— Paul Otchakovsky-Laurens

L’ excès-L’usine

(Première édition : Hachette / P.O.L, 1982)

Leslie Kaplan

L’excès-l’usine montre de face l’usine, le travail à l’usine et le devenir de ceux qui y vivent, leur enfermement dans cet espace immense, dans « la grande usine univers », infini en morceaux. L’usine est vécue au féminin, ce qui rend son impersonnalité d’autant plus impersonnelle (le « je » cède la place au « on ») et le « cela » vécu dans l’usine dépasse, excède tous les mots qui pourraient le décrire, ces mots sont en trop.

 

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Traductions

Allemagne : Manholt | Danemark : Basilisk | Espagne : Bassarai, Arena Libros | États-Unis : Commune Editions | Norvège : Oktober | Pays-Bas : Vleugels | Suède : Modernista | USA : Commune Editions

La presse


L’Excès-l’usine a presque tout de suite cessé d’être un manuscrit, cessé d’être un livre. Dès la première page, il a dit ce qui ne pouvait être dit qu’en nous arrachant au dire. Des mots simples, des phrases courtes, pas de discours, et au contraire la discontinuité d’une langue qui s’interrompt parce qu’elle touche à l’extrémité. C’est peut-être la poésie, c’est peut-être plus que la poésie.

D’autres livres remarquables, ont décrit le travail de l’usine et à l’usine. Mais, ici et dès les premiers mots, nous comprenons que, si en travaillant, nous entrons dans l’usine, nous appartiendrons désormais à l’immensité de l’univers (« la grande usine univers »), qu’il n’y aura jamais plus d’autre monde, qu’il n’y en a jamais eu d’autre : fini le temps, abolie la succession, « les choses existent ensemble, simultanées ». Il n’y a plus de dehors – vous en sortez ? Vous n’en sortez pas. Nuit, jour, c’est sans différence, et, sachez-le, la retraite à 60 ans, la mort à 70 ans ne vous libéreront pas. Le long temps, comme la fulgurance de l’instantané se perdent l’un et l’autre. C’est la « structure » de l’être, de l’être jusque dans sa vacance. C’est peut-être l’il y a. Oui, sachez-le, quoi que vous fassiez, vous faites (« on fait sans arrêt »). C’est l’incessant : l’éternité qui a une fois pour toutes supprimé le bonheur de la fin. Vous êtes les misérables dieux condamnés à une immortalité sans avenir.


Maurice Blanchot, Libération 24 février 1987



Extrait de Usine par Marguerite Duras et Leslie Kaplan (entretien publié en fin de livre)

Marguerite Duras : Je crois qu’on n’a jamais parlé de l’usine comme vous le faites. Elle est complètement autre chose, elle est comme à l’origine d’un autre temps. On la reconnaît. C’est très impressionnant. Comme une donnée commune. Même à tous ceux qui n’ont jamais abordé ça.

Leslie Kaplan : Vous voyez, je crois que ce que vous dites c’est ce que j’ai, d’une certaine façon, moi-même redécouvert en écrivant ce livre. C’est-à-dire que j’ai mis très longtemps à pouvoir mettre des mots sur cette expérience, très très longtemps, il m’a fallu dix ans pour pouvoir dire quelque chose qui n’était pas anecdotique, qui n’était pas misérabiliste. Je crois qu’effectivement, ce que j’ai voulu au départ, c’était écrire l’usine, cet endroit. Pas les actions qui s’y étaient passées, rien d’autre que l’usine, et je crois que c’est en l’écrivant que j’ai trouvé ce que ça avait été.

Vous parlez d’origine, moi je pense aussi à un lieu fou, fou au sens le plus strict du mot, c’est-à-dire un lieu sans repère aucun, un lieu infini, c’est un mot qui m’est venu dans le texte et en y pensant, un lieu où les choses sont contraires, où elles peuvent être et ne pas être exactement en même temps. C’est la découverte de ce lieu complètement, disons déconnecté, enfin un lieu complètement suspendu, où une table est une table et n’est pas une table.

MD : Je crois que fou est le mot. Comment peut-on être là ?

LK : Oui, exactement. Et quand on y est, qu’est-ce qui se passe ?

MD : Il n’y a rien de plus asilaire que ça.

LK : Oui. Absolument. Si ce n’est que l’usine est recouverte de cette espèce de banalité, c’est-à-dire qu’on ne dit jamais ça justement. On ne dit jamais à quel point c’est extrême.


Entretien publié dans Les Outils, P.O.L, 2003.



Grand entretien avec Leslie Kaplan paru dans La Grappe à retrouver en cliquant ici : La Grappe (article du 24 avril 2023).

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Mardi 4 juin 2024
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