— Paul Otchakovsky-Laurens

C’est la fin du monde ce soir

Catherine de Richaud

Une femme trahie, et que la trahison a dépossédée d’elle-même, traverse la nuit.
Elle marche dans la ville, puis s’effondre à même le sol.
Elle rêve de sa vie déchirée, elle plonge au plus obscur d’elle-même.
Si elle survit, si elle va jusqu’au matin et si le jour ensuite l’amène enfin au soir, isolée sur un rocher, brûlée par le soleil, submergée, éblouie, ouverte au monde, elle aura vraiment triomphé de la peur et de la solitude.

 

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La presse

Elle décrit et rend sensible la « matière » du silence, le vide qui peu à peu envahit, s’installe dans le corps de l’amante abandonnée, qui prend corps et consistance dans son esprit, une sorte de calme, une plénitude comme négative, retournée sur elle-même, se sont substitués au chagrin et aux tourments. Découpées comme une litanie, comme les versets d’un chant, les phrases du livre se coulent dans l’espace des sensations physiques, des perceptions : « Autour d’elle il n’y eut plus que le ciel bleu et un univers délavé, comme un reste de monde. » « Le silence était sa peau. » Adossée au mur ou allongée sur un rocher au bord de la mer, elle consent au vide, l’appelle même. Par le rigoureux dénuement de son écriture, Catherine de Richaud parvient à dépasser le discours de la plainte amoureuse. Son livre épuise littéralement l’objet et la matière qu’il se donne. Il vaut pour cela.


Le Monde, 18 septembre 1992