Jeanne apprend que Luis a été retrouvé mort sur une plage. Cette disparition, cette absence seront pour elle le commencement d’une quête : comment accepter le vide que laisse cet homme qu’elle n’avait jamais vraiment rencontré. Elle va avancer dans cette recherche, tendue, inquiète, égarée, brisée par une violence longtemps contenue, et, sur son chemin, la révélation de ce qu’elle avait pressenti : cet amour ne lui était pas destiné.
Le cheminement de l’héroïne dans ce qu’on pourrait appeler un espace intérieur donne à ce livre le statut de roman d’analyse. Comportements et sentiments, dans leur invraisemblable complexité, sont finement autopsiés. Un à un, ils cèdent sous le stylo-scalpel. Quant à l’imparfait de l’indicatif, employé d’un bout à l’autre du texte, il apporte la lenteur et l’amplitude qui distinguent une pensée en mouvement. Certes la psychologie est une contrée piégée. Amphigourique ou pesant, on risque d’y sombrer. Mais subtil et pertinent, on ne peut que se l’annexer. C’est ce qu’a réussi Catherine de Richaud.
La Voix du Nord, 14 janvier 1988