Une courte nouvelle, sorte de prologue, donne le ton du livre, « De nouveau lundi » est l’histoire d’une fillette trouvée dans une poubelle et adoptée par un jeune couple qui cache sous une tendresse « exemplaire » une cruauté digne d’un conte de fées moderne.
Lui succéderont quatre autres textes violents, précis, d’une lucidité terrible et limpide.
La souffrance que Susanna Tamaro nous raconte « de l’intérieur » en donnant la parole à ses personnages, n’est pas immédiatement visible : elle nous montre l’envers du décor, ce qui se cache derrière les apparences de la...
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Une courte nouvelle, sorte de prologue, donne le ton du livre, « De nouveau lundi » est l’histoire d’une fillette trouvée dans une poubelle et adoptée par un jeune couple qui cache sous une tendresse « exemplaire » une cruauté digne d’un conte de fées moderne.
Lui succéderont quatre autres textes violents, précis, d’une lucidité terrible et limpide.
La souffrance que Susanna Tamaro nous raconte « de l’intérieur » en donnant la parole à ses personnages, n’est pas immédiatement visible : elle nous montre l’envers du décor, ce qui se cache derrière les apparences de la respectabilité, la solitude profonde des êtres, les secrets et les drames de leur vie. Enfants, adolescents, vieillards, tous ont en commun une blessure secrète qui les détruit ou qu’ils vont savoir transformer en calme espérance.
Pour voix seule a bouleversé le cinéaste Federico Fellini qui raconte :
« J’étais dans une librairie, il y avait ce livre au beau titre ; tout seul dans un coin, j’ai lu presque entièrement la première nouvelle, debout et en même temps j’oubliais que j’étais en train de lire, ce qui est le signe de la qualité d’un écrivain. »
Confiant, il s’est mis à écouter « cette voix ample et atroce, cette écriture honnête et impeccable : la capacité qu’elle avait d’incarner la souffrance des faibles et des êtres sans défense, de raconter des personnages avec humilité, sans recherche d’effet. J’ai eu envie de connaître celle qui avait su créer un tel concentré de douleur d’injustice de morfification (...) J’ai vu arriver Poil de carotte en mobylette, (...) une petite créature fascinante, innocente, qui m’avait donné la joie de m’émouvoir sans en avoir honte, de la même façon que lorsque j’ai lu Oliver Twist ou certaines pages de L’Amérique de Kafka. »
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AvecPour voix seule, Susanna Tamaro a créé une remarquable chose intermédiaire qui nous donne le canevas de notre histoire afin que devienne compréhensible notre insoutenable ignorance, notre insoutenable séparation d’avec le mauvais en nous. Une chose intermédiaire capable avant tout d’évaluer l’action du temps à la suite d’une explosion conjecturée. […]
Avec [cette] chose intermédiaire, Susanna Tamaro retrouve la grande fonction du roman qui est d’esquisser une issue pour ceux qui n’en ont pas, pour ce qui, en nous, n’en a pas.
La Quinzaine littéraire 1er juillet 1993