— Paul Otchakovsky-Laurens

Elégies pour quelques-uns

Renaud Camus

Les neuf textes qui composent ce petit livre ont été rédigés sur presque une dizaine d’années, à des moments perdus, pourrait-on dire, du moins pour les premiers. Le vide, le regret, le silence et le temps qui passe ont eu tout loisir, dès lors, de s’immiscer entre eux, parmi leurs paragraphes, dans la matière même de leurs phrases, peut-être, et la couleur de leurs mots ; c’est au point que ces proses ne trouvent leur résolution, sur le tard, qu’autour de ce thème, l’absence, dont on dirait qu’elles s’efforcent de constituer, distraitement, une sorte de bref traité, mélancolique, ardent et souriant.

Les Élégies pour...

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La presse

Élégies pour quelques-uns dont la rédaction s’est étalée sur près d’une décennie, a non seulement été écrit en marge des grands projets de Renaud Camus, il profite aussi de l’étonnante diversité de tons et de styles d’un écrivain aussi à l’aise dans la fiction d’avant-garde (avec leur syntaxe toute classique et leur narration complètement brouillée, ses Églogues représentent sans aucun doute la tentative la plus intéressante d’un « dépassement » du Nouveau Roman) que dans l’essai ou l’autobiographie (la façon dont s’y dit l’homosexualité, par exemple, est une véritable machine à penser qui nous libère de tous les stéréotypes empoisonnant le sujet).


La Quinzaine littéraire, 16-31 juillet 1988