L’ Ecrivain Sirieix
Richard Millet
Sirieix, solitaire né en hiver, qui n’aime vraiment « la littérature, l’hiver et les paradoxes », est-il l’écrivain qu’il prétend être ? Et l’œuvre n’existe-t-elle pas seulement dans le rêve qu’il nourrit d’elle, à quoi il soumet sa vie tout entière, rêve prodigieux et dérisoire où il ne cesse de s’inventer ? La lumière qui baigne ce bref récit, écrit dans le respect amoureux de la langue, qui est « l’essence et l’assomption du paysage français », provient tout autant des ciels crus du Limousin qui influent de façon inaliénable sur l’esprit...
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Sirieix, solitaire né en hiver, qui n’aime vraiment « la littérature, l’hiver et les paradoxes », est-il l’écrivain qu’il prétend être ? Et l’œuvre n’existe-t-elle pas seulement dans le rêve qu’il nourrit d’elle, à quoi il soumet sa vie tout entière, rêve prodigieux et dérisoire où il ne cesse de s’inventer ? La lumière qui baigne ce bref récit, écrit dans le respect amoureux de la langue, qui est « l’essence et l’assomption du paysage français », provient tout autant des ciels crus du Limousin qui influent de façon inaliénable sur l’esprit et le corps que de l’éclat sombre d’un personnage qui mêle la morgue à l’humilité, l’imposture à la vérité nue. Avec L’Écrivain Sirieix, Richard Millet poursuit sur le mode romanesque de l’autobiographie, mode qui lui est cher, une réflexion sur l’art et la sainteté qui tend toute son œuvre.
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La presse
Le narrateur est un solitaire. « Je suis né en hiver ». Tout son être retiendra des frimas un lyrisme austère. […] Antipathique, rebelle, ardent et sombre, il nous hérisse et nous fascine. Son nom a la consonance et la pureté de la caillasse aiguë. Notre plaisir ambivalent de lecteur vient de ce que l’auteur et son personnage nous prennent à rebrousse-poil et à contre-courant de tout. […] On se laisse captiver par cet avare du dictionnaire, ce nostalgique de l’ordre du monde et des antiques conquêtes. Il est le rejeton des gloires défuntes, un René qui aurait lu Retz et Pascal et bizarrement un pouce de Genet ! Fin de race, enfoncé comme un glaive tronqué dans le fourreau lumineux de la langue.
Le Figaro, 17 février 1992