— Paul Otchakovsky-Laurens

Quelqu’un que vous avez déjà vu

Traduit de l’américain par Pierre Martory et Anne Talvaz

John Ashbery

Ce volume comprend des poèmes publiés dans différents recueils, entre 1957 et 1993. Il offre ainsi pour la première fois au lecteur français une vue assez large de l’une des œuvres poétiques majeures de ce siècle, une œuvre en constant devenir, vivante, diverse, nombreuse.

 

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La presse

L’anthologie de Pierre Martory et Anne Talvaz, préparée et traduite avec l’accord du poète, couvre l’ensemble de la production de John Ashbery. Montrant l’extrême diversité d’une œuvre qui refuse le confort des formes convenues, elle répare une injustice.


Le Monde, 5 février 1993


La discrétion n’est pas seulement le trait le plus visible de la personnalité de John Ashbery. Elle caractérise aussi la nature de son regard, et donc de sa poésie. En elle, c’est le monde, dans la multiplicité de ses voix, dans son désordre urbain et moderne, plus que cette personnalité ou le moi de l’auteur qui cherche à s’exprimer. Plus précisément, ce moi est une voix parmi d’autres, brouillée, amplifiée, discutée par d’autres – sans privilège.


Patrick Kéchichian, Le Monde


Un même titre aura servi à désigner le tableau d’un maniériste du Cinquecento et le texte d’un poète postmoderne américain, où ce même tableau est longuement décrit et abondamment commenté, l’autoportrait d’un peintre mort il y a plus de quatre siècles y revenant, s’y re-présentant, soustrait au visible, dans « l’autoportrait » (décroché, décadré, déplacé : métaphorisé) d’un poète d’aujourd’hui.

S’écrire, se décrire, se nommer. Équivoques du réfléchi. Ashbery a buté à son tour sur l’incapacité du sujet à se poser comme tel sans passer par la méditation d’un modèle, d’un miroir où se reconnaître. Son poème multiplie reflets et renvoie jusqu’au vertige. Sans toutefois s’y perdre. L’ekphrasis, la description de l’autoportrait, se replie sur elle-même en une sévère et séduisante méditation sur la ressemblance et la différence, l’identité et la répétition.


La Quinzaine littéraire, 16-28 février 1993