qui accuse de « terrorisme ». [...]


Il faut dégager la tentation des vers de 7 et 8 pieds qui conditionne l’ensemble mais ne peut imposer son moule au langage qui se tarit ou, à l’inverse, excède la mesure... [...] Fin de vers est un livre de plaisir, à condition de ne pas y chercher une démonstration, un discours sur. A condition de bien ressentir que le poète écrit avec. Avec d’autres moyens, avec d’autres buts, avec d’autres perceptions. Ce qu’il y a à prendre dans ces élégies ne se saisit pas par une lecture horizontale, de gauche à droite. Il faut laisser monter cette langue comme une odeur ; s’accepter, en tant que lecteur, dans une position de demi-sommeil qui permettra la réceptivité aux enchaînements orchestrés par les pulsions. Il n’y a pas de logique mais des montées de chaleur d’un matériau pétri dans l’amour de l’écriture et l’amour du corps féminin. Il faut...


Il faut accepter un texte sans fin ni commencement, paradoxe qu’explorait déjà Pour commencer, après la mise en exergue de cette phrase de Beckett : « Le plus simple serait de ne pas commencer. Mais je suis boligé de commencer. C’est-à-dire que je suis obligé de continuer... »


Il faut être disponible, du premier vers « Oh j’ai tremblé et pareil » au dernier : « dans le vertige du réveil » à ce quasi-piétinement, cette impossibilité d’avancer qui justifie le ton choisi de l’élégie, l’absence au bout du texte du point final...
Il faut être sensible dans le cadre de la texture générale aux liaisons, aux allitérations lourdes qui viennent entacher la matière, gâcher le travail, mais permettent que rebondissent les « chocs » provoqués par le passage à des langues étrangères via les poètes fréquentés.


Il faut réagir à l’attaque et au final de chaque laisse, au final surtout et savoir que chaque vers est le résultat d’un long processus d’usure, d’immersion dans les fantasmes...


Il faut, tout en étant réceptif à ces diverses manifestations d’écriture, les temps intérieur. C’est un acte amoureux. C’est aussi ce qui motive le divorce permanent entre de telles productions et le public, la critique.


Gérard Noiret, La Quinzaine Littéraire, 1983